Les violents combats entre rebelles et forces loyales de Mouammar Kadhafi se poursuivent en Libye. Théâtre de violents combats depuis plusieurs jours entre pro-Kadhafi et insurgés, Brega, cette ville portuaire qui abrite un site pétrolier pris et repris plusieurs fois par les rebelles et les forces gouvernementales, était hier, encore une fois, au cœur de violentes luttes où les rebelles semblaient avoir pris l’avantage face aux forces loyales qui se sont retirées vers l’Ouest.
Brega ainsi que la ville voisine de Ras Lanouf sont les deux villes portuaires principales par lesquelles transitent les exportations de pétrole brut de la Libye. Leur contrôle est très important pour les rebelles qui ont passé un accord avec le Qatar pour commercialiser le pétrole brut. En échange, ils obtiendront nourriture, médicaments et carburant, comme l’a indiqué un responsable des insurgés à Benghazi.
Dans ce bastion de l’Est est arrivée, hier, une délégation britannique dont la mission est «secrète», selon un porte-parole des insurgés. Moustapha Gheriani, porte-parole du Conseil national de transition (CNT), organisme représentatif des rebelles anti-Kadhafi, a refusé de préciser la raison de cette visite, qui survient près d’un mois après l’arrestation par les rebelles d’une première équipe britannique à Benghazi. Par ailleurs, l’Otan, qui a pris le commandement des opérations jeudi dernier, n’a plus effectué de raids depuis la frappe par erreur, vendredi soir, où neuf rebelles et quatre civils ont été tués dans la région de Brega. L’Alliance atlantique a annoncé qu’elle «examinait» les informations sur cette possible bavure. «Il y eut treize tués et sept blessés par des tirs amis. C’est un regrettable événement», a déclaré Abdoulhafiz Ghoga, porte-parole de la rébellion à Benghazi, le bastion des insurgés dans l’Est. En Libye, le colonel Mouammar Kadhafi a perdu l’un de ses conseillers qui a démissionné de ses fonctions.
Il s’agit du haut diplomate Ali Triki, le dernier proche du dirigeant libyen à abandonner le régime. M. Triki, un ex-ministre des Affaires étrangères et des Affaires africaines, qui a aussi représenté la Libye aux Nations unies et en France, s’est entretenu hier au Caire avec le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, mais a refusé de parler à la presse.
Il a démissionné de ses fonctions officielles, mais n’a pas dit qu’il rejoignait la cause des rebelles. Il s’agit de la deuxième figure du régime libyen à démissionner cette semaine, après le ministre des Affaires étrangères Moussa Koussa. Sur un autre registre, tenant à arrêter les raids de l’Otan sur le pays, le régime libyen a mis en garde contre un «désastre» hydraulique si son projet pharaonique de «rivière artificielle» venait à être touché par les bombardements aériens de l’Otan.
Selon le chef du projet, M. Gahoud, trois conduites de gaz, de pétrole et d’eau sont enfouies le long des 400 km de route menant de Benghazi à Syrte où se déroulent l’essentiel des combats entre les forces loyalistes et les rebelles, et où les forces de Kadhafi sont devenues, depuis plusieurs jours, la cible des raids aériens de l’Otan. «Si l’un de ces pipelines est touché, les autres vont être affectés, ce qui pourrait engendrer une catastrophe humanitaire», a-t-il prévenu. Sur le plan international, l’Union africaine (UA) a réitéré, hier, son appel à l’arrêt de toutes les opérations militaires en Libye, insistant sur le dialogue pour mettre fin à la crise libyenne. Cet appel a été lancé une nouvelle fois par le président de la commission de l’UA, M. Jean Ping, en visite à Londres, où il doit s’entretenir avec le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, de la crise libyenne. «Nous ne soutenons pas l’intervention étrangère en Libye, car nous ne voulons pas qu’un scénario de la Somalie se répète dans ce pays», a-t-il souligné.
M. Ping a ajouté que l’UA n’est pas prête à «faire face à la guerre civile ou à la sécession de la Libye». Les ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération de Golfe (CCG) devaient tenir, hier soir à Riyad, une session extraordinaire pour examiner la situation dans la région du Golfe et adopter une position commune face aux crises qui secouent des pays arabes. Les participants devraient évoquer notamment les situations «dans le royaume de Bahreïn, au Yémen, en Libye et en Syrie».
H. Y