Le marché de l’or en Algérie est toujours en expansion. Tel est le constat établi au niveau des différentes bijouteries d’Alger. L’or est toujours considéré comme une valeur refuge par les Algériens.
Son prix suit la tendance mondiale, soit il baisse soit il augmente. Actuellement, il varie selon l’origine. Le prix du gramme d’or importé d’Italie est proposé autour de 5.000 DA et 6.000 DA. Pour un bijou de fabrication locale, le prix du gramme tourne autour de 4.400 DA et plus. Les raisons ? Selon un bijoutier de la rue Bab Azzoun, le prix de l’or local varie selon le travail et le modèle. Les modèles fabriqués dans des ateliers sont moins chers que ceux confectionnés par les mains habiles des artisans tel le « filigrane ». Mieux encore.
Certains bijoutiers jouent sur l’emplacement et l’artère où se trouvent les boutiques. En effet, dans bien des cas, le prix de l’or au gramme est inférieur dans la Basse Casbah par rapport à la place Maurice-Audin ou bien à la rue Didouche-Mourad où sont implantées des enseignes de renom comme « Benkortbi » et « Allouche », des boutiques haut de gamme d’Alger. Concernant l’or ouvragé, c’est à dire poinçonné avec un taux officiel de pureté, le prix est similaire à celui de l’or italien. Littéralement, l’or italien et l’or algérien n’ont pas le même prix, la différence est que l’or italien a une garantie sur sa teneur.
Par ailleurs, c’est le marché informel qui semble s’être ancré dans les mœurs. Les vendeurs d’or sous le manteau ont déstructuré le marché. Ils sont installés en haut de la rue Ali-Boumendjel et demandent aux passants s’ils ont des bijoux en or à vendre ou s’ils désirent en acheter. Une virée chez les « Dellalettes » d’Alger-Centre donne une idée bien précise sur le marché informel de l’or. Du côté de la rue Debbih-Cherif (ex-rue Rovigo), des femmes jeunes et moins jeunes, voilées ou en haïk pour les plus âgées, sont présentes.
Debout ou assises sur des tabourets en bois ou en plastique, elles exhibent à leurs bras toutes sortes de bijoux en or. Elles proposent des bagues, des chaînes, des bracelets, des gourmettes, des pendentifs et mêmes parfois des pièces uniques sculptées qui pèsent des centaines de grammes.
Qu’il pleuve ou qu’il vente, elles sont quotidiennement sur place pour écouler leurs marchandises très prisées par la gent féminine. Ce sont de véritables vitrines mobiles. Sur place, Fatma, d’un certain âge, vend toutes sortes de bijoux en or 18 carats. La marchandise qu’elle propose varie entre 4.000 et 4.300 DA le gramme contre 3.800 DA le prix de l’or cassé.
Quant à la provenance de sa marchandise, elle précise qu’elle collabore avec un bijoutier. « Ce sont là les parures d’un bijoutier qui n’a pas réussi à les écouler en vitrine alors il les propose au marché parallèle pour en tirer profit », a-t-elle confié. « La majorité n’est pas poinçonnée mais c’est de l’or garanti », a-t-elle ajouté. Pour Ramzi, un jeune revendeur, il existe aussi des ateliers clandestins qui leur fournissent une partie de la marchandise.
Des femmes essayent de convaincre une cliente à la recherche de la « perle rare ». Pour gérer le flux, ces femmes sont souvent épaulées par des revendeurs qui, eux aussi, proposent des pièces dont le prix est largement inférieur à celui proposé en vitrine. C’est dire que même la gent masculine a investi ce créneau qui, autrefois, était l’apanage exclusif des femmes. Avant, les femmes « Dellalettes » faisaient du porte à porte, proposaient des bijoux aux familles connues et aux personnes intéressées. Les choses ont changé depuis et les « Dellalines » préfèrent investir les artères principales au vu et au su de tout le monde.
Par ailleurs, du côté de Oued Kniss, marché parallèle réputé pour la vente de bijoux, des vendeuses du métal jaune s’approchent des passants et leur proposent différents modèles. Interrogée, l’une d’elles nous a confié que même des propriétaires de bijouteries viennent acheter des bijoux au niveau de ce marché. Quant aux prix, elle a indiqué que le gramme d’or importé (18 carats) est cédé à 4.200 DA, tandis que l’or produit localement est vendu à 3.300 DA. Cela étant dit, certains bijoutiers ont révélé que le marché parallèle de Oued Kniss aurait détourné tous leurs clients en raison des prix bas qu’il propose.
« Ce qui a poussé beaucoup de bijoutiers à abandonner cette profession pour se convertir dans d’autres métiers plus lucratifs », a révélé un bijoutier de la capitale. Nonobstant la baisse de son prix, le métal jaune ne semble pas intéresser les familles comme avant. Désormais, les filles préfèrent les pacotilles. Les bijoux en fantaisie dits « Faux bijoux » sont très prisés par les femmes. « C’est moins coûteux et évitent aussi d’attirer les regards et donc les vols et les agressions », ont indiqué des filles rencontrées chez le fameux « Star Balaboosté » à Kouba.
En dépit de la baisse des cours de l’or due à une chute de son prix sur le marché mondial, les bijoutiers rencontrent de sérieux problèmes pour le commercialiser. Aussi, faut-il signaler que la contrefaçon, l’utilisation de faux poinçons, la prolifération d’ateliers clandestins, l’informel et l’absence des services de garantie ont fini par décourager les amateurs du précieux métal.
Rym Harhoura