De Sidi Bouzid à Tunis. La Tunisie est-elle en train de revivre une seconde révolte populaire si ce n’est le phénomène terroriste ? Hier, la capitale tunisienne a été sous le choc.
Un homme a été grièvement brûlé en s’immolant par le feu sur l’avenue Habib-Bourguiba en plein centre de Tunis. L’homme a certainement voulu mettre fin à sa vie par désespoir. “Voilà la jeunesse qui vend des cigarettes, voilà le chômage”, a crié ce jeune homme, un vendeur de cigarettes à la sauvette, avant de s’immoler face au bâtiment du Théâtre municipal, selon un témoin.
“Allahou Akbar”, a-t-il ensuite lancé, selon le témoin. Des passants sont accourus vers le jeune homme âgé d’une vingtaine d’années pour éteindre le feu, mais tout son corps était embrasé. En revanche, il était conscient lors de son transfert par les secours à l’hôpital.
Les policiers et pompiers présents ont refusé de donner des informations sur la victime ou sur son état de santé. Ceci étant, selon la Protection civile et le ministère de l’Intérieur, les jours du jeune homme de 27 ans, Adel Khadri, ne sont pas en danger même s’il est très gravement brûlé à la tête et au dos.
“Ses jours ne sont pas en danger, mais il a des brûlures du troisième degré à la tête et au dos. Il est sous surveillance médicale continue”, a indiqué le porte-parole de la Protection civile, Mongi Khadhi. Une source hospitalière avait indiqué plus tôt que la victime était dans un état critique. Le jeune homme, originaire de Jendouba, “était démoralisé, son père est mort il y a quatre ans, il a trois frères et sa famille est très pauvre”, a ajouté, M. Khadhi. “Il était au chômage et est venu dans la capitale il y a quelques mois. Il était dans une situation fragile, psychologiquement très affecté, ce qui l’a poussé à cet acte d’immolation”, a indiqué de son côté Khaled Tarrouche, porte-parole du ministère de l’Intérieur. Plusieurs cas d’immolation par le feu ont eu lieu en Tunisie pendant et après la révolte populaire de janvier 2011 qui avait été déclenchée le 17 décembre 2010 lorsque le jeune vendeur ambulant Mohamed Bouazizi s’était immolé à Sidi-Bouzid, excédé par le chômage et la misère. Les difficultés économiques et sociales étaient à l’origine de ce soulèvement qui a fait fuir l’ex-président Zine El-Abidine Ben Ali.
Or, deux ans plus tard, le chômage et la pauvreté continuent de miner la Tunisie, et des violences, liées à ces difficultés, interviennent régulièrement. Le pays est par ailleurs plongé dans une profonde impasse politique qui a été aggravée par l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd le 6 février, dont la mort a entraîné la chute du gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda.
Ce geste, hautement symbolique, n’est pas sans rappeler celui du jeune vendeur ambulant Mohamed Bouazizi, dont l’immolation, le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, avait provoqué un soulèvement populaire sans précédent.
Deux ans après la chute du régime de Ben Ali, le chômage et la pauvreté continuent de miner le pays. Depuis des mois, grèves et manifestations se succèdent dans le pays, dégénérant régulièrement en violences.
En novembre dernier, 300 personnes ont été blessées dans une semaine d’affrontements avec la police à Siliana. L’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, le 6 février, a envenimé la situation et engendré la chute du gouvernement du parti islamiste Ennahda.
I. O.