Quelques heures de pluies, censées apporter la bonne humeur, ont provoqué mort d’homme. À Alger, une fillette a été emportée par les eaux, des maisons effondrées et des routes coupées. Et si l’hiver reprenait ses droits comme dans le temps, que se passerait-il ?
La nuit de lundi à mardi aura été la plus longue pour les Algérois. Les pluies, dépassant par endroits les 50 mm, ont détruit tout sur leur passage. Dramatique, la scène la plus terrible a été vécue à Bologhine (ex-Deux-Moulins), non loin de la route menant vers le quartier Notre-Dame-d’Afrique, à Alger. Ici, une famille a échappé de justesse à la mort. Mais pas leur enfant, une fillette de trois ans. Celle-ci, par la force du vent et des pluies diluviennes, a totalement été engloutie sous les décombres du toit qui s’est effondré sur la victime qui a rendu l’âme. Un vrai cauchemar. Joint par téléphone, le père de la victime, B. O., était encore sous le choc. “Il était 1h du matin quand nous avons entendu des craquements. On croyait que c’était le zinc qui bougeait, surtout que le vent soufflait à grande vitesse et notre demeure était très exposée. Nous étions encore éveillés lorsqu’un bruit brusque nous déchire. C’était le plafond qui s’écrasait sur ma famille. On n’a rien pu faire. C’était écrit comme ça.” Ce père aura perdu sa fille alors que les autres enfants ont été blessés au cours de ces pluies.
Une quinzaine de familles en danger
À Bologhine, là où le drame a eu lieu, quelque 15 familles ont sérieusement été menacées par ces pluies. En hiver dernier, un glissement de terrain a failli tout emporter. Les autorités n’ayant pas fait grand-chose pour les caser, ces familles ont dû rejoindre leur demeure en attendant de meilleurs jours. Un autre drame a également été évité de justesse à Haouch El-Hadj, à Baba-Ali (axe Sehaoula). Il était environ 6h du matin quand une habitation d’une ancienne ferme s’est totalement effondrée sous le regard impuissant des familles Boulaziz et Yousfi. “La pluie était tellement forte que le toit s’est effondré alors que l’un des murs de l’habitation a basculé avant de s’effriter. Il y avait beaucoup de dégâts. Fort heureusement, on était éveillé. Sinon, ce serait une catastrophe”, témoignera un rescapé.
Non assistance à personnes en danger
Les négligences des autorités locales, qui sont censées veiller sur le bien-être des populations, ont encore fait des victimes. Ailleurs, les oueds ont débordé. C’est le cas à Sétif où, selon les services de la Gendarmerie nationale, deux routes ont été coupées à la circulation alors qu’une autre route a été déconseillée aux automobilistes à cause des risques de débordement et des grosses flaques d’eau qui ont inondé la chaussée. C’est le cas sur les hauteurs d’Alger où la circulation automobile était quasiment impossible par endroits. Des tonnes de boue se sont formées pour déformer la chaussée et provoquer des embouteillages monstres. À El-Bayadh, ce sont cinq routes qui ont été coupées à la circulation à cause des eaux, des amoncellements de neige et des débordements des oueds. Selon la GN, plusieurs localités restent isolées alors que d’autres sont difficilement inaccessibles.
Plusieurs familles sauvées in extremis
Dans certaines régions du pays, des centaines d’élèves n’ont pu rejoindre leur banc de classe à cause de ces pluies. À Oran, plusieurs bâtis vétustes ont été endommagés par les infiltrations des eaux pluviales fragilisés par les vents qui ont également causé l’effondrement partiel de deux habitations. Des chutes de poteaux, de câbles électriques et de troncs d’arbre et autres plaques de signalisation arrachées ont été enregistrées.
Quant aux nouveaux lotissements non encore goudronnés, c’est le branle-bas de combat pour les populations qui n’arrivent pas à se frayer un chemin.
En revanche, à Mostaganem, selon la Protection civile, des efforts ont été consentis pour évacuer les eaux des habitations inondées. À Aïn Témouchent, ce sont deux personnes qui ont été blessées et une soixantaine de familles évacuées après l’inondation de leur maison.
Selon la même source, ces catastrophes sont essentiellement dues à l’obstruction des avaloirs. Idem à Mascara où les eaux se sont infiltrées à l’intérieur de 12 habitations.
Là aussi, les pompiers ont dû intervenir pour pomper les eaux qui ont inondé un lycée dans la ville de Bouhnifia. Enfin, à Tlemcen, la circulation automobile a été fortement perturbée en raison des intempéries alors que de nombreux cas d’inondations d’habitations ont été signalés, sans compter les coupures du courant électrique et des lignes téléphoniques avant d’être rétablies.
Moralité : jusqu’à quand les pouvoirs publics, notamment ceux chargés de protéger les populations en cas de fortes pluies, continueront-ils à ignorer les BMS ? C’est juste une question de… prévention.
F B