Un président du Sénat, un général à la retraie et un conseiller à la présidence. Voila donc pour l’heure le trio qui devrait piloter le projet de réformes politiques annoncées par le président Bouteflika. Celui-ci a donc désigné MM. Mohamed Touati et Mohamed Ali Boughazi, conseillers à la Présidence, pour mener, au côté de M. Abdelkader Bensalah, de concert avec lui et sous son égide, l’organisation et le déroulement des consultations prévues sur les réformes politiques, indique dimanche 15 mai un communiqué de la présidence de la République.
Le président du Sénat, M. Bensalah, entamera les consultations à partir de samedi 21 mai 2011, indique encore le même communiqué. Ces réformes touchent notamment à la prochaine révision constitutionnelle et les textes législatifs relatifs au régime électoral, aux partis politiques, à la place de la femme dans les assemblées élues, au mouvement associatif, aux incompatibilités avec le mandat parlementaire, au code de wilaya et à la loi organique relative à l’information.
« Comme l’a annoncé le président de la République, les vues et les propositions exprimées majoritairement dans le cadre de ces consultations, pour peu qu’elles soient conformes aux constantes de la société algérienne et aux éléments constitutifs de notre identité nationale, seront reflétées dans les amendements constitutifs et législatifs visant à renforcer l’édifice institutionnel qui repose sur les règles de l’exercice démocratique, de la participation et du libre choix du citoyen », souligne le même communiqué.
Un militaire proche des démocrates, un islamiste BCBG, un président du Sénat estampillé conservateur, voila donc ce qui s’apparente à un dosage sensé illustrer les différentes sensibilités politiques du pays. Une vieille recette déjà expérimentée en 1994 avec la commission du dialogue nationale dont le porte-parole était…Abdelkader Bensalah.
Cette commission devait à l’époque préparer la transition suite à la fin du mandat du HCE ( Haut comité d’Etat ), mis en place après la démission du président Chadli Bendjedid en janvier 1992.
L’homme qui devait assurer la transition était un certain Abdelaziz Bouteflika. Alors qu’il avait accepté le poste de président de l’Etat après une série de négociations avec l’armée, Bouteflika change d’avis à la dernière minute. Il refuse la présidence de la République et s’envole vers la Suisse.
Dix sept ans plus tard, Bouteflika confie donc la destinées de ses réformes au même Bensalah
Natif de Tlemcen, Abdelkader Bensalah, 70 ans, est connu pour être proche du chef de l’Etat. Alors qu’il a été difficilement élu député lors des législatives de le 30 mai 2002, il a été parachuté quelques jours plus tard sénateur dans le tiers présidentiel avant d’être élu président du Sénat, poste qui conserve depuis bientôt neuf ans.
Général-major à la retraire, Mohamed Touati, né en 1937 d’une famille kabyle, est réputé pour sa proximité avec des partis de la mouvance démocrate, notamment le RCD de Said Sadi. Catalogué « janvieriste » pour avoir été l’un des concepteurs de l’arrêt du processus électoral en janvier 1992 après la victoire des islamistes du FIS, Mohamed Touati est surnommé « El Mokh », le cerveau, l’éminence grise de l’institution militaire. Le général Touati est conseiller aux affaires de sécurité à la présidence de la République.
Pour compléter ce trio, Bouteflika a désigné un islamiste BCBG, Mohamed Ali Boughazi, natif de Skikda, dans l’Est d’Algérie, est un ancien député du parti Ennahda lors des législatives de 1997. Nommé ministre des travaux publics, de l’aménagement du territoire, de l’environnement et de l’urbanisme, dans le premier gouvernement du président Bouteflika formé en décembre 1999, M. Boughazi a connu des fortunes diverses.
Rétrogradé au rang de ministre délégué auprès du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, chargé de la recherche scientifique, sous le gouvernement d’Ali Benflis entre août 2000 et juin 2002, l’homme est depuis nommé conseiller à la présidence de la république. Mohamed Ali Boughazi est chargé de délivrer la parole du chef de l’Etat quand celui-ci n’est pas en mesure de s’exprimer publiquement.
C’est donc ce trio qui devra piloter ces réformes politiques que les partis de la mouvance démocrate, en l’occurrence le RCD de Said Sadi et le FFS de Hocine Ait Ahmed, ont déjà décidé de boycotter.