Un homme se jette sous un train à Boufarik : Le suicide, l’autre hantise des conducteurs

Un homme se jette sous un train à Boufarik : Le suicide, l’autre hantise des conducteurs
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Les conducteurs des trains affichent leurs inquiétudes et mécontentement face à l’absence d’une prise en charge psychologique devant le nombre important d’accidents dramatiques et de suicides dont ils sont témoins et auxquels ils doivent faire face.

Hier, ce fut la goutte qui a fait déborder le vase. Le conducteur du train reliant Blida à Alger a assisté malgré lui à un acte de suicide au sortir de la gare de Boufarik. Selon le gardien du passage à niveau, l’homme aurait remarqué le train quand il a pris le départ de la gare de Boufarik et il s’est préparé à commettre son geste fatal.

Surpris par la subite apparition de l’homme au milieu des rails, le conducteur a essayé de freiner tout en actionnant les sifflets mais trop tard. Le corps a été déchiqueté et écrasé par les trois wagons de l’automotrice.

Quand il est descendu de la locomotive, le spectacle qui s’est offert à lui était traumatisant : le corps a été déchiqueté et la victime méconnaissable. N’empêche, le conducteur s’est vu contraint de répondre aux questions des enquêteurs des services de sécurité après avoir subi une prise de sang.

«Quand une personne choisit des rails pour se suicider, nous sommes considérés comme les premiers coupables alors que nous le subissons ce genre de problèmes dramatiques», observe Rabah, conducteur de train. Lui et ses collègues veulent connaître leurs droits devant de pareilles situations qui ne sont pas rares. «Est-ce que nous sommes protégés par la loi ou non ?

Car un train n’est pas comme une voiture où le conducteur peut souvent éviter ce genre d’accident en manœuvrant. Comment peut-on éviter quelqu’un qui surgit subitement de nulle part au milieu des rails, par intention ou par inattention ?», s’interroge Rabah qui évoque le débrayage déclenché l’année dernière par l’ensemble des conducteurs de trains qui ont ainsi affiché leur solidarité avec leur collègue condamné par la justice pour avoir fauché mortellement une personne.

«Le conducteur qui vit cet horrible acte de suicide est non seulement perturbé psychologiquement, mais il est contraint de reprendre le travail juste après avoir terminé de répondre aux questions des services de sécurité, sinon il risque une journée de retenue et un questionnaire de l’administration», explique encore le conducteur.

ABSENCE DE PRISE EN CHARGE PSYCHOLOGIQUE, LA DG DÉMENT

Pire. Rabah affirme qu’aucun des conducteurs ayant vécu ce genre de tragédie n’a bénéficié de prise en charge psychologique de la part des services de la direction de la Société nationale du transport ferroviaire (SNTF). Une affirmation que dément toutefois M. Dakhli, directeur des ressources humaine au niveau de la DG des chemins de fer. «Une prise en charge psychologique c’est la moindre des choses que peut faire la SNTF envers les conducteurs qui ont subi un traumatisme psychologique suite à des accidents ou des suicides commis sur le rail. Plus, cette prise en charge s’étend même aux membres de la famille des conducteurs», affirme M. Dakhli.

Le DRH défend aussi les conducteurs. Il juge que malgré leur vigilance, il y a toujours des citoyens qui, par des actes prémédités, commettent l’irréparable.

Le responsable qui après avoir tenu à rappeler l’intervention en matière juridique de la direction de la SNTF lors de la condamnation du conducteur par la justice, a expliqué qu’un travail se fait en collaboration avec le ministère du Travail pour pouvoir trouver une solution à certains problèmes liés à ce type de drames.