« Ouf » ! La Basse Casbah reprend son souffle. Ses narines pourront encore sentir ses brises et son air frais grâce à cette opération de nettoyage, organisée ce samedi 6 juin avec pour objectif: débarrasser ce patrimoine des déchets, poubelles et ordures qui gâchent son charme et sa beauté.
Des dizaines de personnes, jeunes, âgées et même des enfants se sont ainsi réunis aujourd’hui à Alger pour une opération de nettoyage du quartier. Organisée par le site d’information culturelle VinyCulture, cette initiative entend « vulgariser le patrimoine et sa protection d’une autre manière ».
Après s’être rencontrés au square Port Saïd, les bénévoles se sont dirigés vers la Basse Casbah. Sous une chaleur de plomb, ils ont marché, de pied ferme, ruelle après ruelle pour atteindre le dit lieu.
A l’attaque ! Pas de temps à perdre ! Munis de gants, sachets, balais et quelques pelles, ces bénévoles se sont rapidement attaqués aux ordures: poubelles, pierres, poutres, les intrus au beau paysage que montrait la Casbah à ses invités étaient facilement identifiés.
Séparés en plusieurs groupes, chacun y mettait ainsi la main à la pâte. Personne ne se ménageait. Alors que certains ramassaient les ordures, plastiques ou des papiers, d’autres s’attaquaient aux poutres, grosses pierres et autres déchets, jetés par-ci et par-là dans cette « médina », abandonnée, négligée par ses habitants et les autorités.
Chaque coin et recoin a droit à son coup de balaie. On ramasse, sans aucune peur ni réticence cette poussière, ces morceaux de bois, cette ferraille ou ces déchets plastiques, impatient de voir le résultat: des places et des ruelles tout simplement propres.
« Nous sommes ici pour nettoyer et protéger la Casbah et l’environnement », a déclaré Abdelkader, 6 ans, bien content de participer pour la première fois à une opération pareille.
Déterminés, les bénévoles ne reculent devant rien. Pas même devant les gros « chantiers ». La partie haute de la Casbah débarrassée de ses détritus, les participants à cette opération de nettoyage descendent ainsi pour continuer leur oeuvre en bas du quartier.
« Elle était propre rien qu’en mars dernier ! », s’est exclamé un participant, exaspéré, mais nullement découragé dès son arrivée à une terrasse débordée de déchets. Mobilisée en une seule équipe, les bénévoles se sont alors mis à nettoyer les lieux une nouvelle fois, décidés à ne pas se laisser intimider par l’incivisme de certaines personnes.
« Je participe [à cette opération] parce que je suis horrifiée de l’état des lieux », a indiqué Christiane, 67 ans, qui n’est pas à sa première expérience, après avoir participé au nettoyage de la plage de Sidi Fredj.
L’heure de la visite guidée a sonné … Pas pour ces jeunes gens, qui refusent de laisser le reste du quartier dans cet état. Bien que cette visite n’était programmée qu’en guise de repos, les bénévoles ont insisté: « nous ne quittons pas les lieux avant d’avoir fini le nettoyage ». Un engouement qui n’a pas manqué de ravir les organisateurs.
« Quand les gens nettoient, ils savent que ces lieux leur appartiennent. Au-delà d’être dans un site culturel, nous sommes dans une optique où nous devons être des acteurs citoyens actifs, et nous sommes bien heureux que ces participants nous aient suivis dans cette idée », a déclaré Yasmine Bouchène, initiatrice de l’événement, au HuffPost Algérie.
L’opération de nettoyage achevée, les bénévoles ont eu droit à leur récompense: une visite du Musée public national des Arts et Traditions Populaires, « Dar Khdaouadj El Amia ».
Les visiteurs, intrigués devant les expositions du Musée, ont pu découvrir une autre histoire de l’Algérie et de la culture de ses ancêtres.
Une expérience qui ne manqueront pas de réitérer, ont-il promis, pourtant essoufflés et tout salis.