Un programme au rythme des commerçants

Un programme au rythme des commerçants

A quelques jours de l’Aïd el-Adha, la hantise de la permanence commence à se faire sentir. Même si les journées du programme du ministère du Commerce sont respectées, les horaires de travail ne le sont pas. Les commerçants instaurent un planning à leur rythme et autres «obligations» familiales.

Rym Nasri – Alger (Le Soir) – La permanence pendant les fêtes de l’Aïd préoccupe toujours les consommateurs. Elle est rarement respectée par les commerçants désignés pour travailler durant ces jours fériés. Nombre d’entre eux ne se conforment pas au programme de permanence des deux jours de l’Aïd mis en place par le ministère du Commerce.

Les Algériens se retrouvent ainsi privés de pain, de lait et autres denrées alimentaires. Cette perturbation en approvisionnement de produits de large consommation se prolonge souvent au-delà des deux jours de l’Aïd. Elle peut aller jusqu’à une semaine.

Pourtant, les contrevenants du programme de ces permanences risquent de sévères sanctions qui vont d’une amende de 10 à 30 millions de centimes jusqu’à la fermeture du commerce. Seulement, ce dispositif ne semble pas dissuader beaucoup de commerçants qui choisissent de ne pas assurer leur permanence.

Cette année, l’Aïd el-Adha coïncide avec le mois d’août où la plupart des commerçants sont déjà partis en congé annuel. Le non respect de la permanence de l’Aïd se fera certainement ressentir davantage. La fermeture des boulangeries est généralement celle qui pénalise énormément les citoyens qui galèrent pour trouver la baguette de pain.

A Sidi M’hamed à Alger-Centre, plusieurs boulangeries ont baissé rideau pour un mois de vacances. Les quelques-unes qui travaillent encore tournent sans répit depuis maintenant deux semaines. Durant les deux jours de l’Aïd, elles feront face à la demande des habitants des alentours mais aussi des quartiers voisins.

L’unique boulangerie du quartier appelé «Les Groupes» travaille sans relâche depuis des mois. Aujourd’hui, elle est appelée à assurer la permanence durant cet Aïd. «Même si nos quatre ouvriers partent passer l’Aïd chez eux à Jijel, notre boulangerie est obligée d’assurer la permanence durant les deux jours de l’Aïd. C’est à mon frère et à moi de le faire», affirme l’un des gérants.

Selon lui, le nombre de fournées sera par contre réduit car, explique-t-il, «la demande sera moindre en raison des pizzerias qui seront fermées».

A chacun son rythme

Un peu plus loin, rue Mohamed-Belouizdad, l’une des quelques boulangeries de cette rue est justement désignée pour assurer la permanence durant l’Aïd el-Adha. Les vendeurs semblent ne pas trop apprécier l’idée. «Nous ne savons pas pour l’instant comment ça va se passer. Est-ce que nous allons travailler les deux jours entiers ou bien nous allons nous contenter d’écouler le pain préparé et rentrer en fin de matinée ?», dira l’un des vendeurs.

La pâtisserie et viennoiserie de la rue Mada à Sidi M’hamed est, elle aussi, concernée par le programme de la permanence.

Selon son gérant, le magasin sera ouvert comme à l’accoutumée, le premier jour de l’Aïd et ne travaillera que la mi-journée le deuxième jour. «Juste le temps de vendre ce qui reste puisque seuls les vendeurs travailleront», souligne-t-il.

Juste après cette permanence, la pâtisserie envisage justement de fermer pendant dix jours. «C’est une récupération», ajoute le patron.

Dans la même rue, nombre d’épiceries assureront la permanence de l’Aïd el-Adha. Seulement, elles le feront à leur rythme. «Je ne peux pas rester ouvert toute la journée. Moi aussi, j’ai un mouton à sacrifier ! », dira l’un des gérants d’une supérette.

Après les nombreux appels aux commerçants pour assurer la permanence durant les deux jours de l’Aïd el-Adha, les autorités publiques ont opté cette année pour une campagne de sensibilisation. Initiée par la Direction du commerce de la wilaya d’Alger, cette campagne exhorte les concernés à respecter le programme de permanence durant ces deux jours ainsi que la semaine d’après.

Ry. N.