Ancien fonctionnaire dans le service de l’Etat-civil de l’APC de Baraki, Abderahmane a décidé de quitter son poste pour se consacrer à un autre, en l’occurrence écrivain public. Souffrant d’un handicap physique, il espérait par cette démarche gagner plus sa vie pour améliorer sa situation sociale mais il se rendait compte rapidement que son nouveau job n’est pas plus attractif que le premier. C’est ainsi que l’idée de passer un autre cap commença à effleurer son esprit jusqu’à ce qu’il franchit le pas. Dans le mauvais sens malheureusement puisque l’enfant de Baraki se lança dans une spirale à la fois dangereuse et illicite.
« Je devais absolument subvenir aux besoins de ma famille et je n’ai pu trouver mieux », a-t-il tenté de justifier ses actes devant le tribunal criminel d’Alger où il a comparu pour falsification de documents officiels et faux et usage de faux. Lors de la découverte de la « cache » d’Abderahmane, les policiers sont restés médusés devant l’impressionnant lot de documents et autres attestations qu’il a pu falsifier mais aussi des cachets d’institutions officielles. On citera des sceaux de la Cour d’Alger, du tribunal d’El Harrach, du procureur général près la Cour de Jijel et des services des impôts. Pour les faux documents, ça passe des certificats de scolarité aux attestations des émoluments en passant par les bulletins scolaires, les certificats de la sécurité sociale comme la non affiliation, les actes notariés, les pièces d’identité et les certificats de travail. Pour ces derniers, et à titre d’exemple, on a saisi 11 documents au nim d’une même personne. Quant Il percevait entre 1500 et 2000 DA la pièce vendue, selon l’enquête des services de sécurité. L’accusé qui a des antécédents judiciaires dans ce genre de délits et crimes est tombé dans les filets de la police suite à l’arrestation d’un de ses nombreux clients en possession d’un permis de conduire falsifié. Interrogé, ce dernier balancera le nom de son fournisseur et quelques temps plus tard, Abderahmane est surpris en flagrant délit par la police qui a suivi ses traces pendant plusieurs jours jusqu’à ce qu’il est pris alors qu’il se trouvait à l’intérieur d’un véhicule entrain de fournir un énième faux document à un autre client, à savoir une fiche de la CNAS.
Il prenait d’une cave se trouvant à côté de son domicile son atelier de fabrication des faux documents. Concernant le matériel, utilisait un micro-ordinateur, une imprimante, un dactylographe et un scanner qu’il cachait souvent chez sa voisine sans que cette dernière ne soit toutefois au courant des agissements de cet homme aux besoins spécifiques. « Elle n’a rien à voir dans cette histoire car elle ignorait tout de ce que j’accomplissais avec ce matériel », a fait savoir l’accusé.
Lors de son réquisitoire, le procureur général a requis une peine de 20 ans de prison contre Abderahmane et déclaré à ce sujet que ce dernier mérite une sanction exemplaire, se basant sur les aveux de ce dernier et soutenant que les preuves de sa culpabilité ne souffrent d’aucun doute. De son coté, la défense de l’accusé a plaidé coupable et souhaité les circonstances atténuantes pour son client en ne manquant pas de relever la situation de ce dernier qui voulait améliorer la situation sociale de sa famille. Finalement, et après délibérations, la Cour a prononcé une peine de 5 ans de prison ferme .
N. M.