Rien ne prouve qu’ El Gueddafi fait partie du convoi
A défaut de donner des faits, on formule des spéculations qui frisent la désinformation, mettant, une fois de plus, de trop, l’Algérie impliquée à son corps défendant dans la crise libyenne.
Le passage d’un important convoi de véhicules civils et militaires venant de Libye est entré lundi soir à Agadez, une ville au nord du Niger. Cette arrivée, comme de juste, a alimenté hier des spéculations sur une fuite de l’ex-leader libyen Mouamar El Gueddafi. Selon Jalal el-Gallal, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT), ce genre de convoi transporte généralement El-Gueddafi ou l’un de ses fils.
«En vérité il y a quelques personnalités de rangs plus ou moins importants qui sont arrivées au Niger c’est tout, mais pas de gens de premier plan et encore moins Mouamar El Gueddafi et un de ses fils», a démenti hier le ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum, notamment une présence du chef libyen Mouamar El Gueddafi, que tout le monde semble voir un peu partout. Dans ce contexte, dans la marinée d’hier, le président du CNT, Mustapha Abdeljalil, avait indiqué à l’AFP ne pas avoir d’informations sur ce convoi, ajoutant ne pas avoir d’indications non plus sur Mouamar El Gueddafi et ses fils, se bornant à dire: «Ils ne sont pas à Bani Walid». Un des nombreux porte-parole du CNT, a quant à lui, évoqué la possibilité de passage du convoi par le territoire algérien, pour ensuite atteindre le Niger. Bien évidemment, le ministre nigérien des Affaires étrangères Mohamed Bazoum, qui participe à Alger à une conférence internationale sur le Sahel a répondu d’une manière claire, simple et surtout logique: «Pourquoi auraient-ils besoin de passer par l’Algérie? Ils n’en ont pas besoin», en référence à la (large) frontière commune de la Libye et du Niger. Enfin, interrogé sur un éventuel asile au Niger pour les El Gueddafi, M. Bazoum a indiqué qu’il n’était pas habilité à répondre à cette question en l’absence d’instruction de la présidence nigérienne. «M. El Gueddafi au Niger peut poser quelques problèmes», a-t-il toutefois ajouté, sans autre précision.
De son côté, l’Otan a réaffirmé que sa mission était de «protéger la population civile en Libye, pas de poursuivre ou de cibler les milliers de dirigeants de l’ancien régime en fuite, de mercenaires, de commandants militaires ou de personnes déplacées» a déclaré le colonel canadien Roland Lavoie. Se défendant de toute éventuelle implication dans cette affaire. Le passage de cet «important convoi» au Niger, qui a reconnu «formellement» le Conseil national de transition (CNT), alimentait hier les spéculations sur une fuite d’El Gueddafi mais le porte-parole de l’ex-guide libyen a affirmé qu’il était toujours en Libye.
Mouamar El Gueddafi est «en excellente santé» et «organise la défense» de la Libye, a déclaré Moussa Ibrahim interrogé par téléphone par la chaîne de télévision Arrai. «Nous sommes encore puissants», a-t-il ajouté affirmant, sans les nommer, que les fils du dirigeant libyen «assument leur rôle dans la défense et le sacrifice» pour leur pays. Selon les nouvelles autorités libyennes, Moussa Ibrahim se trouverait, dans l’oasis de Bani Walid, encerclé par les forces anti-El Gueddafi. Une délégation composée de trois Nigériens, Agaly Alambo -figure de la révolte Touareg-, deux de ses frères, et de onze Libyens parmi lesquels Mansour Daw, chef des brigades sécuritaires sous l’ère El Gueddafi, était arrivée dimanche au Niger, selon une source gouvernementale nigérienne.
Les autres personnes, dont l’identité n’a pas été révélée, sont arrivées sur le territoire nigérien en compagnie de Agaly Alambo, figure de la révolte Touareg, et ont rejoint lundi Niamey, la capitale du pays. Plusieurs témoins ont, selon des sources, dit avoir vu au sein de ce convoi Rhissa Ag Boula, une des figures de proue des deux rébellions touareg au Niger et très proche d’El Gueddafi. Toutefois Ag Boula a fermement démenti sa présence parmi la délégation «Je ne suis pas dans un convoi, je suis à Niamey!», a affirmé à l’AFP M. Ag Boula lors d’un entretien téléphonique.
«Où m’avez-vous vu dans un convoi d’El Gueddadfi?», a martelé M. Ag Boula, qui a, dans le passé, séjourné en Libye, notamment à la fin du conflit touareg en 2009