Un joueur du Togo raconte la fusillade du bus de l’équipe

Un joueur du Togo raconte la fusillade du bus de l’équipe

Moustapha Salifou, milieu de terrain d’Aston Villa, juge avoir eu de la chance de survivre à l’attaque meurtrière contre l’autocar de l’équipe du Togo en Angola.

Dans un témoignage diffusé sur le site internet de son club (www.avfc.com), Salifou raconte la peur de la délégation togolaise, qui a perdu son entraîneur adjoint et son attaché de presse dans cette fusillade survenue vendredi dans l’enclave de Cabinda, où doivent se dérouler des matches de la Coupe d’Afrique des Nations.

Il explique que des hommes armés ont ouvert le feu sur l’autocar un quart d’heure après son entrée en Angola en provenance du Congo.

« Le chauffeur du bus a été touché quasiment immédiatement et il est mort sur le coup et nous avons été arrêtés sur la route sans nulle part où aller », raconte Salifou, 26 ans.

« N os gardes du corps nous ont sauvés. Ils étaient dans deux voitures, ils étaient environ une dizaine et ils ont répliqué aux tirs.

« La fusillade a duré une demi-heure et j’entendais les balles siffler autour de moi. C’était comme dans un film », poursuit-il.

« Je sais que j’ai vraiment de la chance. J’étais vers l’arrière du car avec Emmanuel Adebayor et l’un des gardiens de but. Un défenseur qui était assis devant moi a reçu deux balles dans le dos.

« NOUS VOULONS RENTRER CHEZ NOUS »

« Le gardien, Obilale Dodo, l’un de mes meilleurs amis, a été touché à la poitrine et au ventre et il a été transféré en Afrique du Sud pour y subir une opération pour tenter de le sauver », ajoute-t-il.

« C’était horrible. Tout le monde pleurait. J’ai moi-même craqué et j’ai pleuré en voyant les blessures de mon ami.

« Je ne sais pas comment on peut faire une chose pareille. Nous étions impatients de jouer au football et d’être ensemble. Aucun de nous ne peut jouer au football maintenant. »

Les responsables de la Fédération togolaise ont souligné qu’aucune décision n’avait été prise quant à la participation du Togo à la Can. Le Togo doit entrer en lice lundi contre le Ghana.

« Je ne peux pas décrire l’état dans lequel je suis en ce moment. Mes parents n’arrêtent pas de m’appeler du Togo toutes les demi-heures juste pour être sûrs que je vais bien et pour savoir comment ça se passe sur place », déclare Moustapha Salifou.

« Mais nous, les joueurs, nous avons pris notre décision. Nous ne pouvons pas jouer dans ces conditions et nous voulons rentrer chez nous aujourd’hui (samedi). »

Mike Collett, version française Bertrand Boucey