La situation a failli de peu dégénérer, hier, à Chéraga, dans la banlieue ouest de la capitale puisque des émeutes ont émaillé une partie de la localité avec toujours le même élément déclencheur, commun à toutes les révoltes que connaissent nombre de villes aux quatre coins du pays, le sentiment d’injustice.
M. Kebci – Alger (Le Soir) – A l’origine de cette révolte, encore une, un crime crapuleux commis sur un jeune homme de 26 ans, qui tenait une boutique au quartier Sidi Hacène, communément appelé le Grand- Chéraga, où il vendait divers rafraîchissants, du thé et autres cacahuetes. C’était vendredi dernier quand, vers les coups de 22h, racontent des jeunes rencontrés sur les lieux, des jeunes, connus pour leurs profils de type pas du tout recommandables pour une quelconque fréquentation, se sont présentés chez le jeune épicier. Des échanges d’amabilité saupoudrés de gros mots n’ont pas tardé alors à se faire entendre, ce qui a irrité le jeune commerçant qui aurait invité les «intrus» au quartier à déguerpir. Ce qu’ils feront mais pour revenir avec du renfort, visiblement pour en découdre et laver cet «affront», habitués qu’ils sont à semer terreur et à faire la loi, notamment de nuit. Mais cette fois-ci, l’usage de la force prendra le dessus puisque l’un de ces derniers n’hésitera pas à planter un poignard dans le dos du jeune épicier au moment où deux de ses amis, avec qui il veillait dans sa modeste boutique comme de coutume, étaient blessés, dont un grièvement. Evacué à l’hôpital de Béni Messous, le jeune vendeur est décédé des suites de ses profondes blessures qui lui ont fait perdre beaucoup de sang alors que ses deux autres compères s’en sortiront miraculeusement. Et l’intervention prompte des éléments de la Gendarmerie nationale a permis l’arrestation de ces agresseurs sans foi ni loi qui étaient au nombre de 11. Une interpellation qui a eu pour effet de soulager et les familles des victimes et les populations qui ont eu à endurer dignement cette dure épreuve. Mais c’était compter sans la mise sous contrôle judiciaire de cinq de ces agresseurs au moment où le procureur de la République près le tribunal de Chéraga a mis sous mandat de dépôt les six autres. Ce que les jeunes du quartier ont eu à interpréter à leur manière puisqu’ils parlent de la force de l’argent. Les mis sous contrôle judiciaire seraient, à leur prêter l’oreille, des fils de pontes difficiles à atteindre et à toucher. Plus que cela, ces cinq agresseurs mis sous contrôle judiciaire auraient, toujours selon nos interlocuteurs, ostentatoirement fêté leur libération pourtant conditionnée, avant-hier, lundi, soit au troisième jour de la mort du jeune épicier que la famille et proches célébraient douloureusement. D’où la colère des jeunes du quartier qui, ne pouvant supporter cette offense, ont procédé à la fermeture, dans la soirée même, de la route menant vers Staouéli, et ce, à l’aide de pneus brûlés et l’abattage de deux pylônes électriques. La scène s’est poursuive jusqu’à hier en début d’après-midi quand les forces anti-émeutes relevant de la Gendarmerie nationale, dépêchées sur les lieux en très grand nombre, ont pu dégager cet important axe routier, non sans avoir eu à recourir aux fameuses gaz lacrymogènes. Ceci après avoir réussi à acculer les jeunes manifestants à l’intérieur du quartier dans lequel nous n’avons pu accéder —les gendarmes, massivement déployés à l’entrée, filtraient rigoureusement l’accès qu’ils interdisaient aux étrangers. Cette version des faits des jeunes du quartier sera corroborée par un officier de la Gendarmerie nationale pour qui, les jeunes du quartier ont mal interprété la libération conditionnée des cinq agresseurs, qu’ils assimilent à un acquittement, ce qui est loin d’être le cas puisqu’ils sont mis sous contrôle judiciaire. Et les tentatives de nous rapprocher de la famille de la victime ou d’un proche était du domaine de l’impossible au vu de l’impressionnant dispositif sécuritaire déployé qui a fait que le quartier a été totalement bouclé et isolé du reste de la ville.
M. K.