Un pirate algérien en fuite en France ?

Un pirate algérien en fuite en France ?

Qui se cache derrière le pirate informatique de Maghnia ? Après la Tunisie et la Belgique, un pirate algérien se cacherait en France. Voilà une histoire qui nous a fait tendre les deux oreilles, chez ZATAZ.COM.

Le journal algérien El Watan revient sur les « aventures » d’un mystérieux pirate informatique. Le jeune homme, d’une trentaine d’années, se baladerait depuis quelques mois, entre la Tunisie, le Maroc, la Belgique et la France. Son histoire débute quelques mois avant la coupe du monde de football 2010. L’informaticien aurait participé à des attaques informatiques [octobre 2009] alors que l’Égypte et l’Algérie se disputent [1], sur le terrain et le web, une qualification pour la coupe du monde de football [2] [3]. Un pirate algérien qui aurait été approché par le Mossad, les services secrets Israéliens. Il faut dire aussi que les piratages de la présidence et du Ministère de la Defence Égyptiens, ainsi que du journal El Ahramat ont eu de quoi attirer les regards. Parmi les autres forfaits numériques du jeune homme, plusieurs sites Israéliens [5].

Le quotidien algérien s’est-il fait manipuler ? L’aventure abracadabrantesque racontée vaut les scenarii des films SwordFish ou Hackers ! L’internaute « hacker » se serait baladé du Maroc à la Tunisie, en passant par la Belgique, pour finir sa route, à Lille et Paris alors qu’il ne connaissait pas les méthodes pour cracker un mot de passe au format MD5 quelques mois auparavant [4]. « J’ai fait un saut à Oujda (Maroc oriental), à 14 km de chez moi, et à partir d’un cybercafé, je suis entré en contact online avec eux. On m’a envoyé un logiciel à test (overflow). 12 heures plus tard, ma mission a été jugée concluante. Très satisfaits, mes nouveaux employeurs m’envoyèrent 5 000 dollars. » Par eux, le pirate explique avoir rencontré des inconnus qui lui ont été présentés par une société de sécurité informatique américaine, Effensive security. [L’orthographe est-elle bonne ? El Watan parle d’Effensive security. Un nom très proche d’une véritable entité américaine du nom de Offensive Security].

Toujours d’après El Watan, le jeune homme a été invité à se rendre en Tunisie, pour d’autres tests. « Après un séjour de 28 jours en Tunisie, ils m’ont proposé de rentrer au pays et de déposer un dossier de demande de visa au niveau du consulat de Belgique à Alger. » Le hacker aurait alors touché plus de 15.000 euros (18 millions de centimes de dirham) pour ses différents tests et intrusions.

Mi janvier 2010, le pirate informatique dit s’être retrouvé sur le sol Belge, dans un grand hôtel de la capitale Flamande. « On m’a demandé de pirater les serveurs d’institutions étatiques du pays d’accueil. J’ai senti que je n’avais pas à faire… à des hommes d’affaires. J’ai eu peur. Le lendemain, j’ai pris discrètement attache avec notre consulat, d’autant que je n’avais plus mon passeport algérien. » Piratage de sites Belges, Français, auraient été le programme des commandes faites par les « inconus ». Le jeune pirate se sauve, rejoint Lille dans le Nord de la France et se fait arrêter à l’aéroport de Lesquin « Apparemment, ma réputation m’avait précédé : mes anciens employeurs, qui avaient une couverture de chefs d’entreprise et à qui j’ai faussé compagnie, avaient porté plainte contre moi pour escroquerie. Bizarre, ils m’avaient, pourtant, payé pour des travaux effectués en qualité de conseiller comme le prouvent les virements effectués sur mon compte en Suisse. (…) au lieu de me mettre en prison ou de me traduire devant un tribunal, on me relâcha sous conditions : je devais collaborer. » Nouvelle fuite pour le e.corsaire. Quelques temps à Paris, puis ailleurs. « Ce qui est sûr, c’est que je n’ai jamais trahi mon pays et je ne le ferai jamais. Je ne suis plus en sécurité, je veux rentrer dans mon pays…»

Voilà donc une étonnante histoire. D’autant plus qu’il est possible de retrouver des traces de ce « pirate » en juillet 2010, sur les sites israéliens Secure4u ou encore Benishay, sans parler de diverses messages sur des forums [wo7och-dz : the conqueror ; devil-crew ; algerian-hacjers-defacers ou encore Algeria Security Spy Team]. Le 1e juin 2010, sur un forum Pro Palestinien, il proposait une liste d’une cinquantaine de sites, banques et universités israeliens à pirater [6].

Un « hacker » en fuite, mais qui continue de pirater des sites web, comme un défaceur [taggeur de sites Internet, NDR]. Le 28 décembre dernier, par exemple : usavisawinner.com ; dabarera.com ou encore, les 16 et 17 novembre, le portail Français Class’Croute. Dans les deux premier cas, le pirate algérien réclamait la « liberté » pour Julain Assange, le fondateur de Wikileaks. Le piratage du Portail Français avait pour mission d’insulter les Marocains et les Égyptiens. A noter que l’hymne national Algérien saupoudre l’ensemble de ces défaçages [7].

Bref, qui se cache derrière le pirate informatique interviewé par El Watam ? Un pirate capable d’avoir un compte en Suisse, mais pas la possibilité de rentrer dans son pays. Capable de disparaitre à la vue et à la barbe des services secrets Israéliens, Belges, Français, de ne plus avoir de passeport, mais espérer prendre l’avion pour l’Algérie à partir de territoire Français. De quoi vit-il, en France, depuis juillet 2010 ? Et pourquoi continuer à pirater des sites web ? Vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre !