L’Etat a enfin pris conscience des enjeux futurs des énergies renouvelables. Le développement des énergies renouvelables ne répond pas seulement à un enjeu environnemental, mais correspond à un besoin de diversification des sources d’énergies.
Le Conseil ministériel retreint présidé lundi par le président Abdelaziz Bouteflika et consacré exclusivement à la politique nationale du gaz fait du développement des énergies renouvelables un enjeu du futur énergétique de l’Algérie. L’Algérie connaît en effet un retard certain par rapport à d’autres pays du pourtour méditerranéen pour ce type d’énergies. D’où les espoirs placés dans le programme en le plaçant au rang de « priorité nationale ». Les sources d’énergies renouvelables constituent un volet important des bilans énergétiques du futur, à la fois pour des raisons de sécurité d’approvisionnement, de sécurité environnementale et de développement local.
Le programme national actualisé de développement des énergies renouvelables prévoit une production d’ici 2030 de 22 000 MW d’électricité de source renouvelable, notamment solaire et éolienne, destinée au marché intérieur, en plus de 10 000 MW supplémentaires à exporter. Ce qui correspond à 27% de la production globale d’électricité d’ici 2030 et au double de la capacité actuelle du parc national de production d’électricité.
En conséquence, il en résultera, à l’horizon 2030, un déploiement à plus grande échelle du photovoltaïque et de l’éolien accompagnés, à moyen terme, de la production d’énergie à partir du solaire thermique, ainsi que de l’intégration de la cogénération, de la biomasse et de la géothermie, selon des projections officielles.
Grâce à ce programme, il est prévu de réaliser une économie de près de 300 milliards de m3 de gaz sur la période allant de 2021 à 2030, qui seront orientés vers l’exportation et rapporteront à l’Etat d’importants revenus supplémentaires.
Des investissements de l’ordre de 120 milliards de dollars sont nécessaires pour atteindre cet objectif à même de générer jusqu’à 300 000 postes d’emplois directs et indirects à la faveur de la mise en œuvre de ce programme. En 2015, 14 centrales électriques photovoltaïques totalisant une capacité installée de 268 mégawatts (MW) ont été mises en service dans les Hauts Plateaux et le sud du pays, pour un coût global de 70 milliards de DA, alors que chacune de ces centrales a permis de créer au moins 250 emplois.
Elles s’ajoutent ainsi à l’unité hybride de Hassi Rmel (150 MW), mise en service en 2011, et à la ferme éolienne d’Adrar (10 MW) ainsi qu’à la centrale solaire expérimentale de Ghardaïa (1,1 MW). Les pouvoirs publics se sont fixé l’objectif de réaliser un gain financier de 42 milliards de dollars à l’horizon 2030 avec une réduction de 9% de la consommation d’énergie à la faveur de la mise en œuvre du programme national de développement de l’efficacité énergétique.
De même, la mise en œuvre de ce programme conduira, notamment, à l’isolation thermique de 100 000 logements par an ainsi qu’à la conversion au GPL de plus d’un million de véhicules particuliers et de plus de 20 000 autobus, en même temps que seront créés plus de 180 000 emplois.
L’Algérie possède trois atouts majeurs pour développer son programme : l’éolien, le solaire photovoltaïque et l’hydrogène. L’éolien offre deux grands avantages, puisqu’il est totalement propre et renouvelable. Lors de son exploitation, il n’entraîne aucun rejet (pas d’effet de serre ou de pluies acides) et aucun déchet. Par ailleurs, le site d’implantation des éoliennes reste toujours exploitable, pour l’agriculture par exemple.
Le solaire photovoltaïque a l’avantage des cellules photovoltaïques ; il réside dans la transformation directe de l’énergie solaire en électricité, qui le rend utilisable notamment dans les pays en voie de développement qui ne disposent pas de réseau électrique important. Enfin, l’hydrogène produit à partir d’hydrocarbures est un vecteur énergétique qui transporte l’énergie comme le fait l’électricité. Rappelons que l’hydrogène est produit à partir d’hydrocarbures et par le « reformage » du gaz naturel et du pétrole. Son principal avantage est de n’émettre aucun gaz polluant.