Pendant deux jours, les opérateurs économiques algériens et français — pas moins de 700 — auront à identifier les opportunités de partenariat mais, aussi, les sources de blocage pour donner un coup d’accélérateur à la coopération économique.
L’ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, estime que l’Algérie et la France ont un intérêt commun, celui de créer des postes d’emploi localement. “Nos deux peuples ont des revendications sociales communes.
Nous avons les mêmes besoins en termes d’emploi. Le défi politique auquel nous faisons face, c’est de créer au niveau local des emplois pour que les deux populations puissent trouver leur épanouissement chez elles”, a-t-il détaillé. Dans son allocution en ouverture du Forum de partenariat Algérie-France dont les travaux ont débuté, hier à Alger, Jean-Pierre Raffarin a parlé à demi-mot de la nécessité de mettre un terme à l’immigration massive des Algériens qu’enregistre son pays. C’est dans cette perspective sociale créatrice d’emplois, a-t-il expliqué, que s’inscrit, d’ailleurs, la méthode de travail suivie par un groupe d’experts pour l’étude des 12 dossiers de partenariat déjà identifiés.
M. Raffarin a mis l’accent sur la stratégie géopolitique partagée face à une compétition des continents et l’offensive des pays émergents qui réalisent une croissance importante. “L’Europe a besoin de l’Afrique et l’Afrique a besoin de l’Europe”, a-t-il affirmé, précisant le rôle des deux pays, chacun dans sa région respective. “Il ne peut y avoir un avenir pour l’Europe sans la France et il ne peut y avoir un avenir pour l’Afrique sans l’Algérie”, a ajouté M. Raffarin. D’où la nécessité de renforcer davantage les relations politique et économique entre les deux pays. Cette rencontre de deux jours, qui a regroupé quelque
700 PME dont près de 500 algériennes et près de 200 françaises, est, selon M. Pierre Lellouche, secrétaire d’État au Commerce français, “une très grande première”. Pour lui, “jamais un tel événement n’a été organisé”.
Ce qui atteste, a-t-il précisé, de la “relation de cœur profonde et la solidarité qui lie les deux pays en dépit de toutes les difficultés et de ce que l’on peut entendre çà et là”. Confirmant la rude concurrence qui caractérise le marché algérien, le secrétaire
d’État français a avoué que notre pays n’est plus cette chasse gardée de la France. Pis, l’Hexagone a subi, a-t-il reconnu, une véritable érosion de ses parts de marché qui ont connu une chute de 25%, il y a quelques années de cela, à 15% actuellement. Les firmes françaises doivent désormais composer dans leur reconquête du marché algérien avec leurs concurrentes “chinoises, coréennes et turques”, a relevé M. Lellouche.
La France perd plus de 10% de parts du marché algérien
Une chose est certaine, l’Algérie dispose, aux yeux du secrétaire d’État, de tous les atouts pour devenir le premier grand marché d’Afrique du Nord. Elle a besoin, néanmoins, de sécurité, d’un cadre législatif et réglementaire stable, et d’une visibilité plus claire pour attirer au mieux les investissements directs étrangers. Le plan quinquennal 2009-2014 auquel l’État a consacré une enveloppe de 280 milliards de dollars, soit une consommation annuelle de 35% du produit intérieur brut (PIB), semble intéresser également et à plus d’un titre les Français. Les gros projets structurants prévus par ce programme présidentiel suscitent, en effet, leur enthousiasme. Pour cela, ils n’hésitent pas à afficher leur bonne et ferme volonté d’accompagner l’Algérie dans son processus de construction d’une économie forte et productive à travers un partenariat gagnant-gagnant.
“Ceux qui regardent dans le rétroviseur se trompent de direction”, a ironisé M. Lellouche pour dire qu’une nouvelle page des relations bilatérales s’ouvre. Malgré cette baisse de ses parts de marché, la France demeure le premier fournisseur de l’Algérie avec 6 milliards de dollars. Elle est aussi son quatrième client avec 4,5 milliards de dollars en 2010, selon les chiffres des Douanes algériennes. Les statistiques d’Ubifrance, avancées lors de ce forum, évaluent les IDE français en Algérie, concentrés dans les secteurs financier, agroalimentaire, automobile et pharmaceutique, à 2,5 milliards d’euros dont un dixième dans des secteurs hors hydrocarbures. Ce qui fait de la France le premier investisseur étranger hors hydrocarbures en Algérie et le deuxième tous secteurs confondus, derrière les USA. Dans le cadre de la mise en œuvre de ce partenariat, les 12 dossiers identifiés ont été réglés, a noté Pierre Lellouche, à 90%. Il reste deux accords de partenariat dans les domaines de l’industrie du verre et des assurances dont la signature est programmée lors de cette rencontre. Il s’agit de l’accord entre l’assureur français Axa et Fni-Bea (Banque extérieure d’Algérie). L’autre projet concerne le groupe verrier français Saint-Gobain avec l’entreprise algérienne Alver.
Les 12 dossiers identifiés réglés
De son côté, Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, qui a coprésidé ce forum avec M. Raffarin, a rappelé que l’Algérie aspire à devenir un membre actif du système économique et commercial mondial. Notre pays prône, a-t-il insisté, une politique qui garantit une viabilité à l’économie.
La forte participation d’entreprises algériennes et françaises à ce forum est, d’après lui, “un signal positif quant aux perspectives de développement de la coopération entre les opérateurs des deux pays”.
Pour lui, la méthode d’accompagnement des projets d’investissement mise en place par l’Algérie et la France en septembre 2010 pour faire avancer les dossiers économiques s’est avérée, a-t-il souligné, efficace et payante pour l’aboutissement de quelques projets. Par ailleurs, le programme arrêté pour ce forum prévoit des ateliers sur “Les partenariats publics-privés”, “La formation et le transfert de savoir-faire” et “Les innovations en Algérie”. Au cours de ces ateliers, les artisans des success stories algériennes et françaises (ceux qui ont réussi leur joint-venture en Algérie) dans des secteurs comme l’eau, le transport, le ciment, les assurances, les banques, la formation, les énergies renouvelables et les industries agroalimentaires présenteront leur expérience.
Près de 4 500 rendez-vous d’affaires entre des chefs d’entreprise algériens et français sont, faut-il le rappeler, prévus lors de ce forum. Le ministre de l’Industrie a assuré que toutes les opportunités des affaires qui seront identifiées lors de la rencontre seront bien suivies par le gouvernement algérien. C’était en septembre 2010 que l’Algérie et la France avaient, pour rappel, jugé utile de créer un comité ayant pour mission de relancer la coopération économique entre les deux pays et faire avancer certains dossiers d’investissement stratégiques. Ce groupe de travail composé de représentants des deux pays a, à ce propos, pris en charge plusieurs dossiers d’investissement français en Algérie