Les gardes communaux sont en colère comme jamais. Certes, des morts dans leurs rangs, ils en ont eu à enregistrer et des plus atroces, mutilés qu’ils continuent à l’être par les partisans des ténèbres, et un des leurs de Khenchela est, d’ailleurs, entre les mains de ces fous de Dieu depuis des jours, mais la mort d’un de leurs collègues dans un autre champ, celui du «combat de la dignité», est bien différente.
Un sacrifice que les «Ridjal ouaqifoun» ne comptent nullement laisser passer «comme ça», comme un vulgaire «fait divers». Et pour cause, la mort de Saïd Lasfer, leur collègue de Aïn- Defla, presque sexagénaire, en retraite anticipée, dont les blessures subies lors de la marche de lundi dernier ont été fatales, puisque il est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi, à l’hôpital de Khemis Miliana, alors qu’il était de retour parmi les siens, semble toucher particulièrement la corporation davantage que ce qu’elle a eu à subir dans le cadre de la lutte contre l’hydre terroriste islamiste. C’est que, comme souligné par Lahlou Aliouat, coordinateur dans la wilaya de Bouira et néanmoins membre de la commission nationale des gardes communaux, la mort de Saïd Lasfer, ce patriote de Aïn-Defla, a valeur de tribut payé à la dignité de la corporation. Une dignité, affirmera-t-il, que «la politique de la réconciliation nationale a malmenée au point d’inverser la donne» en ce sens, poursuivra-t-il, que «l’ennemi de la nation d’hier et qui continue à l’être même aujourd’hui est valorisé au moment où le patriote d’il y a quelques années, celui qui, à l’image du garde communal, a répondu spontanément à l’appel du devoir pour sauver la République qui vacillait, est contraint de raser les murs». Et d’exiger que «toute la lumière soit faite sur cette mort» car il s’agit bel et bien d’un «crime dont les auteurs doivent être débusqués pour répondre de leur délit». Ceci quoique, comme tiendra à le préciser Zidane Hasnaoui, un autre membre de la coordination nationale des gardes communaux et coordinateur de la corporation dans la wilaya de Taref, le défunt collègue était «malade depuis quelques mois et que le terrible jet de canon à eau qu’il a reçu à la tête dans le feu des violents affrontements avec les forces anti-émeutes déployées en nombre à Birkhadem lui a été fatal». Et de se vouloir sûr et certain de ce qu’il avance en affirmant avoir été en compagnie de la victime durant des kilomètres lors de la fameuse marche de la dignité de lundi dernier et même au moment de son écroulement par terre, n’ayant pu résister, dira-t-il, «à la force de l’eau chaude reçue à la tête, éreinté qu’il était par la maladie et la terrible fatigue».
Sit-in dans les wilayas demain
Pour dénoncer la «féroce répression de (leur) marche pacifique», notre interlocuteur fera part de sit-in devant les sièges de toutes les wilayas du pays pour ce dimanche. Des rassemblements qui viendront en appoint de celui, national, qui se tient depuis le 26 juin dernier, à Blida. Celui-ci, qui rassemble actuellement quelque 5 000 gardes communaux, selon Aliouat, sert à maintenir allumée la flamme de la contestation avec une concertation continue quant au choix d’options à engager prochainement. Et la cérémonie, jeudi dernier, de l’enterrement du défunt garde communal s’est déroulée dans une ambiance lourde où la consternation et le profond chagrin ont vite fait de céder la place à un serment, celui de poursuivre le combat jusqu’à recouvrer la dignité, toute la dignité du garde communal, «troquée sur l’autel d’une réconciliation nationale qui a fait la part belle aux partisans des ténèbres et autres chasseurs de lumières», signifiera le coordinateur des gardes communaux de Bouira Ce dont, d’ailleurs, a tenu à faire part Lahlou Aliouat, le coordinateur du mouvement de protestation pour la wilaya de Bouira et un des cinq membres de la commission nationale des gardes communaux, pour qui justice doit être faite sur «ce crime, c’en est un», dira-t-il, puisque la victime aurait reçu, selon lui, «un coup à la tête qui lui a été fatal». D’où, réclamera- t-il, «une enquête à même d’y faire toute la lumière». Et de poursuivre en avertissant : «Les toutes dernières manœuvres du ministère de l’Intérieur ne font que titiller davantage l’amour-propre des gardes communaux », évoquant fort à propos le communiqué dudit ministère au lendemain de leur entretien avec Ould-Kablia, les SMS trompeurs et le décès d’un des leurs et la comparution d’une quarantaine d’entre eux par-devant le juge le 24 du mois courant sous les chefs d’inculpation d’attroupement illégal et d’atteinte à l’intégrité physique d’agents de l’ordre en plein exercice de leurs fonctions. Autant de «mesures» parallèles qui, par les contrevérités qu’elles véhiculent, «trahissent l’engagement solennel et officiel de régler ce lourd contentieux qui constitue l’une des plaies béantes de la politique de réconciliation nationale », soutiendra notre interlocuteur. Ce dernier réitérera «la détermination des gardes communaux à faire aboutir leur plateforme de revendications». «Nous n’avons rien à perdre», tel est le sentiment du corps de la garde communale dont Aliouat tiendra à faire savoir à qui de «droit».
M. K.