Un ex-détenu de Guantanamo va poursuivre les États-Unis

Un ex-détenu de Guantanamo va poursuivre les États-Unis

Mohammad Jawad, un des plus jeunes détenus jamais emprisonné à Guantanamo, rentré lundi en Afghanistan, va engager des poursuites en justice contre les États-Unis pour obtenir des indemnisations pour ses sept années d’emprisonnement sans jugement, a annoncé son avocat jeudi à Kaboul.

Le jeune homme, emprisonné à l’âge de 12 ans selon sa famille, est arrivé lundi à Kaboul dans un avion militaire américain, une semaine après qu’un juge fédéral eut donné jusqu’au 24 août pour le libérer.



« La prochaine étape est maintenant de demander aux gouvernements afghan et américain de l’argent pour l’aider à se former et le ramener à la normalité », a déclaré au cours d’une conférence de presse le commandant du corps des Marines américains Eric Montalvo, désigné comme avocat par le département américain de la Défense.

« Si vous privez quelqu’un de liberté pendant sept ans, personne ne va s’en réjouir. Et en plus, ne pas lui donner un quelconque dédommagement – un moyen quel qu’il soit pour le ramener à la civilisation – c’est inacceptable », a ajouté Eric Montalvo.

« Il n’y a pas de différence entre être cloîtré à Guantanamo et être libéré dans la jungle sans assistance », a-t-il jugé.

Eric Montalvo a maintenu que son client était âgé de 12 à 15 ans lorsqu’il avait été arrêté.

Le Pentagone affirme qu’il avait 16 ou 17 ans lorsqu’il avait été capturé en Afghanistan, accusé d’avoir lancé une grenade sur un convoi américain.

L’avocat a indiqué que le ministre afghan de la Défense Abdul Rahim Wardak avait promis d’aider son client, soulignant que cela ne l’empêcherait pas de « poursuivre le gouvernement américain pour qu’il l’aide dans sa transition » à la vie civile.

Une procédure pour obtenir des compensations sera engagée devant des tribunaux fédéraux américains, mais l’avocat demande aussi une aide immédiate pour les dépenses de nourriture et d’hébergement de son client, motivée par sa situation actuelle – manque d’éducation, famille pauvre, mère veuve.

« Cela ne coûtera pas beaucoup d’argent de l’aider à financer sa vie en Afghanistan. Je crois que c’est une petite somme d’argent qui ferait une énorme différence dans la vie de ce jeune homme », a assuré Eric Montalvo, sans vouloir donner de montant.

« La procédure n’a pas encore été lancée. (…) La nature du litige est quelque chose dont nous devons encore discuter », a-t-il dit.

Après de nombreuses procédures judiciaires, un juge militaire avait rejeté la plupart des éléments à charge présentés par le gouvernement américain contre Mohammad Jawad au motif que ses déclarations avaient été recueillies à l’époque par les autorités afghanes sous la torture.

En 2008, un procureur du gouvernement dans ce dossier, Darrel Vandeveld, avait remis sa démission de manière fracassante, en assurant que le système des tribunaux d’exception était injuste et que le dossier de Mohammad Jawad était vide.