Un haut responsable de l’opposition tunisienne assassiné par balles

Un haut responsable de l’opposition tunisienne assassiné par balles
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La famille accuse Ennahda, le parti au pouvoir d’avoir perpétré le crime contre Chokri Belaïd. Mais le premier ministre, Hamadi Jebali, dénonce fermement cet acte de violence. Et le président, Moncef Marzouki, va rentrer d’urgence de Strasbourg. Dans la rue, la colère monte

Un millier de personnes seraient déjà en train de manifester à Tunis, en face du Ministère de l’Intérieur, après que le chef du Mouvement des patriotes démocrates, parti d’opposition tunisien, Chokri Belaïd, a été assassiné par balles mercredi matin dans la capitale du pays, a indiqué son frère à l’AFP. «Mon frère a été assassiné, je suis plus que désespéré et déprimé», a indiqué à l’AFP Abdelmajid Belaïd. Selon l’épouse de l’opposant, s’exprimant sur la radio Mosaïque FM, il a été touché par deux balles alors qu’il sortait de chez lui. Chokri Belaïd, figure de l’opposition de gauche, avocat, défenseur des droits de l’homme et critique acerbe du gouvernement actuel, avait rejoint une coalition de partis, le Front populaire, qui se pose en alternative au pouvoir en place.



Son frère a immédiatement accusé le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien, d’être responsable du meurtre: «J’emmerde tout le mouvement Ennahda et j’accuse [son chef], Rached Ghannouchi,d’avoir fait assassiner mon frère», a-t-il déclaré, sans plus d’explication. Mais le premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, a dénoncé un «acte de terrorisme» contre toute la Tunisie après ce meurtre, sur les ondes de la même radio, promettant de tout faire pour que le tueur soit arrêté rapidement.

«Un tournant grave»

«Le peuple tunisien n’est pas habitué à ce genre de choses, c’est un tournant grave. […] Notre devoir à tous, en tant que gouvernement, en tant que peuple, c’est de faire preuve de sagesse et de ne pas tomber dans le piège du criminel qui vise à plonger le pays dans le désordre», a-t-il déclaré. Selon lui, la victime a été tuée par balles tirées à bout portant par un homme habillé d’un vêtement de type burnous, sorte de long manteau traditionnel en laine avec une capuche pointue.

Le président tunisien, Moncef Marzouki, a pour sa part annulé sa participation au sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI): «Il rentre en début d’après-midi. Ça vient d’être décidé», a déclaré à l’AFP Ghassen Dridi, un conseiller du chef de l’Etat joint par téléphone. M. Marzouki était à Strasbourg où il a participé mercredi à une séance du Parlement européen et rencontré le président français, François Hollande. Il devait se rendre jeudi au Caire depuis la France pour le sommet de l’OCI.

La présidence a aussi dénoncé dans un communiqué le meurtre de Belaïd comme un crime «odieux» visant «à mener le peuple tunisien à la violence». Elle a aussi appelé «à la retenue et à la sagesse». La Tunisie a vu se multiplier les violences sociales et politiques ces derniers mois. Plusieurs partis d’opposition et des syndicalistes ont accusé des milices pro-islamistes d’orchester des heurts ou des attaques contre les opposants ou leurs bureaux.