Un marché clandestin des aphrodisiaques menace la santé publique Le secret honteux de l’infarctus

Un marché clandestin des aphrodisiaques menace la santé publique Le secret honteux de l’infarctus

De plus en plus jeunes, les victimes de crises cardiaques, intriguent en Algérie par leur départ soudain quand leurs proches ne leur connaissaient aucun souci de santé.

C’est en marge d’enterrements pudiques que les langues se délient : qui de raconter l’exhibition de petits cachets aux vertus aphrodisiaques sortis des poches du défunt.

Des stimulants vendus sous cape, parfois via Internet, et qui causeraient beaucoup de problèmes cardiovasculaires à leurs consommateurs sans suivi médical. Le «Viagra parallèle» menace de plus en plus d’hommes stressés en quête d’une vigueur qui finit par les tuer.

Qui n’a pas entendu parler ces derniers temps d’un voisin, d’un parent ou d’une personnalité terrassée par un malaise cardiaque alors que ladite victime n’aurait jamais présenté de signes d’une quelconque pathologie du coeur ? Le phénomène est de plus en plus fréquent et suscite des interrogations. Le doute s’amplifie lorsque le défunt ou le patient sauvé in extremis n’a pas encore atteint la cinquantaine.

FAIBLESSE INAVOUABLE

Sélim, athlète frôlant les deux mètres de hauteur, ressemble à ces basketteurs noirs américains qui font vibrer les salles. Il est allongé sur son lit d’hôpital trop étroit pour lui et sourit lorsque nous lui demandons discrètement combien de temps il a consommé ces cocktails mélangeant dope pour le sport et aphrodisiaque pour son intime vie de couple.

«Pas plus de six mois pour me dérégler le coeur !» Il nous raconte alors comment il est passé des racines innocentes de gingembre qu’il pilait et buvait en tisanes à ces cachets sans emballages qui se vendent chez des commerçants qui n’ont rien à voir avec les produits pharmaceutiques.

Sélim se fournissait chez un coiffeur qui dealait ses petites pilules miracles moins chères que le Viagra et sans prescription médicale. Le colosse n’aurait jamais pu avouer sa faiblesse à un médecin… Aujourd’hui, il l’a échappé belle et jure de ne plus jamais recourir à la chimie clandestine. Le chef de service lui a annoncé le matin de sa visite que des séquelles irrémédiables étaient à craindre.

UN TRAFIC CRIMINEL

Combien sont-ils en Algérie à consommer ces drogues particulières qui prétendent redonner de la santé ou améliorer les performances physiques ? Il est impossible d’en estimer le nombre, mais peut-être qu’une étude épidémiologique auprès des médecins urgentistes et cardiologues pourrait évaluer l’importance du trafic et son impact sur la santé publique.

Les services de sécurité devraient aussi pouvoir éclairer les pouvoirs publics quant à l’ampleur de la pratique liée à cette médecine des charlatans qui «soigne» impunément en causant parfois des torts irréparables chez les patients crédules.

Ces comprimés sont-ils fabriqués par des laboratoires illégaux ou sont-ils importés au même titre que les drogues de synthèse, du genre «Madame Courage», qui ont fait tant de dégâts dans notre société ? Plus que les autres marché frauduleux, celui qui concerne la virilité des consommateurs en infraction complique davantage la prévention ou la riposte collective.

Omerta due à la pudeur et aux tabous. Face à ce fléau, il semble indiqué de lancer une campagne de sensibilisation par le biais des épouses notamment lors des consultations en gynécologie, par exemple, dans le but d’alerter les hommes tentés par le miracle d’une ardeur dangereuse pour leur poitrine. A bon entendeur…

Nordine Mzalla