Un expert prévient, Attention à la rupture de la devise en Kabylie

Un expert prévient, Attention à la rupture de la devise en Kabylie

En dépit de la bonne croissance enregistrée, l’année dernière, et qui est optimiste pour l’année en cours, grâce à l’augmentation des prix du pétrole, la Kabylie demeure le talon d’Achille du développement local, en Algérie. C’est ce qu’a déclaré l’économiste algérien établi à l’étranger, El- Mouhoub Mouhoud, lors de la conférence de presse qu’il a tenue, hier, à Alger, à l’initiative du Think Tank care, avec le soutien de la Fondation Friedrich Naumann.

Quoique l’Algérie ait enregistré une bonne croissance, l’année dernière, les établissements, censés de la calculer, n’accordent pas leurs violons. La Banque d’Algérie avance un chiffre de 5,1 %, alors que le ministère des Finances se contente du 3 %.

Dans les deux cas, El-Mouhoub Mouhoud affirme que beaucoup de régions sont mal lotis, en matière de développement local en Algérie, à leur tête la Kabylie. Selon lui, cette région dépend de 20 % des recettes induites par le transfert des capitaux. «Avec la rupture du transfert de capitaux de l’étranger, la Kabylie sera fortement secouée», a-t-il averti.

Dans ce sillage, cet expert rejoint l’avis de certains économistes algériens, à leur tête Abdelhak Lamiri, qui désapprouvent l’injection des recettes pétrolières dans l’économie, afin de créer de la croissance. Avec cette méthode, la croissance est extensive et ne reflète pas, réellement, la sphère réelle de l’économie.

Ainsi, il rejoint, également, l’avis de ces mêmes experts qui préconisent, en revanche, l’injection de ces recettes pétrolières, dans l’école et l’université. À ce titre, El-Mouhoub Mouhoud a illustré sa thèse avec l’exemple de Singapour. Ce petit Cité-État a réussi de devenir un pays développé, en investissant, pleinement et durablement, sur l’école.

Il possède une économie prospère et moderne, caractérisée par un environnement ouvert et exempt de corruption, des prix stables et un des plus élevés PIB, par habitant, au monde (36 378 $US, en 2009). Son économie repose sur les services bancaires et financiers (deuxième place financière d’Asie, après le Japon), le commerce, la navigation (le deuxième port du monde, derrière Shanghai, pour le tonnage cargo.

Finalement, El-Mouhoub Mouhoud suggère au gouvernement algérien de mobiliser la diaspora algérienne, établie à l’étranger. Cette élite servira d’un vase communicant entre les cadres algériens, demeurant en Algérie, et de ce qui se fait dans le reste du monde. En outre, cette diaspora apportera ces institutions, sans pour autant qu’elle soit présente, en permanence, au pays.

À cet égard, et comme le démontre très bien cet économiste, la recherche et le développement ne battent pas de plein fouet, en Algérie. Avec un taux de 0,3 %, elle se trouve à la dernière classe du classement. L’infime recherche, atteste un participant, est focalisée autour de la recherche scientifique. D’où l’intérêt primordial à l’expertise de cette diaspora algérienne établie à l’étranger. Toutefois, El-Mouhoub Mouhoud admet que les facteurs répulsifs l’emportent sur les facteurs attractifs.

Ce qui explique son choix de s’établir en France. Le ministère des Affaires étrangères, à travers ses différents départements, a mené une campagne de charme, afin de courtiser l’intelligentsia algérienne, établie à l’étranger. Seulement, une question s’impose : est-ce qu’il va réussir à la convaincre de sacrifier son statut social et son excellent environnement de travail qu’elle a, finalement, trouvé et d’accepter de retourner au pays ?

Fawzi Khemili