« Quid des scandales de khalida Toumi, ô Louisa Hanoune ». Reprenant le style de la titraille à la mode dans la presse arabophone, un député du Mouvement de société de Paix (MSP – islamiste) interpelle directement, sur sa page Facebook, la secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), Louisa Hanoune, dont les attaques « féroces » contre Nadia Labidi, sont, selon lui, un des épisodes des « luttes de clans » au sein du pouvoir.
Louisa Hanoune est sur le mode de « Maghoutri Ya Djarti » (formule algérienne qui désigne la tendance à faire d’un plus faible que soi parmi les proches un souffre-douleur »), ironise le député Nacer Hamdadouche,.
« Elle s’est souvent positionnée dans l’opposition et a dupé des générations avec son maquillage politique changeant » note-t-il, en se demdant pourquoi Hanoune n’a jamais attaqué la précédente ministre de la culture Khalida Toumi.
Le rapport de la Cour de comptes sur la gestion de Toumi
Mme Hanoune est députée au parlement et elle a eu connaissance des rapports de la Cour des comptes qui a relevé des anomalies « en gros » et « des scandales retentissants » sur son « amie » avec qui, persifle-t-il, « elle maîtrise l’art de la danse féminine en harmonie avec la danse politique ».
Le député du MSP estime nécessaire de montrer « à l’opinion publique cette duplicité et ce double standard dans la lutte contre la corruption dont Hanoune se veut l’héroïne prétendument par souci des deniers publics et du devoir national de préserver les intérêts du peuple… ».
Pourtant, rappelle le député, la Cour des comptes est une « institution constitutionnelle », c’est une « juridiction administrative » dont la mission est de contrôler a-posteriori les dépenses publiques et de s’assurer que leur gestion s’est faite en conformité avec la loi.
Le député islamiste s’appuie essentiellement sur le rapport d’appréciation sur l’exercice 2011 de la Cour des comptes qui faisait état de dépassements dans la gestion des deniers publics par plusieurs ministères dont celui de la culture.
« Avril 2013, soit une année après l’achèvement des festivités, le bilan définitif de la manifestation n’est pas encore élaboré » notait le rapport au sujet de la manifestation « Tlemcen, capitale de la culture islamique ». Sur 14 départements chargés de l’exécution des festivités, 13 n’ont pas encore présenté leur bilan.
Le rapport pointait également la gestion, sans « bilan » du fonds national du patrimoine culturel qui n’a fait l’objet « d’aucune action de contrôle ». Des livres ont été édités et financés par le fonds en 2009 et 2010, avant de faire l’objet d’accord de la Commission de lecture, notait également la Cour des comptes.
Le député dresse une longue liste de ce qu’il a appelé des « dépassements graves » dans la gestion de Khalida Toumi. « Que dit donc Louisa Hanoune sur les dossiers de corruption qui concernent sa amie Khalida Toumi et qui sont documentées par la Cour des comptes qu’elle et son bloc parlementaire ont pu lire ».
Des attaques « subjectives », »téléguidées » et « pas aveugles »
Un député du PT, Ramadane Taazibt a déclaré au journal El Houria que les affirmations du député du MSP « sont des mensonges » affirmant que Khalida Toumi est sortie « propre » du ministère de la culture et que les rapports n’ont fait état « ni de dépassements, ni de détournements » durant la période où elle était ministre de la culture.
Djelloul Djoudi du PT a déclaré « d’un ton vif », selon Al-Houria, que les partis dont le MSP « doivent dévoiler la corruption et non la cacher ».
Le député islamiste n’est pas le seul à pointer des dénonciations à géométrie variable de Louisa Hanoune dont les cibles, écrit TSA « sont subjectives, téléguidées » mais pas « aveugle, car nombre de personnes soupçonnées de malversations sont étrangement épargnées par Hanoune ».
« L’exemple est flagrant dans son acharnement contre la ministre de la Culture actuelle, où la justice devra statuer, alors qu’elle était restée bien silencieuse lorsque la ministre de la Culture précédente, Khalida Toumi, avait été directement mise en cause par la Cour des Comptes, à plusieurs reprises, preuves de mauvaise gestion à l’appui. Mais comme tout le monde le sait à Alger : Khalida Toumi et Louisa Hanoune sont amies. Et Louisa n’attaque jamais ses amis, même corrompus et détestables. »