Un enfant SDF sur quatre enrôlé dans le trafic des stups

Un enfant SDF sur quatre enrôlé dans le trafic des stups

En 2012, le ministère de la Solidarité nationale a annoncé qu’ils étaient 11 000 enfants sans domicile fixe à errer dans les rues algériennes. Aujourd’hui, leur nombre est passé à 20 000, selon la Gendarmerie nationale, dont 5 000 sont ciblés par les réseaux de trafic de drogue.

Les menaces qui guettent les mineurs sont multiples. Elles peuvent même constituer un danger pour leur vie. Parmi ces graves menaces, la drogue. Sur 20 000 enfants SDF, 5 000 ont déjà touché au cannabis, certains sont devenus accros à la drogue, d’autres sont carrément enrôlés dans des réseaux de trafic de stupéfiants.

Ce sont là des chiffres révélateurs dévoilés par le Commandement de la Gendarmerie nationale dans une étude faite en 2016 sur ce fléau qui gangrène la société et qui, par conséquent, engendre de multiples catastrophes sur l’avenir de ces mineurs.

Quel sera le sort des enfants qui résident dans les rues, ces SDF à la fleur de l’âge, dont le nombre dépasse aujourd’hui les 20 000 en Algérie ? Comment s’assurer que les ravisseurs ne s’emparent pas de ces enfants SDF ?

Et comment peut-on protéger ces mineurs des formes de criminalité, entre autres la drogue ? Les 20 000 enfants SDF qui hantent les rues des villes algériennes ont, certes, fait l’objet d’intenses mesures prises, durant ces dix dernières années par le gouvernement, entre autres un abri sûr pour ces mineurs et une politique d’intégration plus prenable, toutefois aucun progrès n’a été fait.

Bien au contraire, la situation s’est détériorée davantage pour cette frange de la société du fait de leur nombre qui n’a cessé d’augmenter d’une année à une autre et de l’émergence de nouvelles formes de criminalité.

Loin de leurs familles, ils côtoient le crime

Une proie facile pour les réseaux de malfaiteurs. Les enfants SDF qui occupent les rues avec leurs bouts de carton risquent de devenir la prochaine cible des réseaux de trafic en tous genres qui surgissent par surprise.

On pense aux enfants sans domicile fixe qui peuplent les rues de nombre de villes algériennes et qui peuvent, notamment, être la cible des réseaux de drogue.

En 2012, le ministère de la Solidarité nationale a annoncé qu’ils étaient 11 000 enfants sans domicile fixe à errer dans les rues algériennes, précisant que ce chiffre a été établi en 2012. Le nombre aurait augmenté avec le rythme des expulsions de familles de leur logement et la déperdition scolaire, d’après une source proche de ce département ministériel.

Ils seraient, aujourd’hui, près de 20 000 enfants SDF livrés à la rue. L’augmentation du nombre d’enfants SDF est constatée par la Gendarmerie nationale à travers des études et opérations menées par les différentes brigades, notamment les patrouilles nocturnes.

De son côté, le Samu social, qui multiplie les efforts pour venir en aide à cette frange juvénile, a tiré la sonnette d’alarme sur les enfants SDF versés dans le trafic de cannabis.

Cependant, ces structures ne peuvent aller au-delà des moyens matériels disponibles et le problème des enfants sans domicile fixe, malgré tous les efforts consentis, est toujours là, allongeant la souffrance des enfants en difficulté.

Abdelhamid, 11 ans, victime de la drogue

La présence d’enfants SDF dans les rues est constatée par l’ensemble de la société civile, y compris les citoyens qui ne cessent de signaler cette existence aux forces de sécurité.

« En chacun de ces enfants je vois un éventuel petit Amine », dit un passant, faisant allusion au kidnapping d’Amine Yarichéne. Le danger guettant ces enfants est quotidien, comme celui d’être enlevés, percutés par une voiture ou agressés.

La nuit, nombreux parmi ces enfants passent la nuit dans des jardins publics ou à même la chaussée. Nombre de ces enfants comptent parmi des familles expulsées de chez elles, d’autres hantent les rues, seuls. Certains tentent de survivre en vendant des cigarettes et autres produits pour subvenir à leurs besoins.

D’autres font dans la mendicité. Abdelhamid est un enfant de 11 ans rencontré aux alentours de la Grande Poste, au centre d’Alger. « Je vis dans la rue depuis une année et je me débrouille en vendant des cigarettes et en essuyant les vitres des voitures de passage », nous dit-il, tout en refusant de relater son histoire. Toutefois, le petit Abdelhamid nous a confirmé qu’il fumait,

parfois, des joints de kif, en cachette.

Génération cannabis

Près de 5 000 mineurs se droguent et trafiquent le cannabis en Algérie. Ils sont enrôlés par des réseaux de trafic entre 2010 et 2015. Serait-on en train de dire que la drogue s’est « enracinée » chez cette frange fragile de la société ?

Le terrible constat des services de sécurité prouve cela malheureusement. C’est lors du séminaire national tenu il y a quelques mois à l’Université d’Oran que la Gendarmerie nationale et le ministère de l’Enseignement supérieur ont dévoilé le nombre d’enfants enrôlés au sein des réseaux de drogue.

Ils sont 5 000 mineurs dans le pays. Le trafic de drogue et la toxicomanie, deux fléaux majeurs qui planent sur la société algérienne et contre lesquels les services de sécurité mènent une lutte au quotidien. L’enjeu est de taille. Les conséquences sont dévastatrices. Et les répercussions sont démoniaques. Outre des préjudices sur l’économie nationale, le trafic de drogue a engendré, par ailleurs, une autre catastrophe, celle de l’avenir de milliers d’enfants.

En cinq ans (2010 à 2015), 5 000 enfants sont enrôlés par les réseaux de trafic de drogue (chiffre dévoilé par la Gendarmerie nationale). Le constat est alarmant du moment que le nombre est appelé à augmenter dans les prochaines années. Qui sont ces mineurs et comment sont-ils recrutés par les trafiquants ? Quelles sont leurs activités au sein des réseaux ? Autant de questions posées par de nombreux citoyens.

Déperdition scolaire et expulsion du domicile

Les enquêtes menées par les gendarmes ont dévoilé la face cachée de ce fléau qui tend à devenir un mode opératoire rassurant pour les réseaux de trafic de drogue. Dans la plupart des affaires traitées par les gendarmes, il s’agit d’enfants dépouillés de leurs droits à l’éducation, à une vie stable et faisant face à une déstabilisation parentale.

Des « prisonniers « de la rue étant donné que certains parmi ces enfants sont devenus des SDF. Mais les enquêtes des services de sécurité ont démontré, en parallèle, que certains de ces mineurs devenus trafiquants de drogue sont nés et élevés dans des milieux favorables, voire riches.

Les trafiquants de cannabis ont adopté une technique machiavélique qui consiste à se rapprocher des mineurs SDF pour leur proposer un joint avant d’être utilisés pour transporter le cannabis au profit des acheteurs.

Egarés, les enfants SDF en difficultés socioéconomiques acceptent rapidement de fumer leur premier joint de drogue, et c’est à partir de cet instant que le premier contact entre ces enfants et les trafiquants commence. Une fois le lien établi, les trafiquants imposent leur stratégie. Ces derniers proposent régulièrement des joints à leurs proies.

L’objectif est clair, ils doivent les revendre à des clients ou les transporter aux adresses indiquées par les trafiquants. Ils leur promettent de gagner leur « part « du gâteau, ce qui a poussé la plupart des moins de 15 ans à accepter leur nouveau travail. Les « réclusionnaires » de la rue devenus trafiquants de kif. Des enfants mendiants puis trafiquants de drogue. Beaucoup d’enfants ont connu cette terrible traversée du désert.

De véritables « otages »

Les enfants mendiants. Un fléau de société, un drame au quotidien, une triste réalité et un avenir incertain. Comment ces enfants finissent-ils dans le trafic de drogue après avoir enduré la mendicité ?

Aujourd’hui, beaucoup d’enfants font l’objet d’une forme d’ « esclavagisme » dictée par une situation sociale défavorable, parfois par un difficile lien conjugal (disputes entre leurs parents qui mènent au divorce), des plus pénibles qu’ils soient.

A la place Audin, au cœur d’Alger, de nombreux enfants « jonchent » les rues les plus huppées de la capitale pour demander la charité aux passants. Certains de ces enfants étaient des « transporteurs » de kif traité.

Leurs « employés » sont des revendeurs de joints connus par les services de sécurité. Chaque livraison de cannabis rapporte à ces enfants un gain facile et rapide, de quoi s’approvisionner en vêtements et en nourriture. Certains parmi ces enfants débarquent à Alger par train, certains viennent de Blida, d’autres de Thénia, alors que beaucoup sortent de leurs maisons rudimentaires à l’aube, depuis des communes de l’est d’Alger.