Le marché informel a cette caractéristique de doubler, voire de tripler, en cette période de ramadhan en dépit des différentes mesures prises par le ministère du Commerce.
Contacté à ce sujet, l’UGCAA, a bien voulu répondre aux questions du Jour d’Algérie.
Le Jour d’Algérie : Comment expliquez-vous la prolifération du marché informel notamment durant le ramadhan ? Est-ce à dire que les initiatives de répression prises par le ministère Commerce ont échoué ?
Boulenouar El Hadj Tahar
Vu les graves conséquences du marché informel non seulement sur l’économie nationale mais aussi sur les commerçants réglementaires et les consommateurs, la responsabilité d’éradiquer ce fléau n’incombe pas uniquement au ministère du Commerce.
C’est-à-dire ?
Plusieurs institutions à l’instar du ministère des Finances sont concernées, y compris les collectivités locales. Eradiquer le marché parallèle est une affaire gouvernementale. C’est tout le gouvernement qui en est responsable. L’échec n’est donc pas celui du ministère du Commerce mais c’est celui du gouvernement.
Comment expliquez-vous la recrudescence de ce phénomène ?
La cause est le manque flagrant de marchés de proximité et de locaux de détail.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il y a constamment une instabilité des prix sur le marché. En effet, vous allez dans un marché de gros, vous trouverez un surplus de 20% des produits. En parallèle, dans le marché de détail il y a un manque de marchandises. C’est justement ce manque qui fait augmenter les prix.
Pouvez-vous être plus explicite ?
L’offre des marchés de gros ne va pas dans sa totalité dans les marchés de détail. Ces derniers ne sont pas assez nombreux pour contenir l’offre existante.
Des caisses entières de produits sont jetées quotidiennement dans les marchés de gros. Par conséquent, si les autorités locales avaient tenu leur engagement de réaliser les marchés de proximité prévus, ces derniers absorberont toute la disponibilité des produits.
Combien est-il recensé de commerces informels ?
Il y a plus de 1 500 points de ventes informels en Algérie. Ce qui représente 60% du marché algérien.
Non seulement c’est énorme, mais c’est grave. Il représente 80% des causes d’intoxications des citoyens, sans parler de la contrefaçon qui circule grâce à ces marchés justement et qui fait perdre au Trésor public pas moins de 3 millions de DA.
Chasser ces vendeurs à la sauvette de la rue, est-ce la solution pour en finir avec l’informel ?
Là est l’erreur justement. Ce n’est pas une affaire de policier pour en finir avec le commerce informel.
Il faut une solution durable et économique. Ce qu’il faut faire, c’est d’encourager ces gens là à aller vers le formel. En premier lieu, revoir à la baisse les charges fiscales et celles de la TVA qui actuellement est à 17% de l’activité commerciale. Il faut savoir que la TVA est parmi les raisons qui poussent les gens à aller vers l’informel. Ensuite, fixer les responsabilités des présidents d’APC.
Sur ce sujet, il faut rappeler le programme du Président pour la création d’un réseau national de distribution englobant les marchés de gros et ceux de proximité dont certains seront construits par les communes. Et là, la majorité des P/APC n’ont même pas entamé les opérations de prospection d’assiettes foncières qui abriteront ces locaux.
Il faut savoir que le coût d’un marché de proximité de 40 locaux ne dépasse pas les 2 milliards de centimes, alors qu’ils dépensent des sommes colossales pour la réalisation des ralentisseurs (dos d’âne) qu’ils démoliront le mois suivant ou encore à refaire le pavé des trottoirs à longueur d’année. Enfin, il y a lieu d’exiger la facturation des produits non seulement chez le commerçant détaillant mais au producteur et à l’importateur.
Un dernier mot ?
Vous savez, en Algérie le nombre de commerçants exerçant légalement est de 1 300 000.
Ce qui est insuffisant. Pour atteindre la norme mondialement exigée, le secteur commercial en Algérie a besoin de 3 500 000 commerçants, cela par rapport au nombre d’habitants. D’où la nécessité de récupérer ceux activant dans le marché informel en leur offrant la possibilité de travailler légalement.
Par Lynda N.Bourebrab