Le vol Alger-Doha, en ce lundi printanier est un signe patent à destination d’un pays cosmopolite : le Qatar, Le pays du gaz, du pétrole, de la dichdacha, goutra et ghafaida (l’accoutrement traditionnel), de la fameuse chaîne TV satellitaire Al Jazeera, de Qatar Airways, des sommets arabes et il ambitionne d’accueillir les JO de 2016.
La preuve ! Les passagers de ce vol Alger-Doha de la Qatar Airways sont majoritairement asiatiques, des Chinois,(l’Asie n’est pas mineure en Algérie mais plutôt majeure) et les algériens se comptent sur les doigts d’une main. Le pilote est européen, les hôtesses de l’air sont chinoises et indiennes et le voisin du siège d’à côté est iranien. A l’arrivé à l’aéroport de Doha, au pied de l’avion, le guide est une autre chinoise, le chauffeur de taxi est philippin, le réceptionniste de l’hôtel est algérien, le groom est nigérian, la caissière srilankaise et la touriste vous demandant un enseignement, est libano-britannique. Bienvenue au royaume arabe du Qatar ! Un pays se voulant être le giron d’un brassage ostentatoirement « espérantiste », mais où l’on s’exprime beaucoup plus en anglais que dans la langue d’El Moutanabi. Le Qatar compte une population de l’ordre de plus de 1, 5 d’habitants dont 80% sont des expatriés et 50% sont concentrés à Doha. Dawlat Qatar(en arabe) est devenue un Eldorado, voire une terre promise pour les éminences grises, les spin doctors(les meilleurs conseillers et experts anglosaxons et arabes) et surtout pour une main- d’oeuvre massive et exponentielle provenant particulièrement d’Inde, du sous-continent Indien, des Philippines, Indonésie, Malaisie, Thaillande, Soudan, ainsi que pour les pays arabes à savoir le Maghreb, l’Egypte, la Jordanie, le Yémen et ceux Anglo-saxons dans le secteur tertiaire.
L’île de la tentation…
La communauté algérienne établie au Qatar s’élève à 2.000, exerçant dans la technologie de pointe, les hydrocarbures, l’informatique, les médias-une forte diaspora de journalistes à l’instar de l’égérie médiatique d’Al Jazeera, Khadidja Benguenna, Leila Smati, Habib Benali, Madani Ameur pour ne citer que ceux-la( les salaires osscillent entre 3 500 dollars à 15 000 dollars par mois).- Dans le domaine sportif, Rabah Madjer, l’ex-star du football algérien est aussi consultant à Al-Jazeera et il a été aussi le directeur de campagne électorale du président Abdellaziz Bouteflika au Qatar. Ainsi que dans le secteur tertiaire, à l’image du jeune Mahfoud, 30 ans, originaire d’Alger, qui est réceptionniste à l’hôtel Ritz-Carlton de Doha. Il réside au Qatar depuis deux ans et il s’y plait. Ayant travaillé dans l’administration, l’hôtellerie notamment à l’hôtel Sheraton d’Alger, il tentera l’aventure sous d’autre cieux. Car sous payé. « Pour moi, travailler dans les pays du Golfe, c’est un plus. Je suis mieux payé. En tout cas mieux qu’en Algérie. Je suis logé, j’ai une carte de sécurité sociale, le transport est assuré et on m’offre un voyage payé par la direction tous les deux ans. C’est moins de frais pour moi. Une aubaine ! Vous savez, ici, le loyer est exorbitant. Et surtout à West Bay(la baie ouest de Doha). Le seul désavantage, c’est qu’on travaille six jours sur sept. Et puis, ici, il n’y a pas de notion de temps. On ne voit pas, comme à Alger, ces dames revenir du marché avec leurs couffins à 10h du matin ou bien la sortie des écoliers à midi. Je me sens vivre dans un grand village urbain et vide. A Doha, on ne peut pas marcher. Tout est couvert.
Le City Center(centre commercial) en est la preuve. Chaque été, je passe mes vacances en famille à Alger. Histoire de me ressourcer. Cependant, par rapport aux expatriés, je suis bien loti gràce à Dieu. La main d’oeuvre indienne est exploitée et sous-payée. Un drame ! D’autres originaires des Philippines, Népal ou du Srilanka s’adaptent en devenant « taxi driver » clandestin. Le taxi, ici, revient très cher… », nous confiera Mahfoud, ravi de rencontrer un compatriote venant du « bled », quoi ! Doha, une contrée, une péninsule, un port, une porte, une tête de pont d’un pays arabe et une cité insulaire respirant et transpirant un air pour ne pas dire une vague de fraicheur. Il y fait bon vivre ! Le Qatar, vraisemblablement ne connait pas la crise(financière mondiale). Et pour cause ! Doha, et sa baie d’émeraude, aspire à être une sorte de « Manhattan » local.
Folie de la…grandeur nature
Doha est un immense chantier à ciel ouvert… à gratte-ciel ouvert ! Les tours culminent et rivalisent en hauteur. Une frénésie architecturale ambiante, flagrante et ostentatoire dans les Emirats arabes. Cela n’est pas propre uniquement qu’au Qatar. Le projet ambitieux du port « futuriste » de Villamar et le centre-ville Downtown Areen de Manama (Bahrein) en est une preuve évidente. C’est à qui mieux mieux ! Doha, en pleine expansion et extension, voit grand pour ne pas dire…grandeur nature. Une opulence générée par un atout énergétique majeur : l’exportation exponentielle d’hydrocarbures. Et puis un autre adjuvent : le Qatar est l’une des réserves de gaz naturel importante dans le monde après la Russie et l’Iran. Ses réserves sont estimées à plus de 25.000 milliards de m3(Qatar a inauguré récemment un complexe gazier, celui de Qatargas 2, d’un coût de 13,2 milliards de dollars dont la production est destinée principalement à la Grande-Bretagne). Le Qatar table sur une hausse de sa capacité de production de gaz naturel liquéfié (GNL) à 77 millions de tonnes en 2010 et ce, pour devenir le premier producteur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL), principal fournisseur des Etats-Unis, de l’Europe occidentale et de l’Asie (Japon, Corée, Inde) et aussi le premier producteur du Gas to Liquid (GTL que l’on retrouve dans le diesel, le naphte et les lubrifiants). C’est que le Qatar montre et démontre une bonne santé financière.
Ainsi, l’économie de ce pays du Golfe a enregistré une solide croissance en 2008, bien sûr, grâce à la production industrielle de son gaz. Une croissance conséquente avoisinnant les 18%. Une « immunité » résistant à la crise financière mondiale. Du coup, le PIB(produit intérieur brut) a atteint atteint 102 milliards dollars en 2008 contre 70 milliards dollars en 2007. Cependant, pour cette année, la croissance proprement dite est revue à la baisse (jusqu’à 9%). Ainsi, parmi les projets en chantier de cette ville plate, marine, tentaculaire, spacieuse, et asceptisée et pas du tout bruyante, figure celui du nouvel aéroport de Doha (appelé, ici, New Doha International Airport), ambitionnant la capacité de…50 millions de passagers en 2015. La première phase de réalisation de cet aéroport d’envergure est dotée d’une enveloppe financière de 1,9 milliard d’euros. Une nouvelle structure aéroportuaire, accueillant les gros porteurs (Airbus A380), présentant une plateforme de 22km , deux pistes parallèles(4,250 km et 4,850 km), un terminal de trois étages….Ou encore les tours jumelles de 34 étages en forme de…lego du Lagoon Plaza et l’île artificielle The Pearl-Qatar dont toute la ville en parle. Des panneaux publicitaires géants annoncent cet événement aux quatre coins de Doha.
Ne tirez pas sur les journalistes !
Côté news du Qatar, en matière de consommation, il y quelques jours, le gouvernement vient de mettre en place un mécanisme de régulation des prix de tous les produits.Toute révision des prix des produits de consommation(alimentaire, agricole, industrielle..) doit être soumise à l’approbation du ministère du Commerce. Aussi, le distributeur concerné doit justifier le besoin de révision des prix selon le cadre de référence établi par le Gouvernement. De front, le Qatar a tiré la sonnette d’alarme quant à la fuite des cadres et autres compétences du secteur énergétique. Un « exode » technologique jugé comme une menace pour l’expansion des projets nationaux et internationaux. Par ailleurs, le quotidien qatarie Gulf-Times, d’expression anglaise, dans un éditorial assez au vitriol, dénonce une loi jugée sélérate et inepte promulguée dans les Emirats arabes unis. C’est celle, contre toute attente, à destination des…journalistes. Une amende de l’ordre de 5 millions de dirhams(1,4 million de dollars) infilgé à tout journaliste « écrivant » n’importe quelle chose négative ou portant atteinte aux gouvernements des sept Emirats en matière d’économie ou « altérant » les relations amicales entre ces pays. Cette nouvelle loi a aussitôt été condamnée par Human Rights Watch. Car il s’agit d’une restriction et voire d’une répression flagrante et antinomique de la liberté d’expression aux Emirats arabes unis. Aux dernières nouvelles, le Qatar a déposé sa candidature pour être l’hôte des…Jeux olympiques de 2016. C’est dire de l’ambition d’un petit pays qui a tout d’un grand ! Et il le vaut bien !