Un ministre et un député du RND (Rassemblement démocratique national), parti du Premier ministre se sont exprimés sur les événements qui secouent l’Algérie, mais eux auraient du faire l’économie de leurs « analyses » fumeuses. Dépassés par les événements, surpris par l’ampleur des émeutes qui se propagent, le ministre et le député sortent les vieilles ficelles de la manipulation.
Prié de commenter le climat d’émeutes qui prévaut en Algérie, le ministre de la jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, évoque des « manipulations ». De son côté le député, Seddik Chiheb, numéro 2 du RND et par ailleurs vice-président de l’APN, parle de « lobbys d’intérêts » qui seraient derrière ces troubles. Et pourquoi pas la vieille rengaine de la « main étrangère, pendant que vous y êtes Messieurs !
Le ministre autant que le vénérable député doivent savoir que si les jeunes sortent aujourd’hui dans la rue pour crier leur ras-le-bol, c’est notamment à cause des agissements de certains dirigeants dont apparemment font partie Mrs. Djiar et Seddik Chiheb. Alors, il faudrait peut-être leurs rafraichir la mémoire.
Le 28 juillet 2010, DNA a publié une enquête ( Députés, sénateurs et fils de députés en Afrique du Sud avec l’argent du contribuable ) sur des députés, des sénateurs et des fils de députés qui ont bénéficié d’une prise en charge totale pour assister à des matchs de football durant le Coupe du monde 2010 qui s’est déroulée en Afrique du Sud.
Cette prise en charge comprenait deux billets aller-retour Alger-Johannesburg, des nuitées dans différents hôtels, le transport ainsi que trois billets pour assister aux matchs de l’équipe nationale algérienne contre la Slovénie, l’Angleterre et les Etats-Unis.
Encore mieux : chacun des bénéficiaire de ce séjour sud-africain a eu droit à un change en devises pour un montant pouvant aller jusqu’à 24 000 euros (2,5 millions de dinars).
Et qui figuraient parmi les listes de ces heureux bénéficiaires choyés par la République ? Les deux enfants de Seddik Chiheb. Celui-là même qui aujourd’hui parle de « lobby d’intérêts derrière les émeutes ».
Et qui a financé le séjour de ces honorables messieurs, 42 au total, en Afrique du Sud ? Le département de M. Hachemi Djiar, celui-même qui maintenant évoque des « manipulations » pour qualifier les manifestations des jeunes algériens.
Voilà donc un des nombreux exemples qui illustrent cette Algérie de 2011. Celles des nantis et celle des laissez pour compte. Celle des privilégiés du régime et celle des recalés du système. Bien sûr en haut de la pyramide, on continuera à expliquer que si les jeunes sont sortis dans la rue, c’est uniquement parce que les prix du sucre et de l’huile sont trop élevés. (Photo – Fac-similé de la liste des bénéficiaires de la prise en charge pour un séjour en Afrique du Sud)
