MADRID – Un cadre mondial « adéquat » est « nécessaire » pour mettre fin au blasphème, a indiqué samedi au journal espagnol El Pais le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui vient d’achever une brève visite en Espagne.
Interrogé par le journal ibérique sur les attaques contre les représentations diplomatiques des Etats-Unis dans certains pays arabes, M. Medelci a estimé que le film, qui porte atteinte à l’image du prophète Mohamed (QSSSL), était « une initiative, une de plus qui porte atteinte à une religion », condamnant toutefois l’attaque de Benghazi et celles intervenues dans d’autres pays.
« Est-ce que notre système de gouvernance mondiale possède des moyens pour mettre fin au blasphème ? Je crains que non », a-t-il soutenu, soulignant la nécessité d’un effort en matière de gouvernance mondiale pour élaborer un cadre juridique « adéquat » qui puisse mettre fin « à ces situations ».
Pour lui, il est « intolérable » qu’au nom de la liberté d’expression, certains veuillent « réduire en miettes » les convictions religieuses.
Au sujet de l’ assassinat de l’ambassadeur américain et trois autres fonctionnaires en Libye, M. Medelci a estimé qu’il était difficile, en Libye, de « se mettre à l’abri d’une attaque terroriste », relevant que dans ce pays pays, les armes circulent « avec facilité ».
Il a rappelé, à cet égard, que l’Algérie « n’a cessé d’attirer l’attention sur le fait que la chute de l’ancien régime de (Mammar el-Gueddafi), allait aggraver le terrorisme dans la région ».
Il a souligné que, pour d’autres pays, qui « n’ont pas suffisamment évalué ces effets collatéraux », la priorité était de « promouvoir le changement de régime ».
Cette situation, a-t-il expliqué, avait induit le développement des capacités des terroristes qui « ont profité de la guerre de Libye, ce qui leur a permis de s’alimenter en armes ». Au sujet de « l’incapacité » des pays de la région à juguler la menace terroriste, en dépit de la création du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC ) à Tamanrasset (sud d’Alger), le chef de la diplomatie algérienne a imputé cette situation aux « effets collatéraux » de la crise libyenne.
« Cela n’a pas servi, car la menace terroriste nous a débordés puisque nous l’avons évaluée à 10, alors qu’elle était de 100. Nous ne sommes pas responsables de l’erreur. Cela résulte des effets collatéraux de la crise libyenne », a-t-il expliqué.
Concernant le sort du vice-consul algérien, Tahar Touati, annoncé pour mort par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), M. Medelci a fait savoir que l’Algérie n’avait pas « achevé ses investigations sur l’assassinat ».
« Nous n’avons pas achevé nos investigations sur l’assassinat. Il n’est pas facile de les faire. L’Algérie est, depuis le premier jour, contre le terrorisme. Nous sommes en première ligne, mais nous ne voulons pas être seuls », a-t-il indiqué.
« Nous avons demandé à nos partenaires africains et européens de renforcer la coopération dans trois secteurs : le renseignement, la formation antiterroriste et l’approvisionnement en matériel spécial », a-t-il ajouté.
Pour M. Medelci, « personne ne peut tirer profit du développement du terrorisme. L’Espagne, qui se trouve relativement éloignée du fief terroriste du Sahel, l’a compris. Ceux qui sont encore plus près, le comprendront mieux ».
« Je voudrais mettre en exergue ce qui est positif. En juillet, nous avons convoqué à Alger, à notre propre initiative, la première réunion des ministres des Affaires étrangères du Maghreb arabe sur la sécurité. A partir de là, nous passons à la coopération opérationnelle », a-t-il dit.