L’un des feuilletons habituels de l’été qui revient régulièrement est celui de la médiation entre l’Algérie et le Maroc par une partie tierce.
La France n’est pas agréée dans ce rôle par l’Algérie même si les relations donnent l’apparence d’être au beau fixe. Paris n’est pas neutre dans les disputes qui existent au niveau de la région et ne peut donc prétendre à un tel rôle. Ce n’est pas le cas de l’Arabie Saoudite qui bien que soutenant clairement les positions marocaines a été agréée, dans le passé, comme médiateur par Alger.
La plus connue de ces médiations avait été menée dans les années 80 par le roi Fahd et avait permis une rencontre spectaculaire à la frontière algéro-marocaine entre le président algérien Chadli Bendjedid et le roi Hassan II. La médiation saoudienne est-elle à nouveau à l’ordre du jour ? Oui, affirme le site Elaph.
Dans un article rapportant l’audience accordée à Djeddah, lundi dernier, par le roi Abdallah au ministre marocain des Affaires étrangères Taieb Fassi Fihri, il affirme que l’Arabie Saoudite serait prête à jouer le rôle de médiateur entre le Maroc et l’Algérie dans le but de «normaliser définitivement» les relations entre les deux voisins.
Selon le site en question, le ministre marocain des Affaires étrangères aurait souligné « le plein engagement du Maroc à normaliser l’ensemble des relations maroco- algériennes dont les blocages entravent l’édification d’un Grand Maghreb Uni ». Il aurait souligné que le Maroc « est prêt à accepter toutes les propositions concrètes allant dans ce sens ».
UN SOUCI DE LA STABILITÉ MONARCHIQUE
Le discours prêté au ministre marocain des Affaires étrangères correspond au message adressé par le roi Mohammed VI au président Abdelaziz Bouteflika à l’occasion du 5 juillet et dans lequel il appelait à « surmonter les obstacles conjoncturels et objectifs et imprimer une nouvelle dynamique aux relations de coopération… ».
Un message fortement appuyé par Paris qui s’était félicité de sa teneur en le qualifiant « d’annonce forte, visant au rapprochement entre l’Algérie et le Maroc, deux pays avec lesquels la France entretient des relations particulièrement étroites et denses ».
Le propos du porte-parole des Affaires étrangères françaises semblait insister lourdement comme pour signifier une sorte de « nouveauté » dans le message royal. L’entrée en lice de l’Arabie Saoudite semble être néanmoins plus faisable qu’une intrusion de Paris. Les relations entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite sont correctes.
La médiation saoudienne qui semble fortement souhaitée par le Maroc est du domaine du possible. Il faut dire également que l’Arabie Saoudite a un souci particulier de la « stabilité » des monarchies arabes en ces temps de révoltes populaires au point de proposer à Amman et à Rabat une adhésion au Conseil de coopération du Golfe. La proposition était une ébauche d’Alliance politique des monarchies contre les peuples qui se moquait de la géographie.
Normalement, une telle démarche doit être perçue comme étant un mauvais coup pour l’UMA, mais l’état de cette dernière est tel que rien de pire ne peux lui arriver. Dans le cas où la médiation saoudienne était acceptée par Alger – ce qui n’est pas évident même si rien n’est possible – quel pourrait en être l’objet ? Sur la question du Sahara Occidental, il est désormais établi que les positions sont trop lointaines pour esquisser un quelconque rapprochement.
La seule voie possible sera de négocier une relance des relations bilatérales en les déconnectant du dossier du Sahara Occidental. A priori, les échanges ministériels entre Alger et Rabat montrent qu’on n’est déjà pas loin de cette démarche et qu’une médiation n’est pas forcément nécessaire. A suivre donc ce nouveau feuilleton de la médiation saoudienne au Maghreb.
Salem Ferdi