Un milliard de dinars perdus chaque année : quand l’incivilité pèse sur une entreprise nationale

Un milliard de dinars perdus chaque année : quand l’incivilité pèse sur une entreprise nationale
Acte de vandalisme

Le constat a de quoi sidérer. Chaque année, la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) doit engager plus d’un milliard de dinars pour réparer les dégâts causés par des actes de malveillance.

Cette saignée financière ne relève ni d’aléas techniques ni d’une gestion défaillante, mais bien d’un phénomène social qui mine quotidiennement le réseau, l’incivilité.

Derrière ce chiffre se cache une multiple réalité. Du vol organisé de câbles électriques qui paralyse les circulations aux jets de pierres qui endommagent les convois en marche. Autant d’atteintes qui, cumulées, grèvent lourdement les finances de l’entreprise et entravent sa modernisation.

Lors de son passage à la Radio, M. Aibèche Sofiane, directeur du contrôle de gestion à la SNTF, illustre l’impact de ces agressions par un exemple éloquent. Le remplacement d‘une seule vitre frontale représente une dépense de 18 000 € (plus de 3 millions de dinars). Au-delà du coût direct, l’entreprise doit aussi composer avec l’indisponibilité du matériel, qui peut s’étendre sur près d’une semaine.

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Face à cette saignée financière, l’entreprise active plusieurs leviers. La stratégie de sécurisation repose sur un déploiement accru d’agents, mais sans recourir à des compagnies privées. L’effort se concentre en priorité sur le réseau algérois, un axe stratégique de 206 kilomètres qui, bien ne représentant que 5% du réseau national, concentre à lui seul 67% du trafic. Pas moins de 900 agents y sont déjà déployés.

Actes de vandalisme sur les trains SNTF

Actes de vandalisme sur les trains SNTF

Incivilités et vétusté : le double défi opérationnel de la SNTF

La sécurisation ne se limite pas à la lutte contre le vandalisme pur. Les retards répétés trouvent souvent leur origine dans des comportements d’incivilité. Le responsable cite notamment les passagers qui retiennent les portes des trains. Ce geste, a priori banal, nuit au bon fonctionnement de l’ensemble du système ferroviaire.

Cet environnement opérationnel déjà complexe est encore alourdi par l’état de vétusté de certains équipements. M. Aibèche Sofiane révèle que le système d’exploitation date des années 1980. Cette obsolescence pose une problématique majeure. Celle de la difficulté de trouver des pièces de rechange.

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Les équipes de maintenance sont contraintes à une course contre la montre pour garantir la sécurité avec des outils qui ont, pour certains, plus de quarante ans.

Modernisation et perspectives : le transport ferroviaire, un secteur en mutation

Malgré ces défis, l’entreprise avance sur plusieurs fronts pour rehausser ses performances. La société a programmé des travaux sur une vingtaine de zones de ralentissements.

Côté matériel roulant, une amélioration notable est annoncée concernant les 16 trains de type Coradia. Alors que seul 4 étaient encore opérationnels début 2025, le renforcement des capacités de l’atelier spécialisé de Naâma a permis la remise en service de plusieurs trains. « Seuls cinq sont toujours hors service », des diagnostics étant en attente de disponibilité financière.

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Parallèlement, l’activité fret, qui représente déjà plus de 5,7 millions de tonnes par an, continue de se développer. Le transport de marchandises stratégiques (carburants, céréales, phosphate) constitue un pilier important. Ainsi, l’arrivée prochaine de nouvelles voies dans le sud du pays devrait encore dynamiser ce segment porteur.

Train SNTF