La pomme de terre a renoué avec la poêle pour les frites et la marmite pour les mets que les algériens affectionnent, mais la tomate rien n’y fait. Même le petit calibre est toujours perché sur les 100 dinars.
Dans certains marchés de la capitale, elle a atteint les 170 dinars dépassant la banane et autres fruits inaccessibles pour les petites bourses. Fini la chorba rouge et les pâtes avec les sauces tomates. Fini les mets où la tomate est indispensable. Les ménagères ont opté pour les sauces blanches en attendant des jours meilleurs.
Pourquoi cette hausse de prix de ce produit, incontournable de la gastronomie, qui a laissé plus d’un perplexe. Un revendeur au niveau du marché Ahmed-Bouzrina explique que cette hausse est fonction de l’offre et la demande. « Au marché de gros, elle est cédée entre 90 et 100 dinars », dira-t-il. Un autre revendeur ajoutera que beaucoup d’agriculteurs ont délaissé la culture de ce légume car le prix de la semence a augmenté. Un père de famille qui a suivi cette conversation affirmera que ce légume change plusieurs fois de mains en un temps record avant d’être vendu sur les étals des marchés, et c’est ce qui explique, actuellement, son prix prohibitif. « Heureusement que tout a une fin, regardez la pomme de terre, elle a été cédée, il n’y a pas longtemps à 120 dinars et maintenant, elle est proposée à 40 dinars et son prix va encore baisser. La tomate, elle aussi, connaîtra une décroissance du prix avec la récolte prochaine », a-t-il commenté. Concernant la version de la l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), elle impute la hausse vertigineuse de la tomate, en premier lieu, à la baisse de l’offre et en second lieu au botrytis, un genre de champignon qui a affecté plus de 30% de la production.
Selon un responsable au niveau du ministère de l’Agriculture et du développement rural, il ne faut pas voir les prix dans les marchés de la capitale du fait qu’ils ne sont pas référentiels. « Il faut calculer le prix moyen en prenant en compte ceux pratiqués au Nord, au Sud à l’Est et à l’Ouest. « Par exemple, la tomate à Djelfa est cédée à 50 dinars alors qu’à Alger, elle est proposée à 120 dinars. » Pour ce responsable, la filière tomate est en train de s’organiser. Il citera les années 70 et 80 où la tomate et autres légumes ne se consommaient pas hors de leur saison. Il prend exemple de l’aubergine et du poivron qui sont consommés, actuellement, durant toute l’année grâce aux techniques de la culture protégée (les serres).

Pour le directeur général de l’Office national des fruits, légumes et viandes (ONFLEV), il ne faut pas s’intéresser au prix de ce produit mais à tous les acteurs de la filière tomate. « Du producteur, en passant par les transporteurs, les marchés de gros, les différents services qui doivent intervenir ainsi que l’accompagnement de l’Etat, les associations de consommateurs, tout ce monde doit adhérer pour faire en sorte que ce légume stratégique ne connaîtra pas un prix prohibitif » a-t-il indiqué. Par ailleurs, ce même responsable explique que la tomate actuelle tend vers la fin de production et dans quelques jours c’est la tomate de plein champ, qui est en phase de maturité, qui sera mise sur le marché avec un prix abordable. Encore une fois, le directeur général met l’accent sur la nécessité d’organiser la filière de la tomate au même titre que la pomme de terre et les céréales.
Rabéa F.