Un Djezzy bis ? Le gouvernement algérien s’oppose au projet de vente d’actifs du groupe pétrolier britannique, British Petroleum, à son partenaire russe TNK-BP, selon des informations rapportées, dimanche 5 décembre par le Financial Time sur son site Internet, citant des sources proches du dossier.
Alger veut exercer son droit de préemption sur BP-Algérie via Sonatrach, note le même journal. Premier investisseur étranger en Algérie dans le secteur des hydrocarbures, BP veut se séparer de sa filiale Algérie afin de renflouer ses caisses pour faire face aux dépenses causés par la marée dans le golfe du Mexique.
Les autorités algériennes ont jusqu’à présent refusé de répondre à une demande de BP de communiquer des données sur les champs de gaz de In Salah et In Amenas ( dans le sud algérien), au russe TNK-BP, alors que BP est actionnaire, rapporte le journal britannique citant des sources bancaires. TNK-BP n’a pas eu « le droit de consulter les données », estime une source de la firme pétrolière. La multinationale britannique est actionnaire à hauteur de 50 % dans TNK-BP, crée en 2003 suite à la fusion entre BP et la société Alfa Access – Renova groupe (AAR). Ni Sonatrach, ni BP n’ont commenté l’information rapportée par le quotidien économique.
Premier investisseur étranger en Algérie dans le secteur des hydrocarbures, BP y a investi 5 milliards de dollars depuis 1995. En mai dernier, les représentants de BP en Algérie avaient annoncé des investissements de 2,3 milliards de dollars. Les champs gaziers de In Amenas et In Salah, sur lesquels intervient BP, Statoil et Sonatrach, ont chacun une capacité de production pouvant aller jusqu’à 9 milliards de mètres cubes par an et représentent près d’un quart de la production de gaz de l’Algérie.

La vente proposée par la maison- mère des actifs de sa filiale algérienne au profit de TNK-BP, de l’ordre de 3 milliards de dollars, s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan de financement des dégâts du déversement de pétrole dans le Golf du Mexique, le plus grave jamais enregistrée aux Etats-Unis.
British Pétroleum a affiché son intention de lever jusqu’à 30 milliards de dollars de cessions d’ici la fin de l’année 2011 pour couvrir le coût de la marée noire dans le golfe du Mexique estimé à 40 milliards de dollars. La compagnie a déjà recueilli plus de 20 milliards de dollars. Les actifs internationaux prévus pour être cédés sont ceux de l’Algérie, du Vietnam et du Venezuela. Si la cession des actifs dans ces trois cas est réalisée, BP devrait empocher 5 milliards de dollars. Sauf que les autorités algériennes demeurent intransigeantes.
C’est que dans ce dossier, le gouvernement envisage d’exercer son droit de racheter les actifs via Sonatrach, selon le journal britannique, citant des sources bancaires. En vertu de la Loi de finances complémentaires 2009, l’Algérie entend exercer ses nouvelles prérogatives en matière de droit de préemption sur la cession des actifs des entreprises étrangères.
Le cas du dossier de Djeezy est emblématique, à ce titre. Le gouvernement algérien et le groupe Orascom, propriétaire de licence de téléphonique mobile Djezzy, ont engagé depuis des mois un bras de fer sur l’avenir de cet opérateur. Alger veut racheter Djezzy à tout prix alors qu’Orascom a déjà annoncé avoir vendu ce fleuron au russe Vimpelcom dans le cadre d’une vaste opération.
Interrogé sur les négociations avec les autorités algériennes à propos de l’achat par TNK-BP des actifs de BP en Algérie, le ministre russe de l’Energie, Serguei Chmatko qui accompagnait début novembre dernier le président Medvedev en visite à Alger, a indiqué que «le gouvernement algérien envisage sérieusement la possibilité d’acquérir les actifs pour Sonatrach», en précisant que « les discussions se poursuivent avec Sonatrach et aucune décision ne devrait être prise avant un ou deux mois».
Interpellé sur ce dossier par la presse le 21 octobre dernier, le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a soutenu que « des discussions sont en cours entre Sonatrach et BP pour la cession des actifs en Algérie du groupe pétrolier britannique » sans pour autant fournir des détails sur ces discussions.
Ce n’est pas la première fois que les autorités algériennes opposent leur véto dans une transaction commerciale internationale. En 2002, le gouvernement avait bloqué le projet de vente de 40 % des parts du pétrolier britannique dans le domaine de Rhourde El Baguel pour Elf-France.