Un père et ses 2 filles jugés pour détournement de fonds de congés maladie

Un père et ses 2 filles jugés pour détournement de fonds de congés maladie
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Le procureur près le tribunal correctionnel de Collo a requis une peine de sept ans de prison ferme à l’encontre de K.M, âgée de 33 ans, cheffe du service du budget à l’hôpital Abdelkader Nattour, et cinq ans à l’encontre de son père « F.M », âgé de 59 ans, trésorier à la perception des impôts intercommunale, ainsi que sa sœur cadette âgée de 24 ans. Ils sont poursuivis pour détournement de fonds publics et pour destruction de documents administratifs importants. Une affaire qui a profondément secoué les habitants de la ville de Collo et les professionnels du secteur de la santé dans la wilaya de Skikda.

Les faits remontent à janvier 2025, date à laquelle la brigade économique et financière de la police judiciaire a ouvert une enquête sur le transfert illégal des indemnités de congé maladie des employés de l’hôpital vers les comptes bancaires de K.M. et de sa sœur F.M. Le montant détourné dépasserait un milliard de centimes (plus de 10 millions de dinars).

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Lors de l’audience, la principale accusée a déclaré avoir agi sous la contrainte d’un «groupe» et a accusé un collègue de bureau d’avoir effectué les virements sur son compte avant d’exiger une part des fonds sous menace. Elle a affirmé avoir alerté l’ancien directeur de ces abus et demandé à être mutée dans un autre service, en vain.

Son collègue de bureau, cité comme témoin, a rejeté ces accusations. En effet, il a assuré qu’elle (la principale accusée) cherchait à se venger car elle croyait qu’il avait déposé plainte contre elle. Il a expliqué que la cheffe de service est la seule habilitée légalement pour superviser les opérations financières de bout en bout. C’est lui, selon ses dires, qui a découvert les malversations dès mai 2023 en demandant à un agent d’Algérie Poste, « K.W », un relevé de compte de « K.M », en se faisant passer pour son époux. Il a constaté plusieurs virements totalisant plus de 6 millions de dinars.

Il a alors confronté K.M. en lui demandant de restituer l’argent, sans quoi il la dénoncerait. Elle aurait promis de le faire, mais aurait continué les détournements jusqu’en août 2024. Interrogé par le parquet sur son silence pendant sept mois, il a répondu qu’il voulait lui laisser une chance de régulariser la situation sans conséquences graves, car elle était sa collègue.

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Implications et défense

Quant à la sœur de la principale accusée, « F.M », chez qui un montant de plus de 400 millions de centimes a été retrouvé, elle a affirmé qu’elle ignorait que ces fonds étaient versés sur son compte. Elle n’aurait jamais consulté les notifications de transactions envoyées par la poste. Les investigations menées pendant six mois ont confirmé ses propos selon lesquels la carte de retrait et le carnet postal étaient détenus par sa sœur.

Le père des deux accusées, F.M., également soupçonné de complicité en raison de son poste de trésorier et de son rôle dans le contrôle des fiches de paie, a nié toute implication. Il a précisé que son travail se limitait à vérifier la correspondance entre le montant global et les fiches, et que d’autres agents à la trésorerie vérifiaient aussi les documents. Il a expliqué que le CD joint aux fiches de paie, qui contenait toutes les informations, n’avait pas pu être utilisé faute de logiciel adéquat. Le concerné avait bien adressé une demande à la direction générale des Impôts pour obtenir le programme, mais il n’a pas reçu de suite.

Son avocat a appuyé cette défense. Il a affirmé que le père n’était pas au courant des actes de sa fille, et que son intégrité était reconnue par tous. Une commission d’audit financier avait d’ailleurs passé en revue toutes les opérations depuis sa prise de fonction sans relever la moindre erreur ou irrégularité. Mieux, il a été promu, bien qu’en détention provisoire depuis sept mois, et sans suspension de ses fonctions.

Les quatre avocats de la défense ont centré leurs interventions sur la responsabilité de l’ancien directeur “N.K.”. Ils se sont demandés comment ces détournements ont pu passer inaperçus. Le parquet a rappelé la gravité économique, sociale et professionnelle des faits, allant de la trahison de confiance, au détournement, en passant par l’escroquerie, et a requis les peines susmentionnées. Le verdict a été mis en délibéré au 7 juillet prochain.

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