La justice italienne met désormais Chakib Khelil dans le viseur
L’enquête de la justice italienne va jeter la lumière sur les zones d’ombre.
L’implication de l’ancien ministre de l’Energie et des Mines dans les scandales de Sonatrach se confirme au fil des jours. Malgré les démentis, la justice italienne met désormais Chakib Khelil dans le viseur. Cette fois-ci ce n’est pas une rumeur. Son nom est cité, pour la première fois, dans l’affaire des pots-de-vin de Saipem qui sera jugée par la justice milanaise le 13 mai prochain. L’ancien ministre de l’Énergie est soupçonné d’être le principal bénéficiaire de ce réseau de «corruption internationale». Selon un article publié hier par le journal, La Repubblica, le nom de l’ancien ministre de l’Energie, en fuite aux Etats-Unis, est mentionné dans l’arrêt de renvoi comme celui qui a reçu les pots-de-vin de Saipem, évalués à 198 millions d’euros.
En plus de Chakib Khelil, sept autres personnes, dont l’ancien numéro un de Saipem, Paolo Scaroni, sont concernées. Le procès concerne également des responsables de l’ENI, le géant pétrolier italien. Le groupe ENI et sa filiale Saipem sont également concernés par le procès, en vertu de la loi 231 de 2001 qui prévoit la responsabilité administrative des entreprises pour des crimes commis par leurs gestionnaires. Selon la même source, les pots-de-vin ont été versés par Saipem à l’ancien ministre de l’Energie et son entourage, dont Farid Bedjaoui, pour l’obtention de sept contrats pétroliers d’une valeur globale de 8 milliards d’euros. L’enquête, qui a duré plusieurs années, a permis la vérification de la véracité des faits à travers des commissions rogatoires envoyées au Liban, en Algérie, en Suisse, au Luxembourg et à Hong-Kong.

Les enquêteurs produisent plusieurs preuves matérielles contre les mis en cause dont des communications téléphoniques entre Chakib Khelil et le patron de l’ENI. La justice milanaise va, sans doute, creuser l’affaire dans le fond. Le procès qui s’ouvrira dans deux mois promet des révélations en cascade sur un scandale qui a pris une dimension internationale. L’enquête de la justice italienne va jeter la lumière sur les zones d’ombre, au risque de choquer l’opinion publique. Comme elle va compléter l’affaire Sonatrach 1 dont le procès est prévu pour le 15 mars en cours par le tribunal criminel d’Alger. La dernière sortie de l’ex-P-DG de la compagnie pétrolière a mis à nu la partie apparente de l’iceberg. «Nous sommes victimes d’un règlement de comptes», avait déclaré Mohammed Méziane à El-Watan.
Le principal accusé dans l’affaire a avoué: «Nous avons fait les frais d’une lutte d’intérêts à un très haut niveau. Les enjeux peuvent être autant politiques que financiers.»
M.Méziane estime que «des choses auraient pu se passer à un haut niveau» sans qu’il en soit informé.
L’affaire Sonatrach 1 concerne, quant à elle, 19 prévenus. Parmi les prévenus, sont également poursuivies quatre compagnies étrangères et la chambre d’accusation a retenu deux chefs d’inculpation contre trois d’entre elles, à savoir Saipem, Contel Algérie et Funkwerk poursuivies en tant que personnes morales et inculpées pour «corruption, augmentation injustifiée des prix en vue de bénéficier d’indus avantages».
Les autres prévenus dans cette affaire (7 sous les verrous et 12 en liberté) sont inculpés pour association de malfaiteurs, passation illégale de marchés et corruption. Or cette affaire ne représente que des miettes devant le scandale Sonatrach II qui a vu des détournements à coups de milliards de dollars.