Véritable problème de santé publique, l’asthme prend dans notre pays une ampleur terrifiante depuis quelques années. Selon de récentes études, un million et demi d’Algériens sont asthmatiques, a révélé hier, à l’hôtel Mercure de Bab Ezzouar, le professeur Salim Nafti, chef de service à la clinique des maladies respiratoires «Ibn Zhor», au CHU Mustapha Pacha et président de la Société algérienne de pneumo-phtisiologie. Lors d’une conférence de presse, ce spécialiste est revenu, à l’occasion de la Journée mondiale de l’asthme, sur cette maladie et sa prise en charge dans notre pays. Il a déploré l’absence de programme de prise en charge de cette maladie dont la prévalence est actuellement de 3,1% dans la population adulte et au moins autant chez les enfants, selon l’étude Airmag menée en 2008. D’après l’enquête nationale de santé menée en 2007, dans le cadre du projet Tahina- INPS, «les maladies de l’appareil respiratoire constituent le premier motif de consultation et ce, quel que soit le sexe, l’âge et la région géographique de résidence». De même, ajoute l’enquête, «ces pathologies viennent en tête aussi bien chez l’homme que chez la femme comme motif d’hospitalisation».
D’autre part, dans le domaine des maladies chroniques, «l’asthme, qui, estime t-on, entraîne 1 000 décès par an, vient en troisième position après l’hypertension artérielle et le diabète sucré», est-il souligné. L’enquête dévoile, par ailleurs, que la zone ouest d’Alger compte le plus de personnes asthmatiques en raison de la présence de la zone industrielle, ce qui pose le problème de la pollution comme facteur majeur favorisant l’allergie respiratoire et l’asthme. S’agissant de la prise en charge thérapeutique, le professeur Nafti indiquera que les corticoïdes inhalés sont le traitement idéal, à condition qu’ils soient utilisés de façon correcte. S’agissant du remboursement des médicaments par la sécurité sociale, le conférencier dira que l’asthme est une maladie chronique remboursée au minimum à hauteur de 80%. Cependant, il a reproché au système de la sécurité sociale de ne pas considérer tous les asthmatiques de la même manière : «Pour qu’un malade soit remboursé à 100%, il faut qu’il atteigne le stade d’insuffisance respiratoire», a-t-il relevé. Les dernières recommandations nationales (SAPP) et internationales Gina 2006 (Global intitiave for asthma) mettent en exergue l’importance d’une pris en charge du malade asthmatique basé sur le niveau de contrôle de la maladie, en fonction d’un certain nombre de paramètres (symptômes diurnes et nocturnes, limitation des activités journalières, fonction pulmonaire et utilisation de broncho-dilatateurs).
Ainsi, par conséquent, l’état du patient est classifié comme «contrôlé», «partiellement contrôlé» ou «non contrôlés». Le professeur Nafti a précisé que les malades peuvent mener une vie tout à fait normale à condition qu’ils respectent une bonne hygiène de vie. Pour rappel, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’asthme touche plus de 300 millions de personnes dans le monde. La morbidité de cette maladie demeure très élevée même dans les pays les plus développés et ce en dépit des avancées énormes réalisées dans les connaissances de la physiopathologie de cette pathologie et la disponibilité des traitements efficaces. La mortalité est estimée quant à elle à 250 000 décès par an.