Le siège du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
L’affaire fait le buzz sur le Net et les instances suprêmes de la recherche scientifique se mobilisent pour diligenter une enquête.
La compétence du professeur Hafid Aourag, directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique au ministère de l’Enseignement supérieur, est sérieusement mise à mal. Ce cadre supérieur est accusé de plagiat intégral d’un texte du ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Comble de l’ironie, le texte en question coïncide avec le thème débattu à l’occasion d’un colloque national sur… Le plagiat. Alors qu’il est au centre de ce scandale peu ordinaire, M.Aouragh nie les faits qui lui sont reprochés. L’acte que son auteur nie absolument, constitue néanmoins, un réel préjudice pour l’auguste institution algérienne chargée de la recherche scientifique, du moment qu’il met sérieusement à mal la crédibilité des cols blancs qui chapeautent la destinée de l’activité scientifique dans notre pays.
Dans une réaction rendue publique, hier sur un site électronique, M.Aouragh dément: «Ce ne sont pas mes propos. Je n’étais pas au courant de l’existence de cet écrit. Des gens qui cherchent à me nuire sont certainement derrière.» Avant de poursuivre: «J’ai déposé ma démission et j’ai décidé de fermer le site internet, en attendant de prendre son contrôle.» Des déclarations on ne peut plus contradictoires. Car, du moment où l’auteur du prétendu plagiat dément et fait état de complot, pourquoi ne dépose-t-il pas plainte contre X, au lieu de déposer sa démission. Cette dernière attitude ne s’apparente-t-elle pas à un aveu de la part de M.Aouragh?
Au Cnes (Conseil national des enseignants du supérieur), c’est le branle-bas de combat, cette organisation coordonne avec ses instances régionales afin d’élaborer un pronunciamiento commun à propos de cette affaire aux relents de scandale. M.Rahmani du Cnes fait part de l’intention de diligenter une enquête afin de cerner les contours de cette affaire. Nos tentatives de joindre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique se sont révélées vaines, hier, alors que nous avons tenté de joindre les responsables du Mesr en vue d’obtenir quelques éclaircissements sur le sujet de la controverse. A l’origine, il y a quelques mois de cela, pour rédiger un texte officiellement intitulé «La Programmation de la recherche: concilier stratégie nationale et ambition des chercheurs», le professeur Aourag n’a pas mis de gants pour littéralement copier un document du ministère français, à savoir «Stratégie nationale de recherche et d’innovation 2009». Il a même eu le chic jusqu’à reprendre textuellement la préface du document rédigée par l’ancienne ministre française Valérie Pécresse. La faute est donc bien là. Surtout que différents spécialistes définissent le plagiat comme suit: copier (même partiellement) quelque chose, sans faire référence à la source. Il en découle un vol de propriété intellectuelle. L’acte en lui-même entraîne inéluctablement une faiblesse, voire une absence de réflexion de la part du rédacteur plagiaire. Il s’agit donc d’une action souvent volontaire, parfois involontaire, qui s’avère dans tous les cas malsaine et nuisible. En somme, le plagiat consiste à faire passer pour siens les mots ou les idées de quelqu’un d’autre. Le plagiat demeure une pratique et un acte répressible pénalement et moralement, notamment par la récente réglementation algérienne sur les thèses et autres dossiers de recherche. Jugeons plutôt du travail!
«Ma conviction est simple: la recherche et l’innovation ne constituent pas des solutions d’avenir parmi d’autres. Ce sont les principaux, je dirais même les seuls outils dont nos sociétés disposent pour construire le monde de demain: c’est donc sur la recherche et l’innovation que nous concentrerons nos efforts, c’est autour d’elles que la nation doit se rassembler et s’investir. Pour que le progrès scientifique ne soit pas séparé du progrès social, il faut que les découvertes fondamentales soient transformées en innovations technologiques ou appliquées. Mais cela ne suffit pas, il faut également que la société soit prête à accueillir le progrès scientifique et technique et qu’un dialogue permanent s’instaure dans la société, entre les citoyens et les scientifiques» dixit le professeur algérien. «Ma conviction, partagée par l’ensemble du Gouvernement, est donc simple: la recherche et l’innovation ne sont pas des solutions d’avenir parmi d’autres. Ce sont les principaux et même parfois les seuls outils dont nos sociétés disposent pour construire le monde de demain: c’est donc sur la recherche et l’innovation que nous devons compter, c’est autour d’elles que la nation doit se rassembler. Pour que le progrès scientifique ne soit pas séparé du progrès social, il faut en effet que les découvertes fondamentales soient transformées en innovations technologiques ou appliquées. Mais cela ne suffit pas: il faut également que la société soit prête à accueillir le progrès scientifique et technique et qu’un dialogue permanent s’instaure entre les citoyens et les scientifiques», s’exprimait la ministre française dans sa préface.