Un enfant de 4 ans meurt le jour de la visite du ministre de la Santé, L’enfer des malades cancéreux

Un enfant de 4 ans meurt le jour de la visite du ministre de la Santé, L’enfer des malades cancéreux

Bien qu’il soit le seul centre anti-cancer (CAC) de la région Ouest, l’établissement hospitalier spécialisé (EHS) Émir Abdelkader, situé à Bouamama, est très sollicité par les malades venus des différentes villes et wilaya avoisinantes.

D’Oued R’hiou, Sebdou, Tlemcen, Tiaret, Relizane, ou Oran, ils sont des centaines à faire le voyage de l’espoir, pour subir un traitement de chimiothérapie, un suivi ou un simple diagnostic. De nombreux malades rencontrés sur place ont fait état de nombreuses difficultés auxquelles ils sont confrontés durant la période de traitement.

Ces malades atteints de cancer ou suspectant une tumeur dépensent de grandes sommes d’argent pour assurer le transport, du fait de la défaillance d’ambulances, pour rejoindre l’établissement spécialisé en oncologie. La pénurie constatée de certains médicaments est l’autre face du problème. Plusieurs malades et même des médecins de cet établissement sanitaire ont signalé et dénoncé ce problème.

Ils affirment que plusieurs patients atteints de cancer ont perdu la vie à cause du manque de médicaments et de la défaillance de certains appareils.

Le dernier décès en date concerne un enfant de quatre ans et demi, et, est survenu le jour même de la visite du Ministre de la Santé, de la Population et de la Reforme Hospitalière (MSPRH), M. Djamel Ould Abbès. Cet enfant avait suivi un traitement depuis le mois de Ramadan dernier, et c’est parce que les médicaments ont manqué, que son état de santé s’est aggravé, selon un membre de l’Association d’aide aux malades cancéreux.

Un malade, venu de Oued R’hiou dans la wilaya de Relizane, nous dira : «Cela fait quinze (15) jours que je viens ici, et je ne reçois pas de traitement. On me dit, à chaque fois, qu’il faut attendre beaucoup de temps, car il y a plusieurs dossiers en attente. Je suis obligé, la mort dans l’âme, de retourner chez moi bredouille et plus malheureux qu’avant».

Un autre résident à Oran nous dira : «l’Algérie a de quoi construire des routes, offrir des postes de travail et construire des millions de logements, mais elle ne peut pas faire face à la pénurie des médicaments qui laisse des malades comme moi mourir à petit feu ? Je ne le crois pas. C’est les responsables qui sont incompétents, ils auront sur la conscience la mort de dizaines de pauvres gens qui n’ont pas de choix, que de se résigner, car ceux qui sont là haut, ils se soignent en Europe».

La vie des cancéreux est un enfer. Au-delà des dépenses, des faux espoirs et des mensonges sont servis aux malades. Un malade nous dira à ce sujet : « «A chaque fois que je viens on me change le rendez-vous et quand je reviens on me demande pourquoi je ne me suis pas présenté à la dernière séance.

C’est fou !» Le problème des pannes répétitives des appareils de radiothérapie est toujours d’actualité. «L’hôpital dispose déjà de deux (2) simulateurs. L’un d’eux est en panne, depuis un mois à cause de l’absence de pièces de rechange, et l’autre est utilisé comme simulateur de secours, mais il travaille à plein régime et risque de tomber en panne à tout moment», nous a affirmé le directeur de l’hôpital, mardi lors de la visite du ministre.

Il ajoutera qu’une pièce de rechange peut coûter jusqu’à vingt deux mille (22.000) euros et la durée de la livraison va jusqu’à quatre (4) mois. C’est énorme, et trop tard, pour des malades qui ne peuvent même pas attendre quelques jours».

Notre interlocuteur ajoutera que «le personnel de l’établissement a reçu des instructions concernant l’utilisation du simulateur, de la part du fabriquant pour ne pas dépasser trente-cinq (35) séances par jour, mais nous sommes obligés de faire jusqu’à soixante-dix (70) séances quotidiennement. Il y a du personnel médical qui reste jusqu’à vingt-trois (23) Heures pour satisfaire les malades de la liste d’attente qui devient de plus en plus longue, à chaque fois, car le cancer progresse dangereusement».

Dans ce sens, un professeur d’oncologie rencontré sur place nous affirmera d’être inquiet face à la multiplication rapide de nouveaux cas de cancer dans la wilaya. Il affirme que vingt-deux (22) nouveaux cas ont été enregistrés chez des enfants pendant le mois de septembre, et il s’agit de statistiques alarmantes sur l’évaluation de cette maladie meurtrière.

On note que cet établissement suit l’évolution de la maladie de sept cent cinquante-deux (752) patients et que le service de pédiatrie connaît une surcharge importante. Ainsi, cent soixante (160) malades seront en attente de traitement surtout dans le volet de la radiothérapie, il faut dire que le personnel de l’hôpital fait des gros efforts surtout au niveau d’hygiène et de propreté, et de nombreux malades résidant ont affirmé être accueillis dans des bonnes conditions.

Mohamed Hamza