Face à la crise de logement qui perdure malgré la réalisation de vastes projets de construction, l’Algérie a mis les bouchées doubles pour continuer à satisfaire une demande en forte croissance. Elle est plus que jamais déterminée à fournir un logement décent à chaque famille algérienne.
Face à une demande en hausse constante, les pouvoirs publics ont décidé lors du dernier Conseil des ministres de mettre en place une panoplie de mesures visant à améliorer l’offre et l’accès au logement. Une crise qui remonte aux années 1960 et qui perdure malgré la réalisation de vastes projets de construction.
À cet effet, il a été décidé d’instituer un fonds de garantie du crédit bancaire aux citoyens désireux d’acquérir ou de construire leur propre habitation, et l’amélioration de l’accès des jeunes au logement, d’abord par une vulgarisation des dispositions déjà en vigueur en leur faveur en ce qui concerne le logement social locatif. En outre, un programme additionnel de 50 000 logements promotionnels sera inscrit cette année et sera réservé aux jeunes, sous forme de vente à tempérament et l’accélération du lancement de 400 000 logements ruraux.
Ce nouveau programme s’ajoute aux 200 000 logements ruraux déjà mis en chantier, et ce «pour mettre en oeuvre la directive présidentielle relative à la mise en route immédiate de la quasi-totalité du programme quinquennal de logements ruraux et qui totalise 700.000 unités».
L’État a également décidé l’accélération du lancement du programme quinquennal de logements en inscrivant, dès cette année, la quasi-totalité de ses dotations budgétaires en études, et le cas échéant en réalisation, ainsi que la confection en urgence d’un recensement des assiettes foncières devant accueillir les programmes de logements non encore mis en construction, notamment dans les grandes agglomérations.
Il y a par ailleurs lieu de relever la dynamisation du logement promotionnel aidé (LPA), par l’encouragement des banques publiques à s’engager davantage dans ce segment. Les importantes enveloppes financières allouées, depuis plus d’une décennie, au secteur de l’habitat démontrent l’intérêt qu’accordent les pouvoirs publics à ce secteur. Un budget de plus de 22 milliards de dollars avait servi à construire 1 045 269 logements entre 2005 et 2009.
En outre, plus de 3 700 milliards de dinars ont été dégagés pour financer la construction des 2 millions de logements inscrits au programme quinquennal 2010-2014 dont 800 000 unités sont en cours de réalisation.
Il est ainsi question de réaliser, pour les cinq prochaines années à l’échelle nationale 500 000 logements locatifs, 500 000 logements promotionnels, 400 000 logements pour la résorption de l’habitat précaire et 700.000 logements ruraux. Mais tous ces efforts et ces annonces à grande pompe permettront-ils à l’État algérien de fournir un logement décent à chaque famille algérienne ? La réponse est évidente : non.
La situation pourrait même s’empirer, notamment dans le cas où l’État continu de faire l’aveugle devant les falsifications des documents, l’escroquerie et le favoritisme dans l’attribution de logements et faire en parallèle le sourd aux cris de détresse des familles qui du jour au lendemain se sont vues réduites à la clochardisation. Ce constat a été confirmé lors des opérations de relogements opérées durant les cinq dernières années.
Outre le prix qui demeure exorbitant pour la grande majorité des algériens, ces logements pour lesquels l’État a déboursé des sommes colossales pour les construire, souvent, ne répondent pas ni aux attentes de la famille algérienne ni à la rationalité architecturale.
La qualité reste un slogan et l’aménagement de l’environnement urbanistique était le dernier souci des pouvoirs publics. Tel est le cas des opérations de relogement inscrit dans le cadre de la lutte de l’habitat précaire lancé à grande pompe l’année écoulée.
Le chiffre des bénéficiaires était très éloquent. Mais peut-on qualifier de réussites des opérations de relogement qui s’achèvent sur la clochardisation de plusieurs familles évincées, souvent, injustement des listes ?
Peut-on également qualifier de succès des opérations qui imposent aux familles des appartements exiguës dépourvus de toutes commodités ? Le chiffre est-il plus important que le confort des familles et peut-on réellement parler d’un logement décent aujourd’hui en Algérie ?
Hamid Mohandi