Le député déçu de voir élus et chefs de parti faire de la délinquance financière et du banditisme politique leur religion en a sans doute gros sur le cœur. Surtout de savoir que ce marché de 10 à 50 millions la bonne position sur une liste électorale n’est un secret pour personne. Car pour être candidat ou observateur des élections, il suffit de frapper à la porte d’un parti microscopique, qui a un agrément administratif, négocier ferme et payer cash. Qui arrêtera la malfaisance politique ?
L’autre jour, un député inconnu au bataillon a révélé qu’il avait en sa possession des preuves accablantes sur des pratiques illégales de certaines formations politiques, sans assise populaire, qui vendent des agréments à des candidats intéressés par un mandat ou une carrière politique. Selon ce parlementaire, le prix de ce marché lucratif oscille entre 10 et 50 millions.
Tout le monde connaît l’astuce : pour être candidat ou observateur d’élections, il suffit de frapper à la porte d’un parti microscopique ayant un agrément administratif, de négocier ferme et payer cash. Le seul gagnant dans cette affaire, c’est le chef de cette association dite à caractère politique. Il engrange à chaque scrutin plusieurs milliards de centimes.
C’est devenu un bon business, à tel point que ces patrons ont décidé de ne plus chercher à faire de la politique ni à convaincre des gens d’adhérer ou de militer pour une cause. Les pouvoirs publics connaissent ces pratiques, ainsi que les services de sécurité, mais aucune institution n’est venue y mettre le holà. Même la presse en a parlé en diverses occasions, sur la base de témoignages ou de sources concordantes.
Aujourd’hui, c’est un député qui, dans un débat en plénière sur la loi sur les partis politiques, annonce qu’il possède des preuves sur ces pratiques. Son intervention est archivée et pourrait, le cas échéant, devenir une pièce à conviction pour un ministère public.
Il est vrai que personne ne déposera plainte, comme il est vrai aussi que personne ne s’offusquera de ces faits ou n’y trouvera matière à délit puni par la loi. Même ce député, pourtant jouissant de l’immunité parlementaire, n’a pas cru raisonnable de se présenter devant le procureur du coin ou d’alerter, avec ses preuves, le ministère de l’Intérieur, garant et dépositaire des pratiques politico-administratives.
Tout le monde est démissionnaire et la pratique va encore s’amplifier davantage l’année prochaine, avec les législatives et les communales. Alors, qui pourrait arrêter ce business incroyable au vu et au su de tous ? La loi sur les partis, dont le projet est encore en examen ?
H. R