La réunion programmée aujourd’hui intervient au lendemain de l’appel à un deuil national suite à l’assassinat des petits Haroun et Brahim qui a secoué les habitants de Constantine et l’ensemble des Algériens, notamment après la publication des photos des assassins qui ont reconnu les faits devant la justice.
Après la tragédie de Chaïma, le drame de la petite Soundous, des petits Mehdi, Haroun, Brahim et Senaa, kidnappée et étranglée avant-hier à Tlemcen, et la liste risque de s’allonger encore, le gouvernement a enfin décidé de réagir à travers un Conseil interministériel convoqué aujourd’hui par le Premier ministre pour examiner en urgence la question des enlèvements. Dans une déclaration à la presse hier, en marge de la visite d’inspection du Premier ministre à Béchar, le ministre de l’Intérieur a annoncé la tenue d’une réunion aujourd’hui avec l’ensemble des représentants des secteurs concernés pour l’examen des différents aspects opérationnels de prévention et de lutte contre ce type de crime, notamment la Sûreté et la Gendarmerie nationales qui disposent de moyens pour résoudre ce type de criminalité.
Il a ajouté qu’au cours de cette rencontre seront aussi examinés les différents aspects psychologiques de prévention et de lutte contre les kidnappings. Pour le ministre de l’Intérieur, le phénomène d’enlèvement d’enfants est «une question qui nous préoccupe énormément, malgré le fait que beaucoup d’affaires de ce type ont été élucidées par les services de sécurité». Une manière pour le représentant du gouvernement de défendre et de souligner les efforts des services de sécurité dans ce domaine.
Cette réunion intervient au lendemain de l’appel à un deuil national aujourd’hui, suite à l’assassinat des petits Haroun et Brahim qui a secoué les habitants de Constantine et l’ensemble des Algériens, notamment après la publication des photos des assassins qui ont reconnu les faits devant la justice.
D’autre part , la sonnette d’alarme est tirée par tous les parents, sans exception, qui savent désormais qu’aucun enfant n’est à l’abri de la barbarie des sanguinaires qui les chassent partout , devant leur domicile, à proximité de l’école et au-tres. Ainsi, les Algériens se posent désormais cette question : l’Etat est-il capable de protéger nos enfants contre les enlèvements ? Une réponse à laquelle doit répondre le gouvernement Sellal. Dans ce cadre, il est attendu des mesures susceptibles d’assurer la sécurité des enfants, notamment devant les établissements scolaires et les quartiers. Cependant, on ne sait pas si l’appel des citoyens à condamner à mort les kidnappeurs d’enfants sera pris en considération par l’Exécutif. Il est à noter que le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a été interpellé sur la question de kidnapping d’enfants par une députée du groupe parlementaire de l’Alliance verte, mais cette question n’est toujours programmée.
La députée Samira Brahimi a dénoncé l’incapacité de l’Etat à freiner «la propagation à grande échelle du phénomène d’enlèvement d’enfants». Pour elle, les autorités ne luttent pas avec fermeté contre ce fléau social. Elles «n’agissent pas avec la même rigueur lorsqu’il s’agit d’un kidnapping d’enfants comme elles le font lorsqu’il s’agit du kidnapping d’une personnalité publique», a-t-elle regretté. La députée a révélé que rien que pour 2011, 609 dossiers liés au rapt d’enfants ont été enregistrés à travers l’ensemble du territoire national. 408 parmi eux sont toujours en suspens, nous informe-t-elle en se basant sur les rapports des services de la Gendarmerie nationale. Il est à noter que les dernières statistiques, réalisées par les services de la Gendarmerie nationale en 2012, mettent en évidence 146 cas de kidnapping dont la majorité a eu pour mobile l’abus sexuel. Pour sa part, le réseau Nada pour la défense des droits de l’enfant a révélé que les enfants sont en perpétuel danger ! «1 000 à 1 500» cas sont signalés chaque année, dont : 2 000 cas de viol, 2 725 enfants maltraités, dont 16 sont décédés durant le premier semestre 2010. Selon le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (Forem), Mustapha Khiati , 1 000 enfants sont victimes tous les ans en Algérie de violences. Parmi eux, «on dénombre 1 533 actes de violence physique, 249 cas de mauvais traitement, 105 détournements de mineurs et 823 violences sexuelles», indique le Pr Khiati.
Pour M. Khiati, le «système d’alerte kidnapping» est la solution pour résoudre ce phénomène, et la peine de mort doit «être rétablie» dans les cas d’enlèvements, d’agressions sexuelles et d’assassinat d’enfants.
Par Nacera Chenafi