Un document secret trouvé à Tombouctou publié par Le Daily Telegraph : 33 Chefs d’AQMI au Mali s’étaient réunis pour tracer une «feuille de route»

Un document secret trouvé à Tombouctou publié par Le Daily Telegraph : 33 Chefs d’AQMI au Mali s’étaient réunis pour tracer une «feuille de route»
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Selon le Daily Telegraph, s’appuyant sur un « document secret » trouvé par son correspondant à Tombouctou, Al Qaida au Maghreb avait organisé le 18 mars 2012 une « réunion des chefs » à Tombouctou pour appuyer Ansar Eddine, qui marchaient à l’époque sur plusieurs villes avec succès.

SSelon le document, 33 chefs d’AQMI avaient pris part à la réunion, dont l’émir Abdelmalek Droukdel, dit « Abou Mossaâb Abdelouadous », lui-même. Le document, très élogieux envers Iyad Ag Ghali, dit aussi qu’il était prévu d’appuyer Ansar Eddine dans sa marche victorieuse sur le Nord-Mali et que le concepteur du document est Ahmed Djabri.
Lors de cette réunion, Abdelmalek Droukdel avait, de ce fait, présenté une sorte de « feuille de route pour l’avenir ». Pour AQMI, il était plus que « nécessaire » d’appuyer, mais, surtout, « de prendre en main et de contrôler le djihad », et faire en sorte d’être au centre de la prise de décision ainsi que d’avoir « une présence effective dans les zones libérées » du Nord-Mali.
Ce document, curieux à plus d’un titre, mérite une attention particulière. Premièrement, il parait largement dépassé dans le temps et par les événements. Deuxièmement, il serait intéressant de connaitre comment ce document a atterri entre les mains du correspondant du Daily. Troisièmement, Ahmed Djabri était un petit chef local du GSPC, en 1998-1999. Depuis lors, on n’a plus entendu parler de lui. Il avait rejoint les rangs du GIA dès le début des années 1990. A partir de 2000, toute sa katiba avait intégré le processus de paix, dit de la « concorde civile », initié par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le laissant pratiquement isolé dans les maquis de Zbarbar, à Lakhdaria. On pensait même que Djabri  était mort, certainement tué, la moyenne de vie dans les maquis n’excédant pas  quelques années.  Autre chose aussi, les 33 chefs d’AQMI sont difficilement « identifiables ». On en connait quelques uns, mais pas les trente-trois. AQMI ne possède pas plus de cinq ou six chefs au Mali et au Sahel, hiérarchisés et structurés. Penser que les autres sont des chefs maliens, nigériens ou même venus de Libye, revient à dire que les chefs d’AQMI d’origine algérienne étaient minoritaires. La présence de Droukdel aussi au Mali est difficilement envisageable. Faire près de 4000 kilomètres, c’est-à-dire un aller-retour entre les maquis kabyles, au nord de l’Algérie, et le nord du Mali, c’est se mettre dangereusement à découvert, d’autant plus que Droukdel est facilement identifiable, sa photo couvrant la presse nationale et les médias depuis près de huit ans.
Fayçal Oukaci