Le chef trahi
«Abane Ramdane était un homme juste et droit même avec les membres de sa famille. Mais, ils l’ont taxé d’homme dur», ont souligné ses cousins et cousines du village natal Azouza.
Plus on fouine dans la biographie de l’architecte de la Révolution algérienne, plus on découvre la grandeur et l’importance de cet homme libre qui a été trahi par ses propres compagnons. Mais qu’importe, puisque Abane Ramdane est mort en héros et ceux qui l’ont trahi sont rattrapés par l’histoire de tout un peuple? Détrompez-vous!
Abane Ramdane n’est pas le seul à avoir subi la trahison. C’est grâce à tous ceux qui ont fait la différence par leur droiture, intelligence et engagement honnête et sincère depuis leur jeunesse que le peuple algérien est libre et indépendant depuis 1962.
Notre déplacement au village Azouza, à Larbaâ Nath Irathen à Tizi Ouzou, à l’occasion de la célébration du 56e anniversaire de sa disparition, mais toujours présent dans l’esprit du peuple, a été couronné par la connaissance du personnage, non seulement en tant que personnage phare dans la Révolution algérienne, mais aussi en tant qu’homme qui a lutté toute sa vie dans l’anonymat depuis sa tendre enfance. «Ramdane était juste et humain. Il était juste envers tous les membres de la famille. Même s’il fallait être dur avec les membres de la famille afin de faire valoir le vrai du faux et le juste de l’injuste», a-t-on appris hier, auprès de ses cousins et cousines dont il est la fierté et l’homme libre qui a décroché son baccalauréat option maths dans les années 1940. A l’âge de 13 ans, il est parti à Blida afin de suivre sa scolarité, à Constantine, Sétif, Béjaïa où il a travaillé durant de longues années avant de se retourner contre les colons français qui l’ont condamné à mort à deux reprises avant qu’il ne soit condamné par ses pairs qu’il dépasse de loin de par son génie de stratège et homme de principes, noble et nationaliste au sens propre du mot. Prisonnier en 1952, Abane Ramdane a supporté 33 jours de grève de la faim à la frontière franco-allemande, afin de lutter pour la cause nationale, au point d’être supplié par le directeur de la prison lui-même, afin qu’il mette fin à ses activités politiques à l’intérieur de la prison en mobilisant et en éveillant la conscience des prisonniers contre le colonialisme français. Sorti de prison en 1955, Abane Ramdane, tout jeune, approvisionne en nourriture les troupes de Krim Belkacem dans les montagnes du Djurdjura qui ne sont pas loin du village natal Azouza. Une année après son enrôlement au mouvement du FLN de l’époque, le 7 mars 1955, par Krim Belkacem, une autre figure emblématique de la Révolution algérienne qui a été trahi de même dans une chambre d’hôtel en Allemagne, Abane Ramdane organise le Congrès de la Soummam le 20 août 1956 à Ifri, dont l’événement constitue un tournant historique dans l’histoire de la Révolution algérienne jusqu’à l’Indépen-dance nationale.
L’architecte de la Révolution qui ne fait pas de cadeau lorsqu’il s’agit de la cause algérienne, fut condamné une troisième fois par ses pairs, et ce, pour avoir osé dire et défendre ce qu’il voit juste et utile pour le renforcement de la Révolution algérienne, qui a fait plier l’une des plus grandes puissances économiques et militaires dans le monde, à savoir la France coloniale de l’époque.
Né le 10 juin 1920 au village Azouza qui se situe à quelque 1000 mètres d’altitude, il a été trahi par ses pairs le 27 décembre 1957 à Tetouan au Maroc. La maison parentale du défunt est érigée en musée depuis 2010 par le ministère de la Culture.