
Mais lequel ? Ils iraient aux urnes, non par une quelconque conviction civique qui les astreint à un choix sérieux et rationnel entre les programmes des candidats en lice, mais simplement pour poster, en faisant fi de toute conscience politique, leurs bulletins de vote en faveur des cousins, des proches, des amis…, des larbins. Quelle mort du civisme, hélas ! Et l’intérêt de la commune dans tout ça ? s’interroge-t-il après, complètement hors de ses gonds. Bien entendu, le cadet des soucis aussi bien de certains candidats «affairistes» plus préoccupés par les bénéfices et le réseau de connaissances auquel donne accès un siège au sein de l’APC que par la défense des droits de leurs compatriotes que de tas d’électeurs épuisés par les politicards véreux et le cortège de promesses jamais tenues qu’on leur balance à chaque rendez-vous électoral. Révolu est ce temps où l’honneur de la fonction du maire et ce qu’elle peut apporter de plus à la communauté des citoyens prime sur toutes les visées mercantilistes et les besoins de promotion sociale qui peuvent s’y rattacher. En outre, bien qu’ayant obtenu la légitimité populaire au plan local, le maire n’est parfois perçu par les masses populaires que comme un pion sans poids ni influence et, pire, aux mains liées face aux pouvoirs exorbitants du chef de la daïra et du wali, pourtant non élus par elles. Un sérieux problème qui décrédibilise cet élu du peuple, auprès de tous ceux qui lui ont accordé leur confiance. En proie à une dépolitisation constante, l’Algérien est aussi convaincu que l’odeur de l’argent s’est faufilée un peu partout dans les dédales du pouvoir, central ou local soit-il. Ce qui le met dans une position de suspicion permanente à l’égard de tout ce qui représente l’autorité. Chose n’arrangeant guère l’enclenchement d’un véritable processus de participation politique. Enfin, les affaires de corruption et de détournement de fonds publics révélées par la presse sont pour beaucoup dans les taux élevés d’abstention constatés, ces dernières années, en Algérie.
par Kamal Guerroua
