Un impact mitigé sur la valeur des importations et la croissance globale de l’Algérie

Un impact mitigé sur la valeur des importations et la croissance globale de l’Algérie

Docteur Abderrahmane

MEBTOUL Expert International Professeur d’Université en management stratégique

L’Algérie a exporté pour 43,68 milliards de dollars; cette baisse des exportations s’est répercutée sur l’excédent de la balance commerciale qui est passé de 39,81 milliards de dollars en 2008 à seulement 4,5 milliards de dollars en 2009, assurant ainsi un taux de couverture des importations par les exportations de 112%, les hydrocarbures continuant à représenter l’essentiel des ventes algériennes à l’étranger, avec un taux de 97,6% du volume global, en recul de 44,88% par rapport à 2008.

En outre, au cours des 5 à 10 prochaines années, l’aversion accrue pour le risque, une réglementation plus prudente et la nécessité d’adopter des pratiques de prêt moins libérales que pendant la période d’expansion qui a précédé la crise se traduiront probablement par une raréfaction et un renchérissement des capitaux destinés aux pays en développement.

Concernant l’Algérie, la croissance économique qui a augmenté de 2,1% en 2009, devrait être de 3,9% en 2010 et 4% pour 2011 sous réserve d’un cours de pétrole d’environ 77/80 dollars à prix constants.

Cependant il faut replacer ces données de la banque mondiale dans leurs véritables contextes. Que représente un produit intérieur brut de 140 milliards de dollars en moyenne à prix constants en 2009 ( ayant été évalué à 9.374 milliards de dinars soit 135 milliards de dollars en 2007 par le FMI et la banque d’Algérie ) dont 45% constitué par les hydrocarbures par rapport aux exportations annuelles allemandes de plus de 1500 milliards de dollars , de la Corée du Sud de 1024 milliards de dollars en 2008 (plus de 14 fois le PIB hors hydrocarbures Algérie) ou de celui des USA qui a été clôturé à 14585 milliards de dollars ( plus de 210 fois le PIB hors hydrocarbures Algérie), PIB reposant sur les entreprises créatrices de richesses. Car les économistes calculent le taux de croissance comme la somme des valeurs ajoutées des différentes branches par rapport à l’année qui précède. Outre qu’il faille savoir qu’un accroissement par rapport à un taux de croissance faible de l’année précédente (ce qui est le cas de l’Algérie) donne toujours en valeur relative un taux de croissance faible même si le taux est supérieur l’année qui suit.

Par ailleurs, la technique connue des économistes – triangularisation du tableau d’échange interindustriel- permet de démontrer que les hydrocarbures irriguent presque l’ensemble de l’économie et le segment hors hydrocarbures l’est à plus de 80%. Sur le total hors hydrocarbures de taux de croissance de 8/9% selon le premier ministre, de 10% selon le ministre des finances ,11% selon le conseil économique et social ( qui dit mieux alors qu’en juin 2009 l’officiel invoquait 5/% et comment est-on, passé du double en 5 mois ? ) déclarations contradictoires à quelques semaines d’intervalle , restant aux seules véritables entreprises une participation réelle inférieure à 15% du total du produit intérieur brut ( PIB) entre 2004/2008 et 20% pour 2009 tenant compte de l’accroissement de la valeur ajoutée agricole toujours selon des facteurs exogènes (bonne pluviosité et non d’une bonne gestion), donc un PIB relevant des entreprises créatrices de richesses inférieur à 30 milliards de dollars US pour 2009.

Et avec l’épuisement de cette ressource éphémère , tenant compte de la consommation intérieure dans 16 ans pour le pétrole , 25/30 ans pour le gaz qu’en sera t -il de l’Algérie ? Pour l’Algérie cette performance est dérisoire comparée à la dépense publique dont les prévisions officielles 2004/2009 sont passées successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 (inclus le Sud et les hauts-plateaux) puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars. Comparé aux dépenses sur la population, des pays similaires en voie de développement dépensant le 1/3 de l’Algérie ont des taux de croissance plus importants.

Bien plus, l’ensemble des organismes internationaux prend de plus en plus en compte l’indice du développement humain IRH beaucoup plus fiable que le produit intérieur brut trop global qui voile les disparités sectorielles et structurelles. Or, dans son rapport du 05 octobre 2009 le PNUD rétrograde l’Algérie de 10 places par rapport à 2008 reculant par rapport aux années passées, dans la rubrique moyen (selon les critères, niveau très élevé, élevé, moyen et faible) avec ce paradoxe d’Etat riche mais une population de plus en plus pauvre, car avec un PIB hors hydrocarbures la position reculerait d’environ de 20 points la ramenant à la 124ème position soit parmi les pays les plus pauvres de la planète. Aussi, invoquer des taux fantaisistes pour 2009 de 10% de taux de croissance sans expliquer les raisons objectives et de 10,2% de taux chômage ( taux officiel incluant les sureffectifs des administrations / des entreprises publiques, les emplois temporaires de 3 à 5 mois au titre de la solidarité nationale et d’une manière générale tous les emplois fictifs improductifs ) alors que la banque mondiale vient d’annoncer à la fois la non proportionnalité entre les dépenses et les impacts réels et un taux de chômage pour l’Algérie de 25% non compris la sphère informelle, relève de l’utopie et discrédite encore plus l’image internationale de l’Algérie. Précisons que pour ce rapport ce sont des prévisions et attendons le rapport définitif qui subira le redressement par des tests de cohérence.

D’une manière générale, la situation étant ce qu’elle est, l’Algérie est une économie totalement rentière dans le sens négatif du terme, exportant uniquement des hydrocarbures à l’état brut ou semi brut et important presque tout n’ayant pas une politique claire de substitution d’importation rentrant dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux tenant compte du couple coût/qualité. Le retour à la gestion bureaucratique et administrative des années 1970 alors qu’ils s’agit fondamentalement d’approfondir la réforme globale à travers la mise en place d’institutions efficaces ne fait que favoriser les pratiques occultes ce qui explique d’ailleurs le classement de l’Algérie pour l’indice des libertés économiques de deux grands organismes de référence internationale , le Wall Street Journal et l’Heritage Foundation pour 2009 publié le 21 janvier 2010 qui évalue les différences économiques sur la base de 52 variables indépendantes réparties en 10 catégories de facteurs économiques, à savoir la liberté des affaires, la liberté du commerce, la liberté fiscale, les dépenses de l’Etat, la liberté monétaire, la liberté d’investissement, la liberté financière, les droits de propriété, la liberté à l’égard de la corruption et la liberté du travail., où l’Algérie est classée à la 105e position sur 183 pays .

Le rapport note surtout que l’Algérie souffre du problème de la corruption qui prend une ampleur inégalée depuis l’indépendance politique du pays, de la liberté financière (politique de change réglementée et la convertibilité du dinar n’est pas encore permise), ainsi que du problème de droits de propriété (piratage et contrefaçon). Cela renvoie à l’urgence des deux piliers du développement du XXIème siècle, à savoir une meilleure gouvernance, atténuant ces différents scandales financiers qui touchent tous les secteurs qui provoquent une névrose collective auprès de toute la population algérienne et la valorisation du savoir et donc d’une réorientation de toute la politique socio-économique.