Un islamiste, lié à Al Qaida, à la tête du commandement militaire de la rébellion à Tripoli

Un islamiste, lié à Al Qaida, à la tête du commandement militaire de la rébellion à Tripoli
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Abdelhakim Belhadj a été le chef militaire qui a préparé, avec l’aide de l’Otan, la prise du QG de Kadhafi, à Bab Al-Azizya. Al-Jazeera lui a consacré un long entretien en direct du QG à l’issue des combats.

Ancien dirigeant du Groupe islamique des combattants libyens (GICL), lié à Al-Qaida, Abdelhakim Belhadj, a été arrêté en 2004 par les Américains en Asie et livré par la suite à la Libye. Il aurait bénéficié de l’amnistie de centaines d’islamistes libyens en mars 2010 ordonnée par Saif Al-Islam, fils de Kadhafi.

Le chef militaire qui a lancé l’assaut contre la résidence de Kadhafi à Tripoli a eu des rapports très étroits avec l’organisation terroriste.

« Abdelhakim Belhaj, le retour d’Al-Qaïda ». C’est le titre d’un article du quotidien « Libération » publié vendredi 26 août lançant ainsi un lourd discrédit sur le Conseil national de transition, dont Abdelhakim Belhaj est l’un des chefs militaires.

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Le quotidien révèle en effet les rapports de longues dates que semblent entretenir le réseau terroriste avec celui qui a pris la tête de l’offensive à Tripoli.

Selon le journal, Abdelhakim Belhaj, connu aussi sous le nom d’Abou Abdallah al-Sadek, aurait intégré dès 1988 le mouvement djihadiste et serait l’un des fondateurs du groupe ultra radical libyen : le GIC, groupe islamique combattant, avalisé en 2007 par l’actuel dirigeant d’Al-Quaïda, Ayman al-Zawahiri.

La CIA a, toujours d’après « Libération », retrouvé sa trace plus tard au Pakistan, auprès d’Abou Moussab al-Zarqaoui, chef d’Al-Qaïda de ce pays. Positionné contre le régime de Kadhafi, le GIC, comme Al-Qaïda, appellent alors à se révolter contre « les infidèles ».

Retournement idéologique

C’est en 2003, qu’Abdelhakim Belhaj, après avoir été longtemps traqué, a été capturé en Malaisie par les services secrets américains, puis transféré selon le journal « dans une de ses prisons secrètes » à Bangkok, pour enfin, en 2004, être remis aux services secrets libyens.

Le GIC, réconcilié avec le pouvoir par l’entremise de Saïf al-Islam, fils de Kadhafi, décide, dans des conditions troubles, un retournement idéologique condamnant dès alors « la guerre sainte » dirigée contre Kadhafi. Mais l’actuel chef militaire des rebelles, ne semble pas avoir alors participé à la réconciliation.

Impliquée dans l’assassinat de Younès

Après avoir rejoint le mouvement de libération libyen dès les premiers soulèvements contre le régime, Abdelhakim Belhaj est soupçonné par certains d’avoir participé à l’assassinat du général Younès, ancien chef des armées rebelles, en juillet dernier. Une vengeance peut-être. Abdel Fattah Younès, aurait, d’après une source de « Libération » « mené une lutte acharnée contre le GIC de 1990 à 1995 en Cyrénaïque » lorsqu’il dirigeait les forces spéciales du régime libyen.

Ces lourds soupçons qui pèsent sur celui qui a été à la tête de l’assaut lancé contre la résidence du guide libyen à Tripoli, pourrait embarrasser le CNT lui-même.

Mercredi 24 août, le président du CNT, Moustapha Abdel Jalil, a annoncé la tenue d’élections dans huit mois en affichant, lui, une volonté politique sans ambiguïté : « Nous voulons un gouvernement démocratique et une Constitution juste. »

Fondateur du GICL, très proche d’Al-Qaïda

Né le 1er mai 1966 en Libye, Abdelhakim Belhaj a fait ses armes en Afghanistan contre l’URSS, avant de fonder le Groupe islamique combattant libyen (GICL). Avec l’accord des talibans, cet organisme ouvre plusieurs camps d’entraînement dans ce pays, dont certains formeront des volontaires liés à Al-Qaïda.

Reconnu en 2007 par l’organisation de Ben Laden, le GICL devient une priorité pour la CIA, qui arrête Abdelhakim Belhaj en 2003 en Malaisie. Remis aux services secrets libyens en 2004, il est libéré cinq ans plus tard, l’un des fils de Kadhafi ayant décidé d’opérer une réconciliation du régime avec les islamistes. Mais Abdelhakim Belhaj décide de se retourner contre son libérateur début 2011 en rejoignant avec ses hommes la rébellion.

C’est justement l’ancien émir d’un groupe islamiste qui a été désigné pour délivrer Tripoli des pro-Kadhafi. Cela prouve que le salafisme (mouvement sunnite revendiquant un retour à l’islam des origines, fondé sur le Coran et la Sunna, ndlr) prédomine au sein de l’opposition libyenne armée.

Par ailleurs, les réapparitions fréquentes de Belhadj sur la chaîne Al-Jazzera présagerait son « rôle clé » dans la Libye de demain.