«Il hurlait qu’il allait tous nous tuer, que nous devions tous mourir». Vendredi, Anders Behring Breivik, 32 ans, un fondamentaliste chrétien proche, commet un carnage dans de l’île d’Utoeya, près d’Oslo en Norvège. Des survivants de la tuerie ont raconté aux médias la fusillade qui a coûté la vie à 84 personnes.
Selon un jeune homme interrogé par CNN, une partie des participants de l’université d’été étaient rassemblés pour une réunion d’information sur l’attentat qui venait de toucher le centre d’Oslo. Un homme habillé en officier de police se serait alors approché et aurait demandé à prendre la parole.
«Nous l’avons évidemment laissé faire», explique le témoin. C’est alors que l’homme, qui avait sur lui plusieurs sacs contenant des munitions, se serait mis à tirer sur le groupe. Une tuerie qui selon d’autres témoins, aurait duré près d’une heure.
Cet homme est Anders Behring Breivik, décrit par les médias norvégiens comme un nationaliste, qui se démarque par ses déclarations hostiles à l’islam sur les forums internet.
Proche des milieux d’extrême-droite, le suspect aurait des permis pour le port de trois armes, un pistolet Glock, une carabine et un fusil automatique.
C’est à l’aide de cet arsenal qu’Anders passera à l’action.
Fuite à la nage
Les premiers tirs ont semé la panique sur l’île. De nombreux jeunes ont tenté de fuir le tueur, en se cachant dans les bâtiments, les fourrés, les arbres. Certains participants auraient cru qu’il s’agissait d’un simple exercice d’évacuation, ou d’une blague. Nombre d’adolescents et de jeunes adultes ont eux cherché à fuir l’île à la nage, dont le témoin de CNN.
«Je n’arrivais plus à respirer, j’avais avalé trop d’eau. J’étais le dernier à sauter à l’eau pour échapper à l’homme, mais je n’ai pas eu le temps d’enlever mes vêtements. Je me sentais en train de couler, mes chaussures et mes habits prenaient l’eau», explique-t-il. Il a dû faire demi-tour et se cacher sur l’île pour éviter la noyade. «Je m’en suis sorti avec deux autres personnes. On s’est fait passer pour morts.»
D’autres jeunes ont tenté la même ruse, mais n’ont pas survécu. D’après un jeune homme interrogé par AP, le faux policier achevait à coup de fusil dans la tête les personnes à terre. Un carnage méthodique. Plusieurs autres témoignages affirment que le tueur tirait à vue sur les adolescents tentant de fuir l’île à la nage.
«Ça semblait irréel»
«Je pouvais l’entendre respirer», raconte une adolescente de 15 ans, qui s’était réfugiée sous un rocher depuis lequel le tireur faisait feu. La jeune fille a pu appeler ses parents, qui lui ont conseillé de rester calme, et de retirer sa veste de couleur vive afin de ne pas être repérable.
Une autre adolescente interrogée sur Sky News explique s’être réfugiée dans un bâtiment pour se cacher sous un lit. «À un moment, les tirs étaient vraiment très près de là où je me trouvais. Je crois qu’il a tiré une fois sur le bâtiment. Les gens dans la pièce d’à côté se sont mis à hurler». La jeune femme est restée cachée plus de deux heures, avant d’être secourue par la police. «Ça semblait tellement irréel, surtout dans un pays comme la Norvège. On ne peut pas imaginer qu’une chose pareille puisse arriver ici.»
Interpellé vendredi soir par la police, Anders Behring Breivik été inculpé pour la tuerie, qui a fait au moins 84 morts, mais aussi pour l’attentat à la bombe commis un peu plus tôt dans la capitale norvégienne, a annoncé samedi la police norvégienne.
Sur son profil sur Facebook, le suspect, à la chevelure blonde, mi-longue, se décrit comme «conservateur», «chrétien», célibataire, intéressé par la chasse et par des jeux tels que «World of Warcraft» et «Modern Warfare 2». Sur son compte Twitter il n’a posté qu’un seul message remontant au 17 juillet et qui est une citation du philosophe anglais John Stuart Mill : «Une personne avec une croyance a autant de force que 100.000 personnes qui n’ont que des intérêts».