Aux «irrégularités entachant le renouvellement des membres du bureau syndical» s’ajoute «une gestion douteuse» des œuvres sociales de l’entreprise. «Où va le produit des 1,5 % de nos salaires prélevés mensuellement ?» se sont écriés deux représentants des travailleurs en grève de la faim, dénonçant dans la foulée la non-application des dispositions pertinentes du règlement intérieur. Les deux parties en conflit se déclarent chacune plus représentative que l’autre. Affaire à suivre.
Un groupe de vingt-cinq travailleurs de l’Entreprise de transport urbain et suburbain (ETUSA) est en grève de la faim au niveau du siège de la direction générale à Mohamed-Ghermoul, à Alger, et ce depuis hier.
Le collectif des grévistes, qui affirme avoir le soutien de nombre de collègues, conteste la non-application des articles 10 et 12 du règlement intérieur par le bureau du syndicat d’entreprise affilié à l’Union général des travailleurs algériens (UGTA) lors du renouvellement de ses membres.
Le collectif fait circuler une pétition signée à ce jour par pas moins de 598 travailleurs (l’ETUSA compte 2 600 travailleurs), dont une copie a été adressée à l’inspection du Travail, au ministère des Transports et à l’UGTA et ses différentes structures concernées.
«Nous revendiquons l’application des articles 10 et 12 du règlement intérieur et nous demandons une commission d’enquête au niveau du département des affaires sociales et culturelles de l’entreprise», pestent Mohamed et Djamel, qui cumulent plusieurs années d’exercice au sein de l’ETUSA, au nom de tous leurs collègues.
«1,5 % de notre salaire est prélevé mensuellement. Nous ignorons où va cet argent», ajoutent-ils. Les travailleurs de l’ETUSA affirment qu’il y a un contraste entre l’embellie affichée ces dernières années par l’entreprise et son état réel.
«C’est un paradoxe flagrant. L’ETUSA court un déficit financier. Nous demandons une subvention financière adéquate de l’entreprise, en proportion avec son extension, des efforts consentis par la direction et les travailleurs», précisent-ils.
Par ailleurs, le collectif, qui mentionne des agissements anarchiques au sein de l’entreprise qui perdure depuis 20 ans, sollicite les pouvoirs publics afin d’intervenir pour «contrôler et mettre un terme aux agissements anarchiques qui se multiplient au sein de l’entreprise depuis 20 ans». Le collectif souligne en outre avoir épuisé toutes les voies de recours, avant de recourir à la grève de la faim.
«Aucun écho de la part de notre DG ni du ministère de tutelle. C’était prévu qu’il y ait une médiation entre l’ancien bureau et le groupe protestataire, mais rien de concret n’a été entrepris», précisent-ils. Ce qui, selon eux, renseigne sur «les manigances et les intrigues qui ont eu lieu».
Ce qui dénote de l’existence d’un conflit syndico-syndical.
Du côté de la direction générale, on ne perçoit pas les choses de la même manière. L’assistant du directeur général, M. Charef Mohamed Saïd, précise que «c’est eux qui refusent de rencontrer le syndicat. Leur façon de faire n’est pas correcte, ils perturbent le fonctionnement de l’entreprise».
Et d’ajouter : «Cinq sections syndicales, parmi les huit que compte l’ETUSA, sont renouvelées, les trois autres le seront prochainement. Et le taux de participation des travailleurs au renouvellement des représentants des sections est de 78 %. «Ce qui est significatif «. Les 33 représentants élus, pour les sections renouvelées, comptent 22 nouveaux représentants parmi lesquels on compte un seul gréviste de la faim», enchaîne-t-il.
Son collègue M. Boutebba Abid, SG du syndicat d’entreprise, souligne pour sa part que «les gens sont induits en erreur. Un seul est élu parmi le groupe des protestataires grévistes de la faim (15 se sont proposés à l’élection)». «Le règlement intérieur de l’UGTA a été appliqué à la lettre.
Quant au cumul de fonctions qu’il dénonce, c’est complètement faux», souligne-t-il.
Par ailleurs, les cinq sections syndicales nouvellement élues qualifient le groupe de grévistes de perturbateur, et le dénoncent à travers un communiqué. «Nous dénonçons les agissements de certains perturbateurs qui veulent déstabiliser l’entreprise, à des fins personnelles, ayant un esprit de vengeance», notent-ils, tout en appelant les travailleurs à être vigilants.
Ahmed K.