Un Conseil interministériel se tiendra aujourd’hui pour examiner les moyens de juguler la forte hausse des prix de certains produits de large consommation enregistrée ces derniers jours, a annoncé hier le ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada.
Cette réunion se penchera notamment sur les textes d’application des lois relatives à la concurrence et aux pratiques commerciales, notamment l’aspect relatif à la définition des marges bénéficiaires des produits de large consommation, a précisé le ministre.
Un groupe de travail mixte regroupant les responsables du ministère et des représentants des producteurs et transformateurs des produits de large consommation a été également installé jeudi pour permettre à ces opérateurs de contribuer à la mise en oeuvre de ces textes, a indiqué M. Benbada.
Ces déclarations interviennent suite à la hausse subite et « importante » ces derniers jours de produits alimentaires de base, à l’origine de protestations enregistrées depuis mercredi.
Ainsi, les prix des produits de première nécessité tels que le sucre, l’huile, la farine et les céréales ont enregistré une « forte » augmentation, allant de 20 à 30% pour certaines de ces denrées, suivie de « rumeurs injustifiées » sur de prochaines hausses et pénuries. Cette augmentation s’inscrit dans une conjoncture internationale marquée par une flambée des cours des produits alimentaires de base sur les marchés internationaux. Les prix alimentaires mondiaux ont atteint un record absolu en décembre dernier, selon la FAO. L’indice des prix de 55 produits alimentaires de base a augmenté en décembre pour le sixième mois consécutif.
Le sucre, les céréales et les oléagineux sont particulièrement touchés par la hausse mondiale des prix.
Face à cette situation, le ministre a affirmé jeudi que ses services « commencent à maîtriser la crise », et « sa résolution sera visible dès la semaine prochaine ». Il a expliqué que ce problème est dû à la hausse mondiale des prix mais aussi aux nouvelles conditions d’approvisionnement en produits de large consommation imposées aux grossistes et détaillants. Selon des milieux proches des grossistes, les nouvelles mesures, à l’origine de cette déstabilisation du marché, portaient sur la fourniture par les détaillants (aux grossistes et transformateurs) de documents sur leurs activités, notamment le registre du commerce, l’achat par facture, et leurs comptes sociaux (bilan comptable), ainsi que l’utilisation du chèque pour les paiements de marchandises.
Les problèmes liés aux nouvelles conditions d’approvisionnement imposées aux grossistes « ont été résolus », a affirmé le ministre du Commerce, appelant les producteurs et importateurs d’huile et de sucre « à annuler » toutes ces conditions. aux grossistes « à l’origine » de la hausse des prix de ces deux produits. Par ailleurs, l’Office interprofessionnel des céréales (OAIC) a indiqué que la pénurie de farine sur le marché national ne devrait pas exister, puisque les enlèvements de blé tendre par les transformateurs ont augmenté substantiellement en 2010 par rapport à 2009. L’OAIC a distribué, en 2010, à tous les moulins environ 40 millions de quintaux de blé tendre contre 37,2 millions de quintaux en 2009. Cela a permis de satisfaire à 98% les besoins des meuniers et transformateurs. La pénurie de farine « n’est pas due à un manque de matière première, mais résulte des comportements de certains transformateurs qui ont vendu leur blé en l’état à des éleveurs pour l’alimentation de bétail », explique l’OAIC. Pour sa part, l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a plaidé jeudi en faveur d’un « plafonnement des prix des produits de large consommation », notamment pour le sucre et l’huile, dont les prix ont « fortement » augmenté au début du mois de janvier 2011.
Les différents intervenants et professionnels des filières agroalimentaires se sont engagés, lors d’une rencontre jeudi avec le ministre du Commerce, à assainir le plus rapidement la situation, en assurant l’approvisionnement du marché national tout en préservant le pouvoir d’achat du consommateur. Durant l’été dernier, deux lois sur les pratiques commerciales et la concurrence ont été adoptées en vue d’encadrer le marché, d’organiser les pratiques commerciales et de réprimer les fraudes.
A cet effet, le Président de la République, a mis l’accent, lors d’une réunion restreinte d’évaluation consacrée au secteur du commerce, sur le renforcement de l’outil de contrôle qui « devra demeurer une priorité pour le gouvernement appelé à mobiliser tous les moyens adéquats en faveur de l’amélioration de la qualité des biens et services mis sur le marché, à travers une lutte efficace et permanente contre les phénomènes de la fraude, la contrefaçon et les pratiques déloyales ».