La rentrée scolaire 2011/2012 s’est singularisée par la fermeture de pas moins de 46 écoles primaires pour «manque d’effectifs».
«Ce manque d’élèves scolarisables, accusé notamment en zones rurales, s’explique par l’exode rural et la baisse de natalité», a indiqué le directeur de l’éducation de la wilaya de Tizi Ouzou, Noureddine Khelladi, lors d’une conférence de presse consacrée à l’évaluation de la rentrée scolaire.
Il a relevé également l’existence de «divisions pédagogiques fonctionnant, pour la même cause, avec un effectif de 11 élèves seulement comme c’est le cas, à titre d’illustration, à l’école primaire Boumessaoud d’Azeffoun, alors qu’une autre école du village Tinkicht à Azazga ne compte que 9 élèves».
Sur ce nombre d’écoles primaires fermées, 13 sont localisées dans la daïra d’Azeffoun, 6 à Bouzguène et 2 à Béni Yenni, au moment où le reste est ventilé sur des zones éparses enclavées de la wilaya. En matière d’encadrement pédagogique, la wilaya compte, cette année, un «surnombre» d’enseignants de l’ordre de 120 postes pour le primaire, 50 pour le moyen et 60 pour le secondaire. Ces derniers sont versés dans l’enseignement informatique, alors que le surplus d’enseignants du primaire est employé à titre de suppléants, a ajouté M. Khelladi. Le secteur de l’Education de la wilaya de Tizi Ouzou dispose de 13 526 enseignants, soit 5 802 au primaire, 4 969 au moyen et 2 755 au secondaire selon les statistiques de la même source qui assure la titularisation de l’ensemble des enseignants contractuels dans leur poste d’origine, au nombre de 9 602. «La rentrée s’est effectuée cette année dans de bonnes conditions», a souligné le directeur de l’Education, qui a tenu cependant à faire cas de «l’insuffisance» de laboratoires informatiques accusée par les établissements du cycle moyen, dont seuls 33 sont équipés sur les 172 CEM existants. La Kabylie est en train de vivre un phénomène inédit : peu à peu, elle se vide de ses habitants. Des écoles se retrouvent ainsi fermées faute d’élèves. Une situation qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs et qui ne manque pas d’avoir des conséquences sur le mode de vie dans la région et les rapports sociologiques. Mariages tardifs, planification familiale, la Kabylie est l’une des régions du pays les plus touchées par le phénomène de la baisse de natalité. La prise de conscience du phénomène de dénatalité en Kabylie a commencé en 2000 avec la fermeture d’écoles primaires faute d’élèves.
Des villages n’offrent plus aux établissements scolaires les 10 élèves nécessaires pour l’ouverture d’une classe dans une école. A cela s’ajoutent l’exode rural et l’émigration qui ont réduit la concentration des populations dans les villages. L’une des localités les plus touchées est Ath Yenni.
La région n’offrant plus à ses enfants une vie décente (accès à l’emploi et au logement notamment), ils préfèrent tenter leur chance dans d’autres villes du pays ou à l’étranger, et la France est la principale destination des habitants d’une région qui a une longue histoire avec l’émigration, jadis réservée aux hommes.
Mais depuis quelques années, les femmes quittent aussi le pays. Ceux qui y restent tardent à fonder une famille faute de moyens ou parce que nourrissant l’espoir de partir un jour.
M.D