Un individu interpellé à l’aéroport avec une somme de 162 000 euros La mafia des devises et les nouveaux riches

Un individu interpellé à l’aéroport avec une somme de 162 000 euros La mafia des devises et les nouveaux riches
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Cette saisie, hélas, reste la face cachée d’un immense iceberg. Il est de notoriété publique en effet que toutes ces fortunes bâties à la faveur de l’ouverture anarchique de l’Algérie vers l’économie de marché sont en grande partie converties en devises, avant d’être sorties en catimini du pays. Actuellement, la filière qui fait fureur est celle de l’Espagne, où la crise économique a fortement réduit les prix de l’immobilier.

L’incident, signalé hier par la DGSN dans un communiqué, aurait pu paraître parfaitement anodin, et relever en quelque sorte du fait divers.

Or, il n’en est rien, car il représente au contraire une illustration de ce qui se passe quasi quotidiennement au nez et à la barbe des services de sécurité, tant les méthodes utilisées paraissent sophistiquées, et quasi-indétectables.

Bref, nous apprenons qu’un individu a été interpellé ce lundi par la police des frontières de l’aéroport international Houari-Boumediene alors qu’il s’apprêtait à faire sortir frauduleusement la somme astronomique de 162 000 euros.

Ainsi, au cours d’une mission de contrôle des passagers sur le vol Alger-Istanbul, la brigade de police des frontières de l’aéroport Houari-Boumediene a interpellé un individu, âgé de 40 ans, s’apprêtant à faire ressortir frauduleusement la somme de 162 000 euros qu’il dissimulait dans une valise roulante.

Le communiqué précise que plusieurs autres affaires similaires ont déjà été traitées par la police. Rien que dans le courant de cette semaine, on en est à pas moins de 200 000 euros saisis. C’est dire que le phénomène a pris une ampleur plus qu’inquiétante. Un simple petit tour au Square Port-Saïd nous permet de constater que des sommes d’argent colossales changent de main chaque jour.

En effet, beaucoup de nouveaux riches, qui ont amassé de véritables fortunes à la faveur de l’ouverture anarchique du pays sur l’économie de marché, sont en train de changer leurs dinars contre des devises, avant de les transférer frauduleusement vers l’étranger. Cette tendance, apprend-on, s’est même renforcée depuis que le Vieux Continent est tombé victime d’une crise financière sans précédent.

Cela a eu pour effet de faire chuter les prix de l’immobilier en Espagne de manière phénoménale. Aujourd’hui une petite villa s’achète à tout juste quelques centaines de milliers d’euros, alors qu’un appartement se négocie dix fois moins cher. Beaucoup d’Algériens se sont donc mis à «investir» frénétiquement, et de la manière la plus illégale qui soit.

Dans le même cadre, l’on croit même savoir que l’Algérie, dans le cadre de certains traités de coopération avec des pays européens précis, aurait reçu des listes exhaustives de citoyens algériens ayant acquis des biens en Espagne, en France, en Italie et même en Suisse.

Mais la «délicatesse» du dossier serait également liée au fait que pas mal de concernés auraient le bras long, et pas mal de connaissances au sommet de l’État. Il faut donc espérer qu’avec l’arrivée de sellal à la tête du gouvernement, la tendance va enfin s’inverser et que le règne de l’impunité va prendre fin.