Le soutien aux droits de l’Homme est l’un des piliers de la politique étrangère des États-Unis d’Amérique.” Malgré les multiples critiques brandies de temps à autre par ses contempteurs, Washington n’est pas prêt visiblement à abandonner son soutien aux défenseurs des droits de l’Homme là où ils se trouvent.
Lundi soir, au siège de l’ambassade des États-Unis à Alger, la nouvelle ambassadrice Joan A. Polaschik a rendu un hommage appuyé à tous ceux qui “travaillent pour la promotion” des droits de l’Homme en Algérie. “Alors que l’ambassade des États-Unis célèbre la Journée internationale des droits humains, nous rendons hommage à ceux qui travaillent tous les jours dans le monde entier pour construire une culture du respect des droits de l’Homme”, a-t-elle affirmé lors d’un forum sous le thème “Célébration des acquis des droits de l’Homme”, organisé à l’occasion de la célébration de la Déclaration universelle des doits de l’Homme. Probablement pour ne pas froisser Alger, encore plus après les remarques des parlementaires européens relayés par la presse algérienne, Joan A. Polaschik n’a pas émis de remarques particulières sur la situation des droits de l’Homme en Algérie.
Aucune critique n’a été formulée. Signe de cette prudence de la diplomate : seules ses déclarations étaient officielles, le reste des autres interventions “étant non officielles”, selon l’agenda convenu. Devant ses invités, dont des représentants d’ONG locales et de la société civile, la diplomate américaine s’est plutôt étalée sur les mérites des initiateurs de la Déclaration universelle des droits de l’Homme avant de saluer le combat des militants algériens, notamment durant la décennie noire.
“Ici en Algérie, nous tenons à souligner en particulier le travail des militants qui ont persévéré par leur engagement, tout au long de la décennie noire et souvent au péril de leur vie, pour défendre ces valeurs universelles. Pendant cette période difficile, tant de militants de la société algérienne étaient indispensables à la préservation de l’espoir et de la dignité de leurs concitoyens — les journalistes, qui ont continué à rapporter des faits importants dans des conditions dangereuses, les professeurs et les étudiants qui ont continué leur quête du savoir bravant les menaces des milices, les femmes qui ont protesté ouvertement dans les rues contre la répression des extrémistes ; et bien sûr, les innombrables travailleurs humanitaires et les leaders de la société civile, qui ont tous travaillé sous la menace qu’ils pouvaient payer leur engagement de leur vie. C’est cet esprit indomptable que nous célébrons aujourd’hui”, a-t-elle dit.

Les représentants des ONG et associations conviés, sans doute échaudés par l’épisode Wikileaks, se sont contentés d’évoquer leurs parcours et les multiples actions engagées en faveur de la promotion des droits de l’Homme sans formuler la moindre critique sur les multiples violations des libertés constatées au quotidien. Le même jour de la tenue du forum, des Patriotes, ceux-là mêmes qui étaient à l’avant-garde de la lutte antiterroriste, ont été empêchés de marcher sur Alger. Alors qu’une responsable d’une association évoquait l’aboutissement de son plaidoyer pour la représentation des femmes dans les assemblées élues, un représentant d’une autre association a parlé des “acquis obtenus pour les droits des enfants”, même s’il admet que “beaucoup reste à faire”. S’il se félicite de la signature par l’Algérie de nombreuses conventions, un autre représentant d’une ONG, dans une critique subtile, a fait observer que certaines lois algériennes ne sont pas conformes aux conventions.
En revanche, une autre représentante s’est carrément fait l’avocate du pouvoir algérien, égrenant les multiples réalisations du gouvernement pour répondre aux besoins des populations. Elle n’a pas manqué d’égratigner les Occidentaux, particulièrement les États-Unis, pour les guerres qu’ils ont menées et sur leurs conséquences sur les droits de l’Homme. Réponse, somme toute diplomatique, de Polaschik : “Justement, les États-Unis vous permettent de vous exprimer librement.”
K. K