Le trafic aérien a été suspendu jeudi sur une grande partie de l’Europe du Nord et de l’Ouest en raison d’un nuage de cendres qui s’est formé après l’éruption la veille d’un volcan en Islande.
L’agence européenne de contrôle aérien Eurocontrol a déclaré que les perturbations pourraient se prolonger pendant 48 heures et conduire à la fermeture des espaces aériens français et allemand, après ceux des îles britanniques, de la Scandinavie et du Benelux.
Le nuage présent dans l’atmosphère, long de six à onze kilomètres, s’est déplacé durant la nuit vers le sud-est, entraînant l’annulation de tous les vols jusqu’à 05h00 GMT vendredi dans l’espace aérien britannique, hors cas d’urgence.
L’espace aérien a aussi été fermé en Norvège, en Finlande, dans le nord et l’ouest du Danemark et le nord de la Suède.
La suspension devrait s’étendre en cours d’après-midi et en début de soirée à l’est du Danemark, au sud de la Suède, à l’Irlande hors espace océanique, ainsi qu’aux ciels d’Amsterdam, Rotterdam et Bruxelles, a précisé Eurocontrol.
Cette décision a des conséquences sur l’ensemble des grands aéroports du continent européen. Paris, Bruxelles, Amsterdam et Genève ont annoncé l’annulation d’un grand nombre de vols. Eurocontrol estime que le trafic commercial pourrait au final être réduit de 20 à 25% .
En France, Aéroports de Paris (ADP) a dit en fin de matinée que tous les vols à destination de l’Islande, de l’Angleterre, de la Suède, du Danemark et de la Norvège au départ de Roissy-Charles de Gaulle étaient annulés pour la journée.
Les cendres volcaniques contiennent des particules de verre et de roche pulvérisée qui peuvent endommager les moteurs et le fuselage des appareils.
En 1982, un avion de British Airways avait été victime d’une panne de moteurs en traversant un nuage de cendres au-dessus de l’Indonésie. L’appareil avait chuté avant que les moteurs ne redémarrent. Cet incident a incité l’industrie aéronautique à mettre en place des plans d’urgence internationaux qui ont été activés jeudi.
Le volcan situé dans le sud de l’Islande, sous le glacier Eyjafjallajokull, est dix fois plus actif qu’un cratère voisin entré en éruption le mois dernier. Une épaisse couche de cendres s’étend désormais sur plusieurs milliers d’hectares à l’est et le nuage a plongé certains secteurs de la côte sud de l’île dans l’obscurité, rapporte la presse locale.
L’éruption a par ailleurs provoqué la fonte d’une partie du glacier, le cinquième d’Islande, mais la situation est en cours d’amélioration sur le front des inondations, qui ont gravement endommagé routes et ponts mercredi.
La décision de fermer l’ensemble de l’espace aérien britannique est sans précédent dans l’histoire récente, indique le Service national du trafic aérien britannique (NATS). Même les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis n’avaient pas entraîné une suspension totale du trafic.
La compagnie ferroviaire Eurostar a dit avoir reçu des centaines d’appels de passagers bloqués souhaitant quitter la Grande-Bretagne ou s’y rendre. Le trafic aérien britannique représente quelque 6.000 vols par jour, selon les statistiques 2009 de l’aviation civile.
L’espace aérien a également été fermé dans le nord de la Suède, obligeant les vols transatlantiques à emprunter une route plus au sud pour éviter les cendres, a déclaré un porte-parole de l’aéroport Arlanda à Stockholm.
En Norvège, tout le trafic au départ et à destination de l’aéroport principal d’Oslo a été suspendu dès 08h00 GMT. Tout l’espace aérien danois sera fermé à partir de 16h00 GMT.
Rédactions de Londres, Dublin, Amsterdam, Bruxelles, Oslo, Stockholm, Helsinki et Paris, Clément Dossin et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser